* Une première lecture des résultats fait ressortir labsence dune option dominante. Le paysage médiatique en 2030 resterait, du moins en partie, fidèle aux tendances actuelles. * La presse électronique est le point qui a regroupé le meilleur score, tous groupes dâge et tous médias confondus, avec 54 % des réponses. * Les deux-tiers des journalistes questionnés pensent que lavenir du Maroc sinscrira entre une dynamique de changement et une dynamique de continuité des réformes déjà engagées. Une fois nest pas coutume, ce sont les journalistes qui ont dû répondre au questionnaire de lenquête entrant dans le cadre du programme «Prospective 2030». Lobjectif est dessayer den dégager les tendances possibles à la lumière des scénarios globaux esquissés pour lensemble du pays. Les résultats de cette enquête menée par le Haut Commissariat au Plan, et qui a porté sur un échantillon de 402 journalistes exerçant dans les différents moyens dinformation et répartis sur lensemble des régions du Royaume, ont été rendus publics le 31 mai dernier au siège du HCP. «Nous avons eu une approche volontariste», souligne le Haut Commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi. Avant de voir les grandes lignes de cette enquête, il est pertinent de souligner que le pourcentage de journalistes âgés de 30 à 50 ans atteint près de 71 %, celui des 20-30 et des 50 ans et plus représente seulement 9,2 % et 17,9 % respectivement. Lanalyse des résultats de lenquête fait ressortir trois grandes tendances concernant lévolution du Maroc en 2030. La première vision est que le Maroc connaîtra une dynamique de changement. 28,9 % des journalistes enquêtés adhèrent à cette vision, soit 116 sur un total de 402. Plus du tiers des journalistes sinscrivent dans la dynamique de continuité. Ce regard est nourri par lidée selon laquelle le Maroc poursuivra son chemin à la même vitesse. Les réformes engagées continueront à restructurer les différents champs de la société comme le code de la famille, la nouvelle loi sur les partis politiques ou la mise en place dinstances comme lInstance Equité et Réconciliation. Cette tendance ne prévoit aucune rupture avec les mécanismes de fonctionnement actuels. Lévolution sera plutôt maîtrisée et pérenne sans que cela passe par un quelconque changement de vitesse. Les 103 journalistes sinscrivant dans cette optique névoquent pas, non plus, ni le changement de la nature des contraintes, ni leur poids. La troisième vision est celle de linertie des structures comme conséquence de la crise institutionnelle et socioculturelle de la société marocaine à lhorizon 2030. Ayant enregistré les mêmes taux de réponses que la tendance précédente, cette vision avance comme principal argument la panne de lascenseur social, la crise de légitimité politique et lincapacité du pays à sinsérer dans lévolution mondiale. Les journalistes qui sinscrivent dans cette vision soulignent lampleur des enjeux futurs et appellent à une véritable réactivité face aux nouvelles contraintes que le Maroc doit affronter à linstar des autres pays du monde. Comment les journalistes voient leur activité Une première lecture des résultats fait ressortir la diversité des rubriques choisies et, par conséquent, labsence dune option dominante. Sur cette base, le paysage médiatique en 2030 resterait, du moins en partie, fidèle aux tendances actuelles. Lanalyse des choix des rubriques en fonction de lâge révèle que 27 % des journalistes âgés de 20-30 ans ont opté pour «Culture et société» comme choix unique. Autrement dit, les jeunes journalistes placent les aspects socioculturels au cur des préoccupations du Maroc en 2030. Lélectronique constituerait, selon les journalistes enquêtés, le support dominant de 2030. Le paysage médiatique marocain serait, en grande partie, de nature virtuelle. Le support «papier» arrive en deuxième position. 66 choix élisent le «papier» comme support unique à lhorizon 2030. La radio ne figurerait pas à la tête des choix des journalistes en 2030. Seulement 45 journalistes, soit 11,2 %, sinscrivent dans cette optique. Lon note également que les choix en faveur de la télévision sont dautant moins importants que lâge augmente. Quant à la périodicité, les journalistes de 2030 travailleraient majoritairement dans un support quotidien pour 60,9 % des enquêtés, soit 245, contre 23, soit 5,7 % seulement pour des mensuels. Le support «indépendant», comme choix unique, arrive en tête avec 39,6%. Cependant, ceux qui pensent que les journalistes pourraient exercer leur métier dans plusieurs types de média à la fois, représentent 44,3%. La tendance du free lance est beaucoup plus présente à lesprit. 56,5% des enquêtés privilégient des médias ayant un rayonnement international. Se livrant à un exercice auquel ils sont habitués, les journalistes ont émis dans le cadre de lenquête 327 titres et chapeaux classés sous 19 thèmes qui portent à la fois sur des questions de développement, des droits de lhomme, de la vie politique locale et des événements internationaux, etc. La vie politique marocaine figurera à la tête des sujets choisis par les journalistes en 2030. Elle fera lobjet des articles de 35 journalistes, soit 10,70%. Léconomie marocaine, à côté des questions relatives à l'évolution et à la prospective du Maroc, se place au deuxième rang. 32 journalistes, soit 9,79 %, ont choisi de rédiger des articles sur des phénomènes sociaux comme le chômage, la pauvreté, lexclusion sociale, la mendicité, etc. Les questions de gouvernance seraient placées à la tête des préoccupations des journalistes en 2030. 88 parmi ceux-ci, soit 21,9 %, sinscrivent dans cette catégorie thématique. Le développement humain et social arrive en deuxième lieu. Il fera lobjet des articles de 74 journalistes, soit 18,4 %. 38,6% des journalistes ayant rédigé un titre et un chapeau sur des questions relatives à la gouvernance considèrent que, en vertu des percées enregistrées par le Royaume ces dernières années, le Maroc sinscrira sur la voie du progrès. Ils considèrent que le Maroc est en pleine redéfinition de son mode de gouvernement, notamment en ce qui concerne la gestion de la chose publique locale. Sagissant du développement humain et social, il fait lobjet du choix dune partie importante des journalistes réservés quant à lavenir du pays. 28,4% parmi ceux-ci considèrent que lun des handicaps majeurs qui entravera le développement du pays sera, sans doute, dordre socio-humain.