Malgré quelques indicateurs positifs au cours du premier trimestre 2016, le secteur de l'immobilier n'arrive toujours pas à retrouver sa vitesse de croisière. Les professionnels estiment qu'il n'y a pas beaucoup de visibilité, surtout que plusieurs contraintes handicapent l'activité. Certains promoteurs parlent de déprime, alors que d'autres évoquent un statu quo, mais les avis divergent selon les régions et aussi les segments. Si le secteur continue d'être tiré par la catégorie du social, il faut dire que les autres types de logement commencent à s'essouffler comme les résidences secondaires ou l'immobilier de bureau. Cela est dû en partie au marasme économique et, surtout, à la frilosité des banques. Ces dernières sont devenues fort exigeantes, aussi bien pour les acquéreurs que les promoteurs. Cette option a perturbé l'évolution du secteur immobilier et réduit les projets lancés. A la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI), on regrette la non-application de la baisse des taux directeurs sur les crédits immobiliers. «Les gens ne bénéficient toujours pas d'un coût de financement favorable. Nous sommes encore dans une moyenne de 5% alors qu'il y a eu des baisses successives du taux directeur ordonnées par Bank Al-Maghrib. Les quelques opérations promotionnelles à taux réduit lancées par certaines banques ont donné des résultats remarquables. Cela veut dire que la demande existe mais elle cherche des conditions de financement adéquates. On déplore aussi le poids fiscal important», souligne Ikbal Kettani, directeur délégué de la FNPI. Un avis partagé par Driss Effina, expert en immobilier : «Le secteur de la construction en général et plus particulièrement celui du bâtiment a un effet notoire sur l'économie surtout avec ses effets d'entraînement sur plusieurs activités et surtout l'emploi. Les conditions de financement du secteur demeurent contraignantes comparées à l'étranger où les taux sont limités à 1%. Par ailleurs, il faut préciser que la pression fiscale demeure elle aussi, élevée. Dernièrement, il y a eu une hausse des impôts appliqués à l'autoconstruction et la TVA». Depuis quatre ans, les ventes de ciment sont en quasi-stagnation ou en baisse. La reprise enregistrée au cours de cette année avec une hausse de 8% n'est qu'un rattrapage, car en 2015, il y a eu un recul. «Il faut préciser que la demande en ciment dans le secteur de l'habitat est réparti entre 28% seulement pour le logement neuf, 30% pour les activités menées par l'Etat et le privé, et 42% pour les travaux d'entretien. Ces opérations ont un rôle majeur dans l'économie à travers la mobilisation de l'épargne stable des ménages. Mais les autorités ont asphyxié ces activités en ralentissant l'octroi des autorisations et en compliquant la procédure», affirme Effina. S'agissant du marché, les opérateurs estiment que le logement social maintient le cap même si son évolution est en ralentissement comparativement avec les réalisations des années précédentes. La classe moyenne laisée-pour-compte Alors que le marché dédié à la classe moyenne, et malgré la forte demande, ne présente pas à la clientèle cible une offre adaptée en quantité et qualité. Les promoteurs préfèrent le logement social pour ses incitations fiscales, et le haut standing pour ses marges bénéficiaires. «C'est un segment qui n'arrive pas à décoller. Il n'y a pas une harmonie entre la politique de l'Etat en la matière et la réalité du marché», précise Effina. Pour ce qui est des résidences secondaires ou touristiques, il y a eu un renversement de tendances. «Plusieurs acquéreurs ont acheté au prix fort leur résidence surtout pendant la période de surchauffe entre 2007 et 2011, pensant que le mouvement de croissance allait se poursuivre pour réaliser des plus-values conséquentes par la suite. Mais les prix ont stagné ou ont complètement baissé selon les régions, comme Marrakech par exemple. C'est une véritable correction du marché», souligne Hassan Raihani, agent immobilier à Casablanca. Outre les prix des résidences secondaires, celui de l'immobilier de bureau a connu, lui aussi, quelques régressions. Hormis Casablanca et Rabat, le prix de ce segment est en perte de vitesse.