Dans la pléthore de vulnérabilités de l'économie nationale, une faiblesse retient particulièrement l'attention. Il s'agit de la prédominance des activités à faible valeur ajoutée dans la branche des services qui représente entre 65 et un peu plus de 70% du PIB. Le plus grand challenge du Maroc sera d'inverser cette tendance lors des décennies à venir.  La dernière étude de la Banque africaine de développement (BAD) a incontestablement remis sous le feu des projecteurs les lacunes inhérentes à la structuration du secteur des services fortement dominé par les branches à faible valeur ajoutée. «Hormis le commerce, les télécoms, le transport, les assurances et l'activité bancaire, les autres activités qui prédominent le secteur tertiaire sont des services à très faible valeur ajoutée au Maroc (activités parasitaires, travail domestique, petits commerces)», assure Mehdi Lahlou, économiste (voir entretien). Partant, il est clair que le constat du premier bailleur de fonds international au Maroc semble amplement justifié. Pour avoir un ordre de grandeur, les services représentaient près de 78,5% du PIB français en 2013. Pour ce qui est du Maroc, la branche des services s'accapare entre 65 et un peu plus de 70% du PIB actuellement. Ce chiffre montre clairement l'hégémonie du secteur tertiaire dans l'activité économique du pays en comparaison avec l'agriculture ou l'industrie qui représentent respectivement 13% et 14% du PIB. Sous cet angle, la comparaison avec les pays développés devient pertinente dès lors qu'on se penche sur les secteurs qui constituent la force motrice de la branche des services des pays riches, notamment ceux de l'OCDE. En France ou aux USA pour ne citer que ces deux exemples, la branche des TIC et le secteur financier qui se singularisent par leur degré de sophistication, portent littéralement le secteur tertiaire avec un grand apport en valeur ajoutée et en création de richesse. Au Maroc, il en est tout autrement car les activités parasitaires du fait de leur importance, pénalisent substantiellement la branche des services pourtant censée générer plus de richesse. Cela dit, l'impératif de renforcer la part des branches à forte valeur ajoutée dans le secteur tertiaire au Maroc, est d'autant plus avéré que celles-ci peuvent constituer des pare-feux face à la volatilité de la croissance qui n'est autre que la résultante de facteurs endogènes et exogènes que tout le monde connaît. En d'autres termes, l'économie nationale verrait sa capacité de résilience se démultiplier dès lors que la croissance sera tirée par un secteur tertiaire dominé par les branches de pointe avec leurs multiples vertus en termes de création de richesse et de valeur ajoutée.  Des prérequis qui font toujours défaut  Une tertiarisation de l'économie nationale tractée par les secteurs à forte valeur ajoutée suppose des conditions préalables et des exigences à satisfaire. A cela s'ajoute que l'intégration aux nouvelles chaînes de valeur mondiale astreint le pays à se spécialiser dans des services de pointe. Pour bon nombre d'experts, à l'image du professeur Mehdi Lahlou, l'essor des branches de service de pointe est corrélée à la capacité du pays à attirer davantage d'IDE dans ces domaines et d'experts étrangers, ce qui est de nature à faciliter le transfert de technologie. La formation des ressources humaines est aussi un point cardinal notamment dans les domaines de services tels que la santé, l'éducation et les TIC. De plus, cette formation doit être en mesure de faciliter l'adaptation de l'expertise acquise au prompt changement structurel induit en partie par les TIC. Au-delà de ces préalables, force est d'admettre que les politiques d'innovation indispensables pour la montée en puissance des branches de service à forte valeur ajoutée demeurent timorées au Maroc. Pour preuve, les chiffres officiels montrent que le budget total annuel alloué à la R&D ne représente que 0,8% du PIB. Toutefois, l'objectif est d'atteindre 1% à l'horizon 2016. L'innovation peine à décoller au Maroc du fait que l'Etat demeure pratiquement le seul acteur à mettre la main à la poche. Le secteur privé lésine encore sur les moyens pour investir dans la R&D. Or, l'innovation constitue la colonne vertébrale des activités de services à forte valeur ajoutée. Par ailleurs, il est utile de souligner que les services rendus aux entreprises et aux personnes occupent une part importante dans la branche des services au Maroc. Pour leur part, ceux de l'éducation et de la santé ont monté en grade au cours de ces dernières années. «Les activités économiques au Maroc sont principalement tirées par les secteurs primarisés et par les activités de services et de production qui ne nécessitent pas une main-d'oeuvre qualifiée». Cette assertion émanant de Mehdi Lahlou résume parfaitement la structuration de l'économie nationale qui fait face à des défis éminemment structurels dont les réponses tardent à se concrétiser aux yeux de certains. Pour preuve, la prédominance des activités à faible valeur ajoutée dans la branche des services qui prévaut actuellement, remonte à plusieurs décennies. Â