En ce matin du 6 novembre, je pris la décision de me rendre à Marrakech. Ce n'était pas pour aller m'imprégner de l'ambiance particulière qu'il y a d'habitude à la place Jemaa el-Fna, encore moins pour déambuler dans la fameuse Palmeraie que j'ai choisi de m'y rendre le jour de la Marche Verte. Non, je voulais découvrir le nouveau visage de la ville qui accueille la COP22, cette grande retrouvaille entre bons copains écolos. Pour ce voyage quelque peu spécial, je me suis drapé d'une conscience verte cosmétique, histoire de mieux m'imprégner des enjeux de cet événement planétaire. J'ai donc pris le train, épargnant ainsi notre très chère terre des échappements nauséabonds de mon vieux tacot. Le train, paraît-il que c'est moins polluant. Ce n'est pas moi qui le dit, mais le patron de l'Office national des chemins de fer. Selon lui, le niveau d'émission de CO2 du rail a atteint 0,47% des émissions globales de gaz à effet de serre du Maroc et 2,6% des émissions du secteur du transport. Ce niveau, appliqué au passager par kilomètre, est 7 fois inférieur à celui de la voiture, 6 fois à celui de l'autocar, 2 fois à celui du tramway et 25 fois à celui de l'avion, fait-il savoir. Je me fie à son expertise. Me voilà donc à Marrakech, ville verte pour la circonstance, mais naturellement ocre. Le gigantisme de la COP22 se mesure à la superficie du site qui l'accueille, le village Bab Ighli : 55 tentes montées sur une surface globale 300.000 m2 où vont se côtoyer 20.000 délégués de 196 pays. Je me dirige alors vers la zone bleue, mon accréditation bien en vue. Erreur fatale. Je reçus une véritable volée de bois vert de la part d'un agent de sécurité, loin d'être aussi sympa que le fameux bonhomme vert. Cette zone est réservée aux officiels. J'étais vert de rage de m'être fait rembarrer de la sorte. Je me mis au vert quelque temps, histoire de faire tomber ma colère. Cette petite déconvenue m'a de suite coupé l'envie d'aller dans la zone verte, celle à laquelle j'ai normalement accès. Je décide de rebrousser chemin, sans avoir eu le temps de voir le héros de Titanic, Leonardo DiCaprio, ni le gros bras Arnold Schwarzenegger, ni l'ancien prodige du ballon rond, Diego Maradona, encore moins celui qui a failli être le président des Etats-Unis, Al Gore. Je ne suis pas revenu de Marrakech avec une conscience écolo, mais je me suis consolé en me disant que, néanmoins, j'ai participé à cette COP22. Car tous les billets verts dépensés par l'Etat marocain (30 millions de dollars) pour l'organisation de cet événement sont l'argent du contribuable. Et puisque j'en suis un...