Bon nombre d'indicateurs macroéconomiques du pays sont au vert. Ce dont se réjouissent les experts du Fonds monétaire international qui, par ailleurs, estiment que le Dirham est à son niveau d'équilibre et qu'un régime de change plus flexible à terme aurait peu de conséquences sur la dépréciation de la monnaie nationale. Le chef de la mission de consultation du Fonds monétaire international (FMI) au Maroc, Nicolas Blancher, s'est montré dithyrambique récemment à l'égard des réformes initiées par le Maroc sur le plan macroéconomique. La récente refonte du régime des retraites et l'évolution des finances publiques jusqu'à fin septembre 2016, en adéquation avec l'objectif d'un déficit budgétaire de 3,5% du PIB en 2016, ont été saluées par la mission du FMI. Entouré de son état-major composé d'économistes, Nicolas Blancher s'est prêté au jeu des questions-réponses devant un parterre de journalistes au cours d'une rencontre organisée au ministère de l'Economie et des Finances à Rabat. Le profil de la croissance, l'opportunité de la réforme consistant à rendre davantage flexible le régime de change, le marché du travail, la supervision bancaire et la solidité des banques commerciales ont littéralement dominé les échanges. Cela dit, les experts de la mission de consultation du FMI au Maroc, qui s'est terminée le 16 novembre 2016, restent formels. Ils estiment que l'économie nationale a bénéficié de la poursuite d'une gestion macroéconomique prudente et de réformes structurelles, ainsi que d'une évolution favorable du prix du baril de pétrole. A cela, faudrait-il ajouter que la diversification de l'économie et les efforts déployés en matière de maîtrise budgétaire ont été salutaires à maints égards. Cela dit, le tableau est loin d'être parfait. D'où la nécessité d'accélérer les réformes ambitieuses dans l'optique de doper la croissance, tout en réduisant le chômage des jeunes et des femmes. Rappelons que les prévisions du FMI pour l'année 2016 tablent sur un faible taux de croissance oscillant entre 1 et 2% du PIB) et ce, en raison d'une faible pluviométrie, qui a négativement impacté la campagne céréalière. L'augmentation des gains de productivité, l'amélioration du fonctionnement du marché du travail et du système éducatif ainsi que l'assainissement du climat des affaires sont considérés par les experts de l'institution de Bretton Woods comme des axes prioritaires. De plus, ceux-ci n'ont pas manqué de souligner l'impératif à moyen terme de rendre le système fiscal national plus juste et plus efficient grâce à l'élargissement de l'assiette et la lutte contre la fraude. Il n'y a pas péril en la demeure Si une partie de l'opinion publique et certains experts s'alarment en dénonçant le niveau élevé de l'endettement public, les hommes du FMI estiment, pour leur part, que celui-ci est soutenable, même si une meilleure maîtrise permettrait d'accroître les marges de manœuvre budgétaire. Interpellé par nos soins sur le chronogramme et l'opportunité d'une mise en place d'un régime de change plus flexible, la réponse de Nicolas Blancher a eu le mérite d'être édifiante. «A long terme, le Maroc pourrait bénéficier d'un régime de change plus flexible qui lui permettra d'être mieux intégré à l'économie mondiale, et ce par la préservation de la compétitivité et le renforcement de la capacité d'absorption des chocs extérieurs», précise-t-il. Et d'ajouter : «Contrairement à d'autres pays, le Maroc n'est pas sous pression, car le Dirham est quasiment à un niveau d'équilibre et le problème de compétitivité ne se pose pas avec acuité actuellement». Le parallèle qu'il y a lieu de faire est avec l'Egypte, qui a opté pour un régime de change flexible dans des conditions peu optimales, avec des réserves de change peu conséquentes. Résultat des courses, la Livre égyptienne s'est considérablement dépréciée. Notons tout de même que le Royaume enregistre ces dernières années une hausse continue des réserves de change qui ont atteint l'équivalent de 6,8 mois d'importation. Ce qui le met dans une bonne posture pour mener à bien la transition vers un régime de change plus flexible. L'autre atout du pays pour la réussite de cette réforme est la faiblesse des créances en devises et la solidité du système bancaire peu exposé, indirectement, aux risques de change à travers ses clients. Un secteur financier suffisamment capitalisé La mission de consultation du FMI a émis une appréciation favorable sur le secteur financier qu'elle juge suffisamment capitalisé, avec des risques mineurs pesant sur la stabilisation financière. Notons tout de même que si les créances en souffrance ont augmenté ces dernières années, les banques ont fait des efforts afin de mieux les provisionner. Blancher a toutefois souligné l'intérêt d'accorder une attention particulière aux risques liés à l'expansion des banques marocaines en Afrique. D'ailleurs, l'amélioration du contrôle bancaire et le renforcement de la collaboration transfrontalière entre Bank Al-Maghrib (BAM) et les superviseurs locaux sont de bon augure. Cela dit, il subsiste des risques inhérents à la concentration des crédits. M. Diao Qu'en est-il de la Ligne de précaution de liquidité ? Le Conseil d'administration du FMI avait approuvé en juillet 2016 un accord de deux ans en faveur du Royaume au titre de la Ligne de précaution de liquidité (LPL) pour un montant de 3,47 Mds de dollars. A en croire Blancher, l'opportunité pour le Maroc de conserver une telle ligne ne fait pas de doute, puisque celle-ci lui permettrait de faire face aux risques extérieurs qui restent encore élevés. Pour rappel, la LPL sert de soutien financier, notamment les besoins inhérents à la balance des paiements des pays s'inscrivant dans une bonne trajectoire de réformes économiques.