L'utilisation des engrais est très répandue dans les exploitations modernes, mais reste limitée dans les traditionnelles. Le manque de savoir-faire des fellahs et le coût des produits limitent leur généralisation. Après le démarrage de la campagne agricole (qui a débuté au mois d'octobre et se termine au mois de décembre pour les céréales d'automne), les fellahs profitent du climat ensoleillé de ces derniers temps pour procéder aux différentes opérations de fertilisation. C'est un processus important pour augmenter la productivité des cultures. Les plantes prélèvent les éléments minéraux du sol pour produire les composants organiques. Il est établi que plusieurs éléments sont nécessaires pour le fonctionnement normal de la machine biochimique de la plante. L'utilisation des engrais est très répandue dans les exploitations modernes à forte valeur ajoutée, notamment les fruits et légumes et les arbres frutiers, mais reste limitée dans les cultures vivrières basées essentiellement sur la céréaliculture et les légumineuses. Bien que le Maroc soit le plus grand producteur mondial de phosphate et dérivés, l'utilisation de ces produits reste largement inférieure à la moyenne mondiale. «Plusieurs exploitants n'ont pas pu encore s'inscrire dans l'agriculture moderne, vu leur niveau d'instruction et aussi leur faible pouvoir d'achat qui ne leur permet pas d'investir dans les engrais. Il faut préciser que la fertilisation est un savoir-faire et nécessite un minimum d'expertise», souligne Abderrahim Mouhajir, ingénieur agronome. Et d'ajouter, «Chaque exploitant est tenu de faire l'analyse du sol de ses terrains pour connaître les besoins exacts nutritifs sur les terroirs qui diffèrent d'une région à une autre. L'utilisation des engrais doit se faire en adéquation avec les besoins du sol et de la culture. Par exemple, la dose prescrite en azote pour les céréales n'est pas la même pour les primeurs, celle recommandée pour une terre irriguée est différente de celle d'une terre bour. Car, une overdose ou une mauvaise manipulation de ces produits risque d'avoir des effets secondaires sur les plantes». En effet, l'analyse de la situation actuelle en matière d'utilisation des engrais montre une sous-utilisation par rapport aux besoins et une faible rationalisation de la fertilisation. Seule la moitié des exploitations agricoles utilise des engrais. Les apports en éléments nutritifs ne sont que de 45 unités fertilisantes par hectare, couvrant 33% des besoins. Le faible niveau d'utilisation des engrais se traduit non seulement par une perte de rendement, mais aussi par un appauvrissement continu des sols marocains en éléments nutritifs. Cette situation est liée notamment au renchérissement du coût des engrais non compensé par l'évolution des prix à la production. Cela conduit à une réduction des marges nettes à l'hectare, compromettant ainsi la rentabilité des cultures et entraînant un sous-investissement chronique. Par C. Jaidani La caravane de vulgarisation de l'OCP Le Groupe OCP a procédé à un vaste programme pour vulgariser la fertilisation. Il lance annuellement une campagne qui sillonne les 7 régions agricoles du Royaume. Il propose non seulement des produits mais aussi des solutions. Soucieux de préserver l'environnement, l'Office défend la pratique de l'agriculture raisonnée, à travers la formule «la bonne dose d'engrais, au bon endroit, au bon moment». Il s'agit d'éliminer l'effet potentiellement néfaste des engrais, y compris phosphatés. Fellah online : Le petit fellah Plus de 85% des exploitations agricoles au Maroc sont classées petites. D'une superficie de moins de 5 hectares, elles sont implantées dans le bour et dédiées le plus souvent à des cultures traditionnelles et vivrières. Généralement, ces parcelles de terre assurent à leurs propriétaires de quoi subsister. Mais en périodes de sécheresse, c'est la catastrophe. Solidarité oblige, les membres de la famille rurale s'entraident et plusieurs s'adonnent à d'autres activités qui ne sont pas nécessairement agricoles comme le commerce, le bâtiment ou autres. Face à ces aléas, l'exode rural devrait se poursuivre tant que les conditions de vie dans les campagnes ne sont pas attractives et que la ville demeure attrayante, surtout pour les nouvelles générations. Toutefois, des fellahs surtout les personnes âgées restent attachés à leurs terres quelles que soient les circonstances. Le Plan Maroc Vert a certes prévu tout un programme pour accompagner les petits fellahs, mais il reste insuffisant pour la promotion de ces personnes. Il est question de lancer une vision de développement en profondeur qui fait appel pratiquement à plusieurs départements ministériels et autres acteurs nationaux et étrangers. Toute stratégie sera vouée à l'échec tant qu'elle ne prendra pas en considération l'émancipation de l'élément humain.