* La question sociale vient en tête des préoccupations des jeunes avec plus de 29 % de réponses, suivie des questions politiques puis économiques. * 74 % des 1.271 jeunes questionnés se voient comme cadres supérieurs à l'horizon 2030. La vie active de 65,2 % des personnes enquêtées se déroulerait au Maroc contre 36,3 % qui se voient vivre à l'étranger. Lenquête dont le Haut Commissariat au Plan vient d'annoncer les résultats vise à appréhender comment une partie des jeunes Marocains se projettent en 2030 et perçoivent leur propre situation et leur environnement national et international. « Le choix des jeunes bacheliers n'est pas fortuit, bien qu'ils ne représentent qu'une faible proportion de la jeunesse marocaine. L'intérêt d'une telle catégorie de population nous a semblé procéder de la représentativité de cette élite du futur, alors que ses membres sont encore à un âge où les ambitions autant que les inquiétudes doivent entrer en ligne de compte dans l'évaluation de leur rôle d'acteurs dans la construction de l'avenir », explique Ahmed Lahimi, Haut Commissaire au Plan.. 1.271 jeunes ont, ainsi, été enquêtés dans 276 établissements d'enseignement secondaire. La taille de l'échantillon peut être considérée comme suffisante pour estimer toutes les caractéristiques de l'ordre de 10% et plus, avec une marge d'erreur relative ne dépassant pas 7%. Les jeunes très imprégnés de la question sociale On note beaucoup d'optimisme des jeunes questionnés qui affichent une grande ambition en terme d'insertion sociale. Ainsi 74 % pensent avoir en 2030 un statut de cadres supérieurs et 23,2 % de cadres moyens. Les jeunes filles représentent 50,3 % de l'ensemble des choix de la catégorie « cadre supérieur », contre 49,7 % pour les jeunes garçons. C'est la seule catégorie où les femmes sont relativement plus présentes que les hommes. Dans la seconde catégorie, cadres moyens, les hommes devancent légèrement les femmes, soit respectivement 51,9 % et 48,1 %. La vie active de 65,2 % des personnes enquêtées se déroulerait au Maroc. 36,3 %, cependant, se voient vivre à l'étranger. En détail, 60,7 % des jeunes hommes projettent de vivre au Maroc contre 38,5 % à l'étranger. Pour les jeunes filles, ces proportions sont respectivement de 65,7 % et 34 %. Les sources d'accès à l'information seraient dominées par les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Pour 71,4 %, cette source serait l'Internet. A noter, enfin, que seulement 1,3 % des jeunes femmes (0,6 % de l'échantillon total) se voient comme femmes au foyer en 2030. Pour les principales questions qui marqueront l'actualité nationale en 2030, l'attention de 29,3% des enquêtés est focalisée sur les questions sociales avec une forte prédominance des questions liées au développement humain, celles-ci étant marquées, en particulier, par de nettes performances en matière de lutte contre l'analphabétisme , le chômage, l'habitat insalubre Les questions politiques viennent en deuxième position avec 23,5 % des réponses avec une prédominance des questions liées à l'intégrité territoriale (9,4 %) et aux relations avec l'environnement régional et international. Les questions économiques, de leur côté, sont au centre de 17,7 % des réponses, les sciences et les technologies 12,9 % et le sport 10,3 %. Dans l'ensemble, la vision des jeunes est largement optimiste pour leur pays qu'ils perçoivent en plein essor, voire comme une grande puissance économique, technologique et militaire. C'est le cas des trois quarts de la population enquêtée. Cependant, 10,9 % ont une vision plus mitigée et 6,2 % une vision bien pessimiste. Pour les premiers, le Maroc continue à affronter les mêmes problèmes et, pour les autres, la situation serait plutôt détériorée. Un monde arabe uni A l'inverse de la perception qui se dégage de l'enquête au plan national, la situation internationale imaginée est d'une rare complexité. Elle semble fortement influencée par l'impact des événements qui agitent le monde actuel et le poids du rôle que les grandes puissances y jouent. C'est ainsi que 25 % des réponses traduisent un regard négatif sur l'évolution du monde et le rôle joué, notamment, par les Etats-Unis. Il n'en reste pas moins que 12 % des réponses renvoient à un monde moins inégalitaire, multipolaire et vivant en paix. Le monde arabo-musulman, quant à lui, est au centre de 32,7 % des réponses et jouit d'un préjugé favorable en ce qui concerne sa situation en 2030 où il aurait trouvé son unité et réalisé une forte avancée en termes économique et politique. La conclusion de Lahlimi De l'ensemble de cette vision du Maroc 2030, telle qu'elle se dégage des réponses des jeunes Marocains enquêtés, Ahmed Lahlim souligne qu'il est possible de déduire l'approche globale qu'ils semblent adopter en se projetant vers l'avenir. Si le développement de l'économie est un objectif vers lequel s'orientent leurs attentes, cet objectif passe, pour eux, par le développement humain et la promotion des technologies et de l'emploi. La forte interpellation des jeunes par la sauvegarde de l'intégrité territoriale du Maroc et le dépassement des conflits inter-maghrébins semblent exprimer leur ambition pour un grand projet national mobilisateur. Les rapports du Maroc avec le monde arabe et musulman n'excluent pas, à leurs yeux, la nécessaire valorisation de son identité régionale dans le cadre euro-méditerranéen. Alors qu'ils croient en un Maroc affirmant sa personnalité et son rayonnement à l'échelle internationale, ils restent fortement pessimistes sur la stabilité et la paix dans le monde. Ceci serait le reflet des événements qui agitent les différentes régions du monde et qui semblent affecter fortement leur vécu. « En définitive, les jeunes, à travers la population enquêtée, semblent s'intéresser aux questions politiques beaucoup plus qu'on ne le dit souvent », conclut-il.