Bien malin celui qui peut dire ce qu'il adviendra de la Samir ? De son sort, personne ne sait que dalle, et personne ne saurait dire quand est-ce qu'il y aura ne serait-ce qu'un début de solution. En fait, c'est à croire qu'il n'y a pas péril en la demeure, au regard notamment de la passivité déconcertante dont font preuve les dirigeants du raffineur. Non, la maison ne se consume pas à petit feu. Non, la raffinerie n'est pas à l'arrêt depuis plusieurs mois. Non, l'outil de production ne se détériore pas. Non, des centaines d'employés ne sont pas en arrêt de travail forcé. Non, le titre n'est pas suspendu en Bourse depuis le 6 août 2015. Non, la Samir n'affiche pas une perte de 2,1 Mds de DH au titre du premier semestre 2015, accompagnée d'une baisse des ventes globales de 32% et d'un recul du chiffre d'affaires de 50% par rapport à fin juin 2014. Non, la raffineur ne cumule pas des dettes qui frôlent les 40 Mds de DH. Non, les petits porteurs et autres investisseurs qui détiennent des actions Samir sont «bikhair»... En réalité, tout va très bien dans le plus beau pays au monde. Sauf que, de leur côté, les créanciers sont aux abois et veulent rentrer dans leurs fonds. Et l'Etat, qui a beaucoup à perdre dans cette affaire et qui réclame au raffineur, à travers la douane marocaine, 13 Mds de DH, est, à entendre le ministre de l'Economie et des Finances, passablement irrité d'attendre. Invité mardi au Forum de la MAP, Mohamed Boussaid, est, en effet, revenu à la charge pour exhorter les responsables de la Samir à honorer leurs engagements, en augmentant le capital de 10 milliards de dirhams. Parce que des engagements, le management en avait pris, d'autant que cette augmentation de capital a déjà été approuvée par l'assemblée générale extraordinaire de la Samir tenue en octobre dernier. Mais, depuis, silence radio. Plus rien ne filtre. Ce qui, peut-être, légitime le fait que Boussaid soit sorti de ses gonds en martelant que «le temps du chantage est révolu». Il faut dire, à ce titre, que depuis que les déboires de la Samir ont été portés sur la place publique, le management adopte une posture très décriée, tant dans sa gestion du dossier que dans sa communication. Communiquer, elle ne le fait d'ailleurs guère, sinon pour s'en prendre au gouvernement, parfois avec une certaine véhémence qui cache mal une volonté de ne pas trouver des solutions. Ou plutôt, solutionner le problème en ne mettant surtout pas la main à la poche. Au point d'oublier, volontairement, que la situation actuelle de la Samir n'est que la conséquence de plusieurs années de tergiversations et de décisions managériales cosmétiques ! En attendant, fournisseurs, créanciers, investisseurs... sont suspendus au bon vouloir de l'équipe dirigeante. Une prise d'otages qui ne dit pas son nom. Mais qui va alors payer la rançon ?