La stratégie phoenicicole vise à lancer des diversités résistantes aux maladies et renforcer les disponibilités nationales de vitro-plants. Pour lutter contre la maladie du «bayoud», le ministère a mis en place un laboratoire à Errachidia pour préparer 50.000 souches par an et par la suite, les laboratoires privés pourront multiplier ces souches et produire 500.000 vitro-plants par an. Le palmier-dattier occupe une place importante au Maroc. C'est une filière qui présente des atouts, vu l'étendue du territoire saharien et aussi la diversité de ses territoires. Mais, elle est toutefois impactée par différents phénomènes, comme la maladie du bayoud, l'utilisation irrationnelle des ressources hydriques, le problème de commercialisation et de distribution et aussi la concurrence des produits importés. Le Salon international des dattes au Maroc (Sidates) à Erfoud est devenu un rendez-vous incontournable pour les professionnels du secteur, tout d'abord en tant que vitrine pour exposer les différents produits, du matériel et aussi les dernières techniques déployées. Il est aussi de dimension internationale avec la participation de 15 Etats lors de cette 5ème édition tenue du 30 octobre au 2 novembre. Organisé sur une superficie de 40.000 m2 dont 9.000 sous- chapiteaux, l'événement a regroupé 192 exposants. «Nous avons lancé un ambitieux programme de développement de la filière dans le cadre du Plan Maroc Vert basé sur la réhabilitation, la valorisation et l'extension du secteur oasien. A l'horizon 2020, nous visons une production de 160.000 tonnes. Un volume qui permettra l'autosuffisance du pays et aussi l'amélioration du potentiel à l'export pour les variétés nobles comme le «Majhoul». Cet objectif n'est réalisable que grâce à la reconstitution de 48.000 hectares de palmeraies existantes, la création de 17.000 palmeraies à l'extérieur des palmeraies. Notre objectif aspire à renforcer les disponibilités nationales de vitro-plants en portant la capacité annuelle moyenne de production à 300.000 plants pour la période 2010-2020, contre 60.000 plants/an durant le quinquennat 2005-2009», souligne Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime, à l'ouverture du salon. Le ministre a rappelé que le contrat-programme dédié à la filière nécessite une enveloppe de 7,7 Mds de DH dont 5 Mds de DH financés par l'Etat. Pour superviser cette stratégie, le gouvernement a mis en place, il y a quelques années, l'Agence nationale des zones oasiennes et de l'arganier. Son Directeur général, Brahim Hafidi, explique que ces zones sont pénalisées par différentes contraintes qui handicapent l'évolution de la filière des dattes, en premier lieu le climat. «Nous sommes dans une zone où il y a la désertification, le manque d'eau, et aussi l'enclavement à la fois sur le plan terrestre, le réseau routier n'est pas au niveau et l'aérien reste insuffisant même si nous avons plusieurs aéroports qui ne sont pas sous-utilisés comme celui d'Errachidia et de Zagora. Il faut citer aussi la complexité du statut foncier. Les indicateurs du développement humain de la région étant très faibles, l'agence a été créée pour lever ces déficits. Pour commencer, nous avons mandaté un bureau d'études pour diagnostiquer ces problèmes, ce qui nous a permis d'avoir des pistes de développement. Ainsi, nous avons priorisé nos actions d'ici 2020. Nous sommes dans une zone où le «bayoud» a détruit les 2/3 des palmeraies, nous obligeant à produire dans des laboratoires des plants sains par culture in vitro. Le ministère a mis en place un laboratoire à Errachidia pour préparer 50.000 souches par an et par la suite, les laboratoires privés pourront multiplier ces souches et produire 500.000 vitro-plants par an», explique-t-il. Avec une surface cultivée de l'ordre de 500.000 hectares, l'effectif du palmier-dattier s'élève à près de 5,4 millions de pieds, plaçant le Royaume au 7ème rang mondial. Le Maroc compte une densité moyenne de 108 arbres par hectare lui permettant de produire 100.000 tonnes de dattes par an, ce qui le hisse à la 8ème place mondiale. Le pays dispose de 453 variétés qui en font l'un des points forts de la filière. En outre, 35% du patrimoine dattier national permet de produire des variétés nobles. Modèle intégré de développement durable Les oasis sont des régions fragiles qui peuvent être impactées par les aléas climatiques et aussi par l'intervention de l'homme. Pour ce faire, la stratégie dédiée au secteur insiste sur la préservation des ressources naturelles à travers l'utilisation des techniques modernes d'irrigation économes en eau, de souches résistantes aux maladies et très productives. Un nouveau barrage est en projet dans la région de Boudnib ayant une capacité de stockage de 500 millions de m3. Il permettra d'irriguer plus de 5.000 ha et de retenir les eaux au sein du territoire national, car une grande quantité d'eau s'infiltrait dans le territoire algérien. L'ouvrage permettra également d'alimenter la nappe phréatique de la région. Au programme figure la construction de 568 km de canaux d'irrigation et de 22 seuils de dérivation et d'ouvrage d'art dans le cadre de l'aménagement hydro-agricole des palmeraies. La stratégie vise le démarrage du programme de création de nouvelles exploitations phoenicicoles modernes de moins de 5 ha au profit de filles et fils d'agriculteurs ayant droit sur les terres collectives. Ce programme couvrira à terme plus de 5.000 ha à l'échelle nationale.