Les progrès notables réalisés par le Maroc sur le plan de ses indicateurs économiques, notamment la réduction des déficits jumeaux, laissent planer le doute quant à la reconduction d'une troisième Ligne de précaution et de liquidité. Le ministre des Finances a déjà évoqué la possibilité d'une forme nouvelle de collaboration avec le FMI. Les équipes du Fonds monétaire internatio-nal (FMI) sont en visite au Maroc depuis le 21 octobre pour entamer des consultations avec les autorités marocaines au titre de l'article IV du FMI et de la troisième revue de la deuxième Ligne de précaution et de liquidité (LPL) accordée au Maroc en juillet 2014 d'un montant de 5 milliards de dollars, et qui arrive à échéance en juin 2016. La question que tous les observa-teurs se posent à présent est de savoir si une troisième LPL sera reconduite, et si oui, dans quelles conditions ? Car, comme l'a rappelé le ministre de l'Economie et des Finances, Mohamed Boussaïd, lors de la conférence de presse de présentation du Projet de Loi de Finances 2016, les condi-tions qui ont amené le Maroc à recourir en 2012 à la première LPL ne sont plus d'actualité. Et l'opportunité de recourir à une troisième LPL se justifie de moins en moins. En effet, en 2012, la situation des comptes nationaux était pour le moins désastreuse, et exposait l'éco-nomie marocaine à des risques importants en cas de chocs externes. Depuis, le Royaume a considérablement amélioré ses agrégats économiques. En 4 ans, le déficit budgétaire a été divisé par deux. Il sera de 4,3%, en 2015, et devrait affi-cher 3,5%, en 2016. Le déficit du compte courant devrait se situer autour de 3%, en 2015, au lieu de 10% en 2012. Quant aux avoirs extérieurs nets, ils ne permettaient à l'époque, de couvrir que 3 mois et 27 jours d'importations de biens et ser-vices. Aujourd'hui, le niveau des réserves de change est supérieur à 6 mois. Ce qui fait dire au ministre des Finances, qu'aujourd'hui, «notre situation économique et financière n'a plus le même visage qu'il y a 4 ans». Par ailleurs, il faut rappeler que le Maroc n'a jamais utilisé les deux LPL, même si le ministre a précisé qu'un tel parapluie contre les chocs externes a été très utile à l'économie natio-nale. Tous ces paramètres font que, désormais, il serait difficile d'envisager une reconduction de la LPL dans les mêmes conditions. On pourrait même être tenté de dire que le Maroc n'en a plus besoin. Boussaïd a déclaré que «nous sommes en discussion avec les équipes du FMI présentes actuellement au Maroc pour réfléchir à de nou-velles formes de coopération». Dans le cas où une reconduc-tion serait actée, elle portera à coup sûr sur un montant beau-coup moins important que les deux précédentes LPL. Au moment où nous mettions sous presse, une conférence du Chef de mission de consultation du Fonds monétaire interna-tional était prévue, qui devrait permettre d'y voir plus clair.