En 2014, la rupture de la tendance à la baisse de la tarification est due au fait de la prise en considération des aspects techniques de l'activité. Mehdi Tazi, Président Directeur général de Saham Assurance Maroc, rappelle les principes régissant la tarification de toute compagnie d'assurances. Finances News Hebdo : Quel lien peut-il y avoir entre la tarification des produits d'assurance et la rentabilité des placements des compagnies d'assurances sur le marché financier ? L'idée défendue par certains analystes consiste à dire que les compagnies d'assurances tendent à baisser les prix en période d'euphorie boursière. En 2013, période de crise en Bourse, nombreuses sont les compagnies qui, pour parer à la baisse des rendements financiers, ont décidé de se concentrer sur la partie «technique» du résultat. Partagez-vous cette lecture du comportement des assureurs en lien avec la situation sur le marché boursier ? Mehdi Tazi : En matière de tarification, trois principes-clés doivent être rappelés : Le métier d'assureur est un métier de moyen et long termes ; un sinistre survenu telle année peut être réglé plusieurs années plus tard. Tout assureur se doit donc d'établir ses primes en conséquence, en procédant à des calculs actuariels pour faire face, à tout moment, à ses engagements ; La prime d'assurance doit donc permettre à l'assureur d'honorer ses engagements envers ses clients, elle doit aussi lui permettre de couvrir ses coûts de gestion, de distribution et de dégager un niveau de rentabilité lui offrant la possibilité de poursuivre son développement. Toujours dans le cadre du respect de ses engagements, tout assureur est tenu, réglementairement, de procéder à des placements financiers. De ces trois principes découle une hiérarchisation des solutions que doit apporter l'assureur pour garantir son équilibre économique et financier. L'aspect technique est premier ; dans ce cadre-là, la maîtrise des coûts des sinistres ainsi que celle des coûts de gestion et de distribution est fondamentale, de même que celle relative à la croissance de l'activité. L'aspect financier doit être considéré comme complémentaire, même en période de rendements financiers performants. Une baisse éventuelle des tarifs doit donc trouver sa raison d'être dans les composantes techniques de l'activité et tout particulièrement dans les analyses du rapport sinistres à primes. F.N.H. : Pouvez-vous nous donner un aperçu global sur l'évolution de la tarification des produits d'assurance sur cinq ans. M. T. : Durant les cinq dernières années, l'évolution des primes d'assurance s'est révélée être assez hétérogène selon les branches. Le marché marocain ne dispose pas, à ce jour, d'un indice relatif à l'évolution des primes d'assurance. Pour autant, l'analyse de l'activité laisse apparaître, depuis 2010, une tendance affirmée à la baisse des tarifs d'assurance sous le triple effet, de l'accroissement de la demande, d'une meilleure maîtrise des coûts directs (sinistres) et indirects (gestion / distribution) ainsi que d'une concurrence accrue. En 2014, cette tendance à la baisse semble connaître une rupture du seul fait de la prise en considération des aspects techniques de l'activité. F.N.H. : Comment se décline la politique de prix chez votre compagnie ? Les prix ne bougent pas depuis la libéralisation (2006) au point de soupçonner une situation d'entente entre les compagnies d'assurances ... quel commentaire pouvez-vous faire ? M. T. : Comme indiqué ci-avant, les tarifs d'assurance ont enregistré globalement des évolutions à la baisse ; dans certains cas, des hausses tarifaires ont été opérées. A ceci, il convient de rajouter que chaque compagnie dispose de son propre système de tarification. Ce système de tarification est en adéquation avec la stratégie de la compagnie, et tout particulièrement, avec le choix des segments de marché et des cibles en direction desquels ladite compagnie entend se positionner. La tarification s'opère aussi de manière à ce qu'elle soit en rapport avec les besoins des clients et de la qualité du (des) risque (s) à assurer. Les tarifs peuvent donc évoluer de manière différenciée au sein d'une seule et même clientèle. Chez Saham Assurance Maroc, la tarification selon la qualité du risque constitue la règle. Bien entendu, elle prend en compte aussi les capacités budgétaires des clients et la composante «concurrence». Pour autant, la politique de prix et la tarification n'ont de sens qu'en rapport avec l'offre correspondante. Afin que tout client de Saham Assurance Maroc puisse porter une appréciation sur «le rapport qualité/prix» de son assurance, la compagnie dispose d'une gamme d'offres très étoffée et modulaire. A tout moment, le client conseillé par Saham Assurance Maroc peut opérer ses propres arbitrages entre ses besoins réels et le budget qu'il entend leur consacrer. F.N.H. : Sur le créneau de l'assurance auto, en quoi votre offre diffère-t-elle de celle des autres compagnies ? M. T. : Les composantes structurantes de l'offre Saham Assurance Maroc sont : Une extrême modularité ; tout client peut opérer un choix entre une vingtaine de garanties, outre la responsabilité civile laquelle revêt un caractère obligatoire. Une offre d'assistance, riche et modulaire à la fois ; pas moins de 32 services d'assistance parmi lesquels le remorquage et le véhicule de remplacement. Des prestations de services en rapport avec les préoccupations des assurés : l'indemnisation des dommages en 1h30 maximum dans l'un de nos centres d'indemnisation rapide (Check Auto Express) en constitue l'expression la plus aboutie. F.N.H. : Pourquoi votre compagnie n'a-t-elle pas encore franchi le cap de la segmentation de la responsabilité civile (sexe, accidents...), libéralisation oblige ? M. T. : La segmentation de la clientèle et sa déclinaison au plan tarifaire permettent effectivement d'élaborer des offres en rapport avec les risques avérés. Aujourd'hui, Saham Assurance Maroc dispose d'une tarification multicritère pour les garanties annexes telles que la tierce, vol, incendie, bris de glaces, dommages... Par ailleurs, nos clients peuvent à tout moment bénéficier d'une offre véritablement «sur-mesure» répondant aux arbitrages qu'ils peuvent opérer entre leurs besoins et le budget qu'ils entendent consacrer à l'assurance.