Face à la défaillance du système public, les parents d'élèves préfèrent s'orienter vers le privé, quitte à se faire saigner à blanc. Les avis d'une dizaine de couples permettent d'avoir une idée chiffrée sur le parcours du combattant de ces parents à Casablanca. Il ne s'agit pas là d'une liste exhaustive certes, mais largement représentative. Il a suffi que le sujet soit abordé qu'il provoque un véritable débat auprès de tous ceux à qui l'on a posé la question. Le moins qu'on puisse dire est que les frais de scolarité à Casablanca font jaser les parents. Et pour mieux comprendre leur désarroi, cet article retrace les frais d'inscription, de scolarisation, de fournitures scolaires, de transport, de cantine et d'activité parascolaire de 5 types d'établissements d'enseignement à savoir : la mission (AEFE), la mission privée (OSUI), le privé homologué, le privé et le public. Bien qu'il a été très difficile de trouver un couple qui scolarise ses enfants dans le public, où les dépenses sont comprises en général entre 80 et 150 DH en frais d'inscription, assurance, association de parents d'élèves en plus d'une fourniture scolaire entre 500 et 1.200 DH. Et pour ne pas vous donner de grosses frayeurs, l'article se limite aux bas niveaux de scolarité à savoir la maternelle et l'élémentaire. Pour la mission française, le cas précisément des établissements relevant de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE), les droits de première inscription (DPI) pour les Marocains s'élèvent à 20.000 DH à payer une seule fois, alors que les frais annuels pour la maternelle et l'élémentaire sont respectivement de 38.030 DH et de 33.630 DH. Recevant une subvention de l'Etat français, il n'en demeure pas moins que ces établissements revoient régulièrement leurs tarifs à la hausse et demeurent néanmoins bien prisés. «Cette année encore, nous avons eu droit à une fourniture scolaire qui excède les 7.000 DH pour les deux», informe la maman de deux écolières de la mission. Pour son fils en CM2, H. bénéficie du tarif français et paye 25.000DH l'année, à raison de 10.140 DH pour le premier trimestre et 7.605 DH chacun pour les deux restants, et quelques 1.400 DH de fournitures scolaires, à l'école Théophile Gautier. A quelques encablures, et plus précisément au Val d'Anfa, se dresse le Lycée Louis Massignon relevant de l'Office scolaire et universitaire international (OSUI). A l'instar des autres établissements dépendant de l'OSUI, l'établissement ne reçoit aucune subvention de l'Etat français et s'autofinance. Ici, les droits d'inscription après admission sont de 30.000 DH pour la petite section et de 40.000 DH pour les autres niveaux sans fratrie. «Les fournitures scolaires s'élèvent à peu près à 2.500 DH sans compter 1.000 DH versés à l'établissement», explique le papa de deux garçons en CP et CE2. Pour une autre fillette, en grande section à la même école, ce sont 13.900 DH à payer le trimestre avec cantine, 2.250 DH pour le transport par trimestre, 1.000 DH de fournitures scolaires et entre 100 et 300 DH pour les activités, explique sa maman. Cette dernière est mieux lotie que le couple G. avec ses trois enfants. L'aîné de 11 ans est au Collège Massignon à Aïn Sebâa qui coûte 40.156 DH l'année hors cantine et transport. Pour la cadette de 9 ans, la scolarité se chiffre à 35.400 DH et pour la benjamine de 18 mois, rien que pour l'inscription à L'île aux Trésors pour la matinée seulement, il fallait débourser 7.000 DH. Entre les deux aînés, le couple paye 10.500 DH de fournitures scolaires et 7.000 à 8.000 DH pour chacun à titre de frais des activités extrascolaires et les cours d'arabe ! L'homologué comme seconde chance ! Les établissements homologués du ministère de l'Education français, au nombre de 7 au total à Casablanca, offrent une chance à ceux qui n'ont pas pu démarrer avec la mission française, de poursuivre le programme français à un stade ultérieur. Une aubaine car faut-il reconnaître que la mission française a la cote à Casablanca, alors qu'il y a d'autres missions étrangères toutes aussi performantes sinon davantage. Si contrairement aux établissements AEFE et OSUI les frais d'inscription semblent moins chers, il est important de savoir que les parents s'en acquittent chaque année ! Le cas du Groupe homologué la Résidence: «J'ai deux garçons, de 10 ans et 7 ans, et nous payons chaque année 5.000 DH en frais de réinscription. Pour chacun de mes enfants, il faut compter 8.700 DH le trimestre hors cantine et transport. Pour ce dernier point, j'ai dû recruter un chauffeur en raison du décalage des horaires des cours et des activités. Cette année encore, les fournitures coûtent entre 2.500 et 3.000 DH par enfant, hors cartables. Pour les activités, on est affilié au RUC, il faut compter 9.000 DH/an en plus des 1.500/mois au moniteur «personnalisé» pour les coacher», relate cette maman casablancaise dont le voeu le plus cher est de voir ses enfants réussir, quitte à faire tous les sacrifices. Il faut dire que ces dernières années, les parents ne peuvent plus faire l'économie de la scolarité de leurs enfants et ils sont de plus en plus nombreux à les inscrire dans le privé marocain qui offre une alternative à l'école publique, désormais discréditée. Les parents au pied du mur sont obligés de passer à la caisse face au diktat du privé ! C'est le cas de F. qui paye 5.000 DH de frais d'inscription pour son fils en CP à Charles Péguy, en plus de 2.300 DH de frais mensuels de scolarité, de 600 DH pour la cantine ou 200 DH pour la garde en apportant son panier. Pour les fournitures, ce sont pas moins de 3.000 DH payés rubis sur l'ongle ! Pour les cours de judo, le couple paye 6.000 DH et 2.000 DH l'an au Club WAC. Pour le tout dernier, F. et son mari versent pour la petite section chez Okarina 4.800 DH de frais d'inscription et 1.900 DH par mois uniquement pour la matinée. Le cartable coûte environ 500 DH ! Pour C. qui a deux enfants en CE2 - CM1 à l'école Al Massalik, les frais de scolarité sont de 3.000 DH par an pour chaque enfant, les frais de scolarité s'élèvent à 1.800 DH par mois par enfant, alors que la cantine est de 650 DH par mois par enfant. Pour les deux enfants, il faut compter 7.000 DH de fournitures scolaires. D. a, pour sa part, appris à ses dépens que la crèche de son fils de 3 ans coûte aussi cher que ses études supérieures d'antan. Ainsi, entre les 3.500 DH de frais d'inscription à l'Ecole Buissonnière, les 8.000 DH pour le premier trimestre, les 6.000 DH pour chacun du deuxième et troisième trimestre, les 600 DH de cantine et les 2.000 DH pour le mois de juillet, ce cadre casablancais débourse 32.100 DH par an pour un môme de 3 ans. Et il n'est pas au bout de ses peines car la rentrée prochaine, sa benjamine démarre aussi sa scolarité ! La saignée continue ! La Fondation Mohammed VI, l'école hybride M. a, pour sa part, fait un pari sur l'école pilote de la Fondation Mohammed VI, Casablanca. Avec son mari, ils s'acquittent de 950 DH de frais d'inscription l'année et 950 DH de frais de scolarité par mois. «Il faut compter 700 DH pour les fournitures qui restent à l'école, en plus de 180 DH pour les livres et 50 DH à verser chaque mois à la Fondation», explique la maman d'une élève inscrite en petite section.