A l'échelle continentale, les plans d'émergence fleurissent un peu partout, reflétant ainsi le dessein de développement des pays africains. Celui du Gabon brille par son ambition, car il compte démultiplier les moteurs de la croissance du pays en développant les autres branches d'activité (agriculture, infrastructures, énergie, etc.). Les entreprises marocaines ont indéniablement leur carte à jouer dans ce nouveau contexte propice. La troisième édition du Forum Afrique développement qui a mis l'investissement au coeur des réflexions, a connu un franc succès au regard du nombre de participants (1.700 issus de 23 pays) et des BtoB (plus 3.000 comptabilisés). Au-delà de ce satisfecit, cette plateforme continentale a donné l'occasion aux autorités du Sénégal, de la Côte d'Ivoire et du Gabon de présenter aux opérateurs marocains qui s'étaient déplacés massivement, l'attractivité de leurs économies et les branches d'activité porteuses de leurs pays respectifs. L'objectif étant d'attirer les investisseurs marocains dans ces trois pays. Cela dit, eu égard à la présentation des représentants de l'Etat gabonais qui étaient conduits par Désiré Guedon, ministre de l'Energie et des Ressources, force est d'admettre qu'il subsiste un foisonnement d'opportunités dans le 5ème pays producteur africain de l'or noir. Pour avoir un ordre de grandeur, il est important de rappeler que le Gabon affiche pour l'heure un excédent de la balance commerciale. Avec l'un des PIB par tête d'habitant des plus élevés du continent, ce pays faiblement peuplé connaîtra d'après les prévisions, une forte croissance en 2015 (+5,4%). Toutefois, la forte dépendance de l'économie aux ressources pétrolières a incité les pouvoirs publics gabonais à se doter d'un Plan ambitieux pour l'émergence de leur pays à l'horizon 2025. En clair, cette nouvelle stratégie a pour trame la démultiplication des moteurs de la croissance gabonaise. En effet, il s'agit d'ici une décennie de dynamiser les services, l'industrie et l'agriculture, des domaines dans lesquels les entreprises marocaines ont une réelle expertise. Une ambition qui élargit la fenêtre de tir «L'émergence du Gabon à l'orée 2025 passera indubitablement par l'amélioration des infrastructures, de la santé et de la formation du capital humain», a martelé Serge Armand Mboula, responsable de la planification du plan Gabon émergent lors de la présentation. En d'autres termes, des chantiers seront ouverts dans les domaines des infrastructures numériques, autoroutières, écolières et hospitalières. D'où l'existence d'opportunités d'investissement dans ces secteurs pour les opérateurs marocains. A noter que ce pays qui réalise d'ores et déjà une croissance hors pétrole de 8% du PIB, s'est doté de la stratégie «Gabon vert», à l'instar de celui du Plan Maroc Vert. Le but ultime est d'atteindre l'autosuffisante alimentaire et le développement de l'agro-industrie qui a comme prérequis l'essor des agropôles. Cela dit, le leitmotiv des autorités gabonaises est la transformation des ressources naturelles qu'elles soient agricoles ou autres. Celles-ci ambitionnent par le biais de l'industrialisation de mieux ancrer leur pays dans les chaînes de valeur du commerce international. D'ailleurs, depuis quelque temps, dans l'optique d'accroître la valeur ajoutée, les producteurs de bois au Gabon ont été interdits d'exporter la ressource sans la transformer. Dans un autre registre, afin de vendre son pays auprès des investisseurs marocains, le ministre de l'Energie gabonais a rappelé que son pays où Attijariwafa bank est déjà présente, se singularise par sa stabilité et l'amélioration constante du climat des affaires. La chambre de commerce gabonaise a créé un centre d'arbitrage du commerce pour une bonne fluidification des affaires. Dans le cadre d'une réforme plus approfondie, l'Etat ambitionne aussi de mettre sur pied un tribunal du commerce. Cet environnement favorable a sans doute facilité le doublement des IDE dans le pays au cours de ces dernières années. Par ailleurs, il est important de souligner que la pêche et le tourisme, branches d'activité dans lesquelles le Royaume se distingue sur l'échiquier mondial par son savoir-faire, constituent d'importants leviers de la stratégie d'émergence du Gabon. En effet, le pays qui jouit de 850 km de côtes veut développer la transformation de ses ressources halieutiques à l'instar du Maroc. Par ailleurs, les autorités du Gabon ciblent prioritairement le développement de l'éco-tourisme. L'autre information de taille dévoilée lors de la présentation au Forum Afrique développement, est que ce pays importe pour l'heure moins de 450 millions de dollars de produits alimentaires annuellement. Ce qui peut être un grand marché pour les entreprises marocaines évoluant dans le secteur de l'agroalimentaire. Cela dit, bien qu'ayant des ressources énergétiques, le Gabon n'arrive toujours pas à couvrir ses besoins énergétiques. Ce qui conduit les pouvoirs publics à échafauder un programme de développement du mix énergétique avec la ferme volonté de produire une énergie propre. Sur ce point aussi, les opérateurs marocains spécialisés dans l'énergie solaire et éolienne ont certainement des opportunités à saisir dans cet Etat.