Les mots étaient transparents pour qui sait écouter. Le discours prononcé par le Souverain le 14 octobre devant les membres des deux Chambres du Parlement à l'occasion de l'ouverture de la première session de la première année législative de la 10ème législature ne souffrait d'aucune ambiguïté : il faut que l'Administration se mette au boulot ! Elle ne peut et ne doit pas être le maillon faible d'un Maroc résolument tourné vers la modernité, qui, sous l'impulsion du Souverain, aura fait des choix stratégiques majeurs applaudis tant ici qu'à l'international. Pourtant, force est de le reconnaître, c'est le cas. Au point de susciter la colère du Roi, perceptible dans les termes choisis dans son discours. «(...) Il est navrant de constater que certains exploitent le mandat qui leur est délégué par le citoyen, pour gérer les affaires publiques, et en profitent pour régler leurs affaires personnelles ou partisanes, au lieu de servir l'intérêt général, motivés en cela par des calculs électoralistes», a-t-il notamment dit, non sans préciser que «(...) les administrations et les services publics accusent de nombreuses carences relatives à la faible performance et à la qualité des prestations qu'ils fournissent aux citoyens». (L'intégralité du discours royal est disponible sur www.laquotidienne.ma). Ce constat, plus qu'un appel au sens du devoir et de la responsabilité, est tout simplement un cinglant rappel à l'ordre à l'égard de certains élus et fonctionnaires qui ont le courage d'être payés (par les contribuables) pour ne rien faire. Si tout le monde n'est pas logé à la même enseigne (heureusement, sic !), il faut tout de même admettre que les efforts des uns, qui ont la conscience professionnelle chevillée au corps, sont noyés dans la fainéantise et le laxisme que les autres portent honteusement en bandoulière. Ceux-là qui oublient ou feignent d'oublier qu'ils sont au service de la collectivité et non l'inverse. Les citoyens n'entretiennent-ils pas, inconsciemment, une telle situation ? Peut-être bien. Surtout lorsque glisser un petit billet pour prétendre à un service auquel on a légitimement droit tend à s'inscrire dans une certaine normalité. Le Maroc de demain se construit dès aujourd'hui. Avec des hommes et des femmes compétents, épris de justice, d'équité et qui ont en partage le sens de la responsabilité afin de porter haut l'étendard national. «Le vrai patriote s'inquiète, non du poste qu'il doit occuper dans la patrie, mais du rang que la patrie doit atteindre parmi les nations», affirmait à juste titre l'écrivain et journaliste canadien Jules-Paul Tardive. En tout cas, au regard de l'ambition du Royaume d'être un modèle de développement en Afrique et de jouer un rôle autrement plus important dans l'univers multidimensionnel de la mondialisation, il lui faudrait une Administration forte, débarrassée des miasmes de la médiocrité. Aujourd'hui, après ce message fort du Souverain, les citoyens espèrent simplement que les choses vont véritablement changer. Car, comme disait l'autre, le changement, c'est maintenant.