Achour Daoudi, Directeur général de Fair Business Company (FBC), filiale du groupe «Universal business invest» de la holding Bin Laden, affirme que le groupe espère réaliser un chiffre d'affaires de 140 MDH en 2016, dont les 2/3 iront aux coopératives travaillant pour les enseignes Moroccan Legacy et Ossoul. Finances News Hebdo : Vous venez d'officialiser le lancement de la marque Moroccan Legacy. Que pouvez-vous nous dire à propos de ce nouvel acteur des produits de terroir ? Achour Daoudi : Moroccan Legacy est une marque de la société «Fair business company», filiale du groupe «Universal business invest», qui appartient à la holding Bin Laden. L'idée de ce projet émane d'une vision du président Dr Tarek Mohammed Bin Laden, pour la valorisation et la promotion de la richesse nationale, à savoir les produits de terroir marocains. Le Maroc dispose d'une manne importante en produits de terroir que les coopératives fabriquent. Nous y apportons notre valeur ajoutée en termes de packaging, de marketing, de merchandising et de vision commerciale qui, en capitalisant sur l'expertise et le savoir-faire, va aider à booster la commercialisation de ces produits aux niveaux national et international. Le but est de regrouper tous les produits de terroir marocain (environ 80). Pour identifier les produis les plus nobles, nous avons sillonné le Maroc, du nord au sud, et avons noué des partenariats avec une centaine de coopératives pour la commercialisation de leurs produits sur le marché local et à l'export. Le nom de l'enseigne a été choisi en tenant compte du facteur export. Nous avons fait en sorte que le label Moroccan puisse prétendre à la première note. Quoi de mieux que Moroccan Legacy (comprenez l'héritage marocain) qui nous permettra de toucher les consommateurs marocains et étrangers. Il faut savoir que contrairement aux Marocains qui n'accordent pas aux produits de terroir l'importance qu'ils méritent, les Moyen-Orientaux, par exemple, reconnaissent cette richesse dont jouit le Maroc. F.N.H. : Ne pensez-vous pas que le choix du nom de l'enseigne (en anglais) pourrait induire en erreur le consommateur marocain par rapport à votre coeur de métier et, par conséquent, le dissuader à franchir les portes de vos magasins ? A. D. : Pas du tout. Il faut savoir que notre cible est une ménagère qui a un pouvoir d'achat moyen, voire une femme aisée, et qui, généralement, parle une ou deux langues. Sans oublier que l'anglais s'invite de plus en plus dans notre vocabulaire. En parallèle, nous pensons que par des annonces, du marketing et des actions de communication, nous allons pouvoir habituer l'oreille du consommateur marocain à entendre le nom de cette enseigne comme étant un concept. Au contraire, je pense même que ce nom peut être un facteur de valeur ajoutée supplémentaire pour mieux exporter les produits marocains. F.N.H. : Le marché des produits de terroir est porteur, avec une demande qui ne cesse de croître, aussi bien sur le marché national et qu'international et où il n'y a pas beaucoup de concurrents si ce n'est deux ou trois acteurs. Quelles sont vos perspectives de croissance au niveau national et à l'international ? A. D. : Effectivement, le marché reste embryonnaire au niveau national. Personnellement, j'espère que d'autres acteurs arriveront sur ce secteur pour créer un achalandage de ces produits. Nous accueillerons à bras ouverts tout concurrent qui souhaiterait travailler avec nous sur ce produit national. Quant au plan de développement de l'enseigne Moroccan Legacy, nous comptons ouvrir 6 magasins au niveau national en 2016, principalement dans les grandes villes (Rabat, Marrakech, Tanger...) et au moins 3 à 5 magasins à l'international, dans les plus grandes capitales (Dubaï, Moscou, Londres...). Je dois signaler que la FBC compte une deuxième marque «Ossoul», qui n'est pas encore commercialisée, et qui s'adresse à la grande et moyenne surfaces (GMS). A partir de décembre, cette marque sera disponible au niveau national et aura un rayon d'action beaucoup plus large. Cette marque va également s'exporter dans un réseau de GMS à l'international. Le but de cette segmentation est de pouvoir toucher tout l'éventail de consommateurs. F.N.H. : En chiffres, quelles sont vos perspectives de croissance ? A. D. : Sur Moroccan Legacy et Ossoul, nous espérons réaliser un chiffre d'affaires de 140 MDH en 2016, dont les 2/3 iront aux coopératives. Malgré un potentiel considérable qui pourrait doubler, voire quadrupler, nous avons fait le choix de fixer ce chiffre parce que nous estimons que c'est la capacité que les coopératives partenaires sont capables de produire. Cet objectif qu'on s'est fixé nous permet d'évoluer au même rythme que les coopératives. F.N.H. : Vos fournisseurs sont des coopératives qui ne sont pas forcément bien structurées. Quels sont les risques auxquels vous vous exposez en investissant dans ce secteur ? A. D. : Lorsque le président de la holding nous a chargés de cette division, il nous a confié une mission très difficile. Car le secteur des produits de terroir, c'est avant tout des coopératives en amont qui, malgré toute la bonne volonté pour tirer ce secteur vers le haut, manquent de structures, de formation, de logistique et de moyens financiers. Pour cela, et outre notre valeur ajoutée (packaging, marketing, consolidation, logistique et export), nous comptons agir avec les coopératives pour rehausser leur niveau, aussi bien dans le renforcement des capacités de production, l'amélioration de la qualité des produits que la gestion administrative... Donc, nous envisageons d'accompagner ces coopératives pour les mettre à niveau par rapport à ce qui se fait dans les entreprises privées. La deuxième problématique à laquelle nous devons faire face est celle des moyens financiers de ces structures. Un handicap majeur pour les coopératives, qui freine leur croissance. Pour y remédier, nous allons mettre la coopérative en relation avec un établissement bancaire, avec la possibilité de nous porter garant. Nous essayons de répondre au maximum à leurs contraintes, qui sont diverses, et d'être à leur écoute pour apporter cet accompagnement dont elles ont besoin pour se développer; mais aussi pour restaurer la confiance de ces coopératives qui, pendant des années, ont été escroquées et prises à parti par des vendeurs de rêves qui n'ont jamais honoré leurs engagements. F.N.H. : L'émergence des produits de terroir est l'une des locomotives de l'économie solidaire dans notre pays. Quel est l'enjeu de booster cette filière pour l'économie marocaine ? A. D. : L'enjeu aujourd'hui est de trouver dans chaque région une locomotive (un produit de terroir-phare) qui va drainer d'autres produits de terroir, et qui sera la principale source de revenus de ces coopératives, tout en améliorant les conditions de vie des habitants de toute la région.