Les exportations marocaines ont quasiment stagné (0,7%) à fin janvier 2016, selon les statistiques préliminaires de l'Office des changes sur les échanges extérieurs. Plusieurs dispositifs ont été mis en place par les différents acteurs pour sécuriser et garantir les transactions à l'export, mais vainement. D'après les résultats préliminaires des échanges extérieurs, récemment publiés par l'Office des changes, le Maroc semble être sur la bonne voie pour redresser la barre de sa balance commerciale. A fin janvier 2016, le déficit commercial s'est établi à 7,31 Mds de DH contre 6,49 Mds de DH un an auparavant, soit un recul de 25,3%. De quoi réjouir l'Exécutif qui compte sur cet indicateur économique-clé pour donner une connotation positive à son bilan. Toutefois, cette performance reste volatile puisqu'elle ne repose pas sur des bases structurelles. En effet, la réduction du déficit est due à la conjoncture internationale marquée par la baisse du cours du pétrole, et donc au repli de la facture énergétique du Maroc (23,1% soit -1.016MDH) et non aux réformes engagées par le gouvernement. La question est de savoir : jusqu'à quand cette situation va-t-elle durer ? Car, en cas d'augmentation des prix du pétrole, hypothèse à ne pas écarter, la situation risquerait de se renverser, surtout avec les exportations qui peinent à décoller. Au regard des derniers chiffres, les exportations ont quasiment stagné (0,7%). Il ressort qu'hormis la progression des ventes des phosphates et dérivés de 33,6%, des produits de la pêche de 11,2% et de ceux de l'industrie pharmaceutique de 6,9%, toutes les autres branches sont dans un trend négatif. On ne cessera jamais de le répéter : la faible compétitivité des entreprises exportatrices et la non diversification des marchés extérieurs sont responsables de cette configuration de nos échanges commerciaux. La sécurisation des transactions freine-t-elle les exportateurs ? La crise diplomatique entre le Maroc et l'Union européenne, due à l'annulation de l'accord agricole par la Cour de justice de l'UE, remet à nouveau sur la table la question de la dépendance des exportations marocaines aux marchés européens. Plusieurs questions restent en suspens. Quelles sont les conséquences de cette dépendance sur nos échanges commerciaux ? Pourquoi les exportateurs marocains continuent-ils d'opérer sur des marchés qui ne sont plus attractifs, alors que le potentiel de croissance est ailleurs, notamment en Afrique ou en Chine ? Selon un exportateur de la place, c'est une question de connaissance du marché et du taux de risque. Car, plus le taux est élevé, plus les exportateurs sont réticents. C'est le cas pour les marchés africains qui, malgré leur fort potentiel, le taux de risque pays, commercial, de défaillance et de non-résilience du marché..., est très élevé. De quoi freiner les entreprises exportatrices, notamment les PME et TPME qui restent très vulnérables. Pourtant, plusieurs dispositifs ont été mis en place par les différents acteurs, notamment les banques, les assurances et le gouvernement pour sécuriser et garantir les transactions à l'export dans l'optique de diversification des marchés. Mais cela ne semble pas séduire pour autant les exportateurs, qui n'arrivent pas à se séparer de leurs partenaires traditionnels malgré la conjoncture européenne. «Les premières transactions sont toujours difficiles. Il faut se dire que la confiance ne peut être établie qu'après un historique des transactions entre les acteurs. Le principal frein n'est pas la sécurisation des transactions, mais plutôt la confiance entre les parties. Il y a cependant des outils qui peuvent permettre de faire des transactions à l'international en garantissant la sécurisation du paiement. Cela se fait à travers le crédit documentaire», explique Hassan Sentissi El Idrissi, président de l'Association marocaine des exportateurs (Asmex). Le crédit documentaire qui, rappelons-le, est l'engagement pris par la banque de l'importateur de garantir à l'exportateur le paiement des marchandises (ou l'acceptation d'une traite) contre la remise de documents attestant de l'expédition et de la qualité des marchandises prévues dans le contrat. C'est un crédit par signature que proposent les banques en vue de sécuriser les paiements à l'export. «Cependant, les outils proposés par les banques sont limités en termes d'accès. De par leurs coûts, la solvabilité des acteurs joue un rôle déterminant dans les transactions», tient à préciser le président de l'Asmex. Aussi, les gouvernements ont-ils un rôle à jouer à travers des conventions de non-double imposition, des accords de partenariat ou encore de libre-échange. Des outils qui certes ne sont pas incitatifs, mais qui permettent de faciliter l'exportation des biens et des services. «La sécurisation des paiements est un frein qui peut être dépassé quand il y a une demande des parties. Les organismes, tels que MasterCard, Visa, et les outils tels que Swift ou autres permettent une connexion entre les systèmes financiers et le dénouement des transactions. Par contre, nous souhaitons voir l'émergence d'un système régional de compensation, qui permet l'intégration financière de l'ensemble des pays de la région», conclut Hassan Sentissi El Idrissi. Cela dit, la diversification des marchés s'impose plus que jamais pour garantir l'équilibre de la balance commerciale et tirer vers le haut l'économie nationale.. Dr. Danielle Tobias, pharmacien export manager Laboratoires Laprophan «Le choix du partenaire à l'export est d'une importance capitale. Nous travaillons avec des partenaires sérieux, solvables et qui jouissent d'une solide assise financière avec une bonne réputation et de longues années d'expérience à leur actif. Dans les périodes difficiles d'instabilité dans certains pays, nous sécurisons nos exportations par des paiements par anticipation ou d'autres modes de paiement très sécurisés par des banques étrangères (si les banques locales sont dans une zone à très haut risque) avec des lettres de crédit payables à vue ou irrévocables et confirmées... Nous maintenons nos activités dans les marchés à haut risque avec un surplus de vigilance. Quant aux dispositifs mis en place par les différents acteurs, il s'agit de prendre surtout les précautions d'usage pour sécuriser ses transactions à l'international et de se faire accompagner par ces dispositifs par mesure de prudence. Nous collaborons avec les différents organismes notamment la Société marocaine d'assurance à l'exportation (Smaex) qui couvre le risque de non-paiement des créances, en maîtrisant le risque en cas d'insolvabilité du client ! Elle qui exige une déclaration dans un délai de 30 jours à partir de la date d'échéance de la facture impayée».