L'Administration est le canal par excellence pour la transmission des politiques publiques. Toutefois, sa taille, sa méthode, son coût économique et sa productivité suscitent des interrogations quant à son présent et, surtout, à son avenir. La quête de l'équilibre entre les recettes et les dépenses publiques est toujours d'actualité. L'Administration au Maroc est surpeuplée et peu productive. Un constat élucidé par les chiffres : à fin 2015, elle disposait d'un effectif de 585. 500 fonctionnaires, soit une hausse de 1,4% au cours des huit dernières années. Les chiffres publiés par l'Observatoire de conjoncture montrent que l'Administration coûte annuellement près de 195 milliards de DH contre 110 Mds DH en 2007. Son coût a ainsi enregistré une hausse annuelle moyenne de 7,4%. Le coût mensuel par fonctionnaire est de 28.000 DH en 2015 contre 17.500 DH en 2007, soit une hausse de 60%. Les chiffres inquiètent Les dépenses de fonctionnement de l'Administration représentaient 81% des recettes fiscales en 2007. En 2015, ces mêmes dépenses sont passées à 106% des recettes fiscales. Des hausses qui interpellent, surtout face à un rendement qui laisse à désirer. Rappelons qu'en 2005, l'Etat marocain avait pris la résolution de «dégraisser» un secteur public pléthorique, et stabiliser une masse salariale en hausse constante, qui se développait annuellement de 2,5% à 3%. En dépit des efforts déployés, l'Administration ne parvient toujours pas à changer son mode de fonctionnement. Elle fait encore l'objet de toutes les critiques sur non seulement son efficacité, mais surtout sur sa taille et ses dépenses. En présidant l'ouverture de la première session parlementaire de la nouvelle législature, le Souverain a consacré l'essentiel de son discours aux tares de l'Administration publique. Le Roi a également critiqué le manque d'efficacité du travail des Administrations publiques et le trop grand nombre de fonctionnaires qui y travaillent. «Les Administrations et les services publics accusent de nombreuses carences relatives à la faible performance et à la qualité des prestations qu'ils fournissent aux citoyens. Ils pâtissent également de la pléthore des effectifs, du manque de compétence et de l'absence du sens de responsabilité chez de nombreux fonctionnaires» a-t-il déploré. Des propos qui ont été corroborés par le dernier rapport de la Banque mondiale. Le rapport «Doing businness» 2017 de la BM sur le climat des affaires a révélé à son tour plusieurs insuffisances imputables à l'Administration. Des insuffisances qui bloquent la bonne marche des affaires et rendent l'environnement de l'entreprise très électrique. Ce rapport donne au Maroc un score de 67,5 contre 87,01 pour le premier pays, en l'occurrence la Nouvelle Zélande. De l'avis des analystes de l'Observatoire de conjoncture, «la comparaison entre le score du Maroc et celui du premier pays classé par ce rapport montre que les possibilités d'amélioration sont possibles et faisables sur une durée raisonnable (1 à 2 ans au maximum)». Quels que soient le modèle de développement et le mode de gouvernance, toute entreprise a besoin de l'Administration pour évoluer et pour, qu'à son tour, elle puisse contribuer au développement du pays. Mieux encore, elle a besoin d'une Administration professionnelle, réactive et partenaire. Une Administration à l'écoute de son environnement. Une Administration efficace et moins budgétivore dont les rôles doivent être bien définis et adaptés à la réalité d'une économie de marché. Depuis que le Souverain a attiré l'attention sur le manque d'efficacité de l'administration publique, qu'est-ce qui a été pris comme initiative ? Rien, si ce n'est la tournée à travers les différentes villes de Driss Merroun, ministre chargé de la Fonction publique et de la Modernisation de l'administration, pour sensibiliser les fonctionnaires sur les enjeux de la bonne gouvernance. Le Maroc se trouve face à un grand dilemme : réduire les dépenses de fonctionnement tout en améliorant l'efficacité de son Administration. A ce titre, des pistes de réforme sont à lancer le plus tôt possible. Par S. E. Ce que préconisent les conjoncturistes Réglementation, procédures et normes : l'entreprise a besoin de procédures souples, moins nombreuses, moins contraignantes, moins coûteuses et transparentes. L'amélioration de l'efficacité de l'administration passe par des réformes profondes sur son mode de gouvernance. Le mode actuel ne repose pas sur le principe de résultat ni de la responsabilisation totale. La mise en place de procédures plus efficaces et transparentes dans la nomination des hauts responsables de l'administration. Le redéploiement des effectifs dans une optique d'optimisation des coûts tout en maximisant l'efficacité. La dématérialisation des procédures et notamment des autorisations.