Selon Ilyas El Omari, président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, les recommandations qui émaneront de la MedCOP Climat seront intégrées dans le cadre du Budget 2017 de la région. Finances News Hebdo : Après Marseille, Tanger abrite la 2ème édition de la MedCOP Climat. Quel est l'enjeu de cette rencontre à trois mois de la tenue de la COP22 ? Ilyas El Omari : Premièrement, l'organisation de la MedCOP Climat à Tanger intervient dans le cadre de l'application de la décision prise lors de la MedCOP21 à Marseille, à savoir la tenue annuelle d'une MedCOP. Aussi, le choix du Maroc, et particulièrement de la ville de Tanger, a-t-il été pris à l'unanimité par tous les pays du pourtour méditerranéen. Deuxièmement, en tant que station méditerranéenne, cette MedCOP vise à répondre aux engagements et aux attentes prévues dans le cadre de l'Accord de Paris. Enfin, cette rencontre contribuera à la préparation de la COP22 qui se tiendra en novembre prochain à Marrakech. F. N. H. : Il est donc attendu à ce que cette rencontre méditerranéenne contribue à la réussite de la COP22, comme cela fut le cas pour la MedCOP21 ? I. E. O. : Certainement, puisque la MedCOP Climat s'inscrit dans deux dimensions : La première est celle de la Méditerranée. L'objectif est d'émettre des signaux forts à la communauté internationale sous forme de décisions claires sur la situation de la mer Méditerranée qui est passée de berceau des religions, des cultures et des sciences, à un espace de déchets, mais également à un cimetière où chaque jour des centaines de personnes à la recherche de liberté et de dignité y laissent leur vie. A travers ce congrès, nous voulons tirer la sonnette d'alarme au sujet des drames qui se produisent en Méditerranée aussi bien sur le plan humain qu'environnemental. Car, aujourd'hui, la Méditerranée est devenue l'une des zones les plus vulnérables aux changements climatiques. La deuxième dimension de cette rencontre est de se préparer à la tenue de la COP22, qui constitue une importante étape dans la lutte contre le réchauffement climatique. Nous allons travailler, en tant que Marocains et en tant qu'espace méditerranéen, pour réussir cette COP22 pour le bien de notre pays et de la planète. F. N. H. : La MedCOP Climat de Tanger sera-t-elle finalement celle de l'action ou de la réflexion ? I. E. O. : L'objectif de la MedCOP climat est double. D'une part, mettre en oeuvre quelques solutions actées lors de l'Accord de Paris, notamment celles qui concernent les pays du pourtour méditerranéen. Et d'autre part, proposer de nouvelles solutions qui n'ont pas été évoquées lors de la COP21 à Paris, à savoir l'engagement des régions, et plus particulièrement des élus locaux pour leur contribution à la protection et la préservation de l'environnement et créer ainsi les fondements de cette approche. Aussi, allons-nous essayer de sortir avec une décision, celle de créer un secrétariat permanent à même de piloter cette rencontre au Maroc et particulièrement à Tanger. Nous ambitionnons également de créer la Maison de l'environnement où siégera ce secrétariat permanent. L'enjeu est de constituer un réseau d'experts de la Méditerranée, en plus du réseau des associations environnementales des pays du pourtour méditerranéen. F. N. H. : Quels sont les moyens humains et techniques que vous avez mobilisés pour l'organisation de cette MedCOP Climat ? I. E. O. : En ce qui concerne les ressources humaines, nous avons les compétences requises pour l'organisation de cet évènement. Nous avons constitué un comité de pilotage composé des différentes forces politiques de la région, d'experts, d'ONG... Quant aux financements, nous avons estimé le budget à 30 MDH, financé par la région ainsi que par d'autres parties, notamment le secteur privé et les institutions publiques. Ce budget comporte aussi bien l'organisation de la MedCOP que d'autres activités dans la région, par exemple la création du musée écologique à Bab Taza à la province de Chefchaoun. F. N. H. : Faire face aux changements climatiques requiert des moyens humains et financiers importants. Quels sont dans ce sens les besoins de la région pour s'inscrire dans le processus d'un développement durable ? I. E. O. : J'attends les conclusions et les recommandations qui découleront de la MedCOP Climat pour pouvoir établir les besoins budgétaires nécessaires pour faire face aux réchauffements climatiques. Mais ce qui est sûr, c'est que les recommandations de la MedCOP seront intégrées dans le budget 2017 de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima. F. N. H. : Allez-vous vous contenter de vos propres ressources financières ou comptez-vous faire appel aux financements internationaux, notamment le Fonds climat qui sera doté de 100 milliards de dollars à partir de 2020 ? La création d'un fonds pour la Méditerranée est-elle à l'ordre du jour ? I. E. O. : Effectivement, le recours aux financements internationaux est indispensable. Nous devons profiter du Fonds climat dédié aux pays en développement, y compris les 22 pays du pourtour méditerranéen. Mais nous allons également travailler pour la création d'un fonds dédié à la Méditerranée. Nous espérons que ce fonds puisse figurer parmi les recommandations. F. N. H. : En tant que président d'une région dont la majorité de ses villes baigne sur la Méditerranée et est de plus en plus exposée aux changements climatiques, qu'attendez-vous concrètement de cet événement ? I. E. O. : J'espère que les régions du pourtour méditerranéen pourront travailler ensemble pour redonner à cet espace l'image d'antan, afin qu'il puisse jouer son rôle et redevenir comme avant, doté d'espaces verts, d'une mer bleue sans déchets, sans les traversées de la mort. J'espère également que les déplacements entre les pays du pourtour soient libres, sans frontières, sans conditions, sans discriminations. Nous voulons que la Palestine devienne un pays méditerranéen, indépendant et que son drapeau puisse flotter sur Al Qods. A travers ce congrès, nous appelons tous les intervenants à oeuvrer pour la vie, la paix et la stabilité.