* Les ORMVA ciblés. * Le gouvernement se frotte les mains au vu des économies réalisées dans cette opération. Après les ministères de l'Enseignement et de l'Intérieur, celui de l'Agriculture se classe en troisième position avec 3.428 départs volontaires à la retraite, soit 8,9 % de l'ensemble des partants et 21,5 % de l'effectif. De l'avis des responsables, toutes les demandes de départ volontaire ont reçu un avis favorable, soit un taux de satisfaction de 99 %. Cette opération de départs volontaires a permis de réduire la masse salariale de la Fonction publique, et ce conformément aux objectifs ; et le gouvernement semble satisfait de cet exploit. Rappelons que cette mesure a été préconisée par la Banque mondiale afin de mieux rationaliser les dépenses publiques. Mieux encore, la stratégie des départs volontaires a concerné l'ensemble des établissements relevant de la tutelle du ministère de l'Agriculture. Dans la catégorie des partants, les techniciens viennent en tête de liste avec 1.203 départs, suivis des agents avec 860 partants. Ces deux catégories se taillent la part du lion car elles totalisent 2.063 partants, soit les 2/3 de l'effectif total des départs volontaires dudit ministère. En troisième position viennent les ingénieurs de différentes spécialisations avec 815 partants : 617 ingénieurs en chef, 170 ingénieurs d'Etat grade principal et 28 ingénieurs d'application. Le nombre d'ingénieurs partants du ministère de l'Agriculture représente 52 % de l'ensemble des ingénieurs partants de tous les ministères. ORMVA : rationalisation de la gestion Parmi les établissements touchés par cette opération, les Offices régionaux de mise en valeur agricole (ORMVA) figurent en bonne position. Une lettre leur a été adressée récemment pour désigner les personnes voulant opter pour le départ volontaire. Le ministère des Finances vient ainsi, au terme des négociations engagées, de signifier sa non-objection pour l'incitation au départ volontaire à la retraite anticipée. La circulaire émanant dans ce sens du ministère des Finances et des Investissements Extérieurs annonce l'incitation au départ volontaire à la retraite anticipée, sur la base d'une proposition initiée par l'Office des Doukkala, puis étudiée à la DEPAAP dans le cadre du chantier «Rationalisation de la gestion des ORMVA» au niveau de la gestion des ressources humaines. La circulaire stipule également que le personnel pouvant être concerné devra avoir un âge compris entre 50 et 58 ans; l'indemnisation du personnel se fera sur la base de 3 mois de salaire par année d'anticipation avec suppression des postes budgétaires libérés. Le personnel des ORMVA est régi par deux types de statuts dont la coexistence pose de sérieux problèmes de gestion. Les offices n'ont pas de pouvoir en matière de gestion des ressources humaines qui reste une gestion politique et sociale imposée par la tutelle, plutôt qu'une gestion dynamique permettant d'adapter les effectifs et les profils aux métiers à développer et aux besoins de ces établissements. La structure de la répartition des effectifs entre offices n'a pas non plus varié. C'est un constat surprenant car tous les offices ne sont pas au même stade d'aménagement. Mais le constat le plus frappant reste l'importance de la fonction administrative générale et de la fonction développement agricole qui représentent 68% des effectifs. Pourtant, on pourrait penser que les ORMVA ont davantage besoin d'un meilleur encadrement que d'une opération «départ volontaire». Et comme le stipule d'ailleurs la lettre, «l'objectif attendu est une meilleure gestion des ressources humaines dans le cadre de la rationalisation de la gestion des ORMVA». Le secrétaire général de la Fédération nationale du secteur agricole, Abderrahim Handouf, ctitique la manière dont le ministère des Finances veut privatiser les offices. Il s'insurge aussi contre ce même ministère qui veut imposer le départ obligatoire. En effet, et bien que cette opération paraisse couronnée de succès, elle ne peut en aucun cas occulter les effets négatifs qu'elle a et qu'elle aura sur le fonctionnement du ministère de l'Agriculture. Le revers de la médaille de cette opération est que certains chercheurs de l'Institut National de la Recherche Agronomique ont opté pour le départ volontaire. Il s'agit en effet de cadres supérieurs qui ont effectué leurs études à l'étranger pour avoir leur doctorat. Donc, imaginons un peu le coût de leur formation supporté par l'Etat. D'autant plus que ces chercheurs dirigeaient des projets de recherche ou géraient des laboratoires et des services ; ils ont donc mis un terme à leurs travaux. D'aucuns estiment que cette opération de départ volontaire des fonctionnaires du ministère de l'Agriculture n'a été ni étudiée, ni planifiée, ni ciblée, ni évaluée. C'était une opération totalement improvisée qui a abouti au renvoi de 3.428 fonctionnaires à l'heure où le Maroc a grand besoin de tous ses cadres pour contribuer à la mise à niveau du secteur agricole.