Un bénéfice net de 168 MDH au terme de l'exercice 2013 clos le 31 octobre. Les vols intérieurs reprennent du tonus. L'Afrique, second marché de la compagnie, contribue à hauteur de 23% au chiffre d'affaires de l'activité passage. Les objectifs du contrat-programme dépassés. Royal Air Maroc a-t-elle définitivement pris son envol ? Nous sommes tentés de le croire, si l'on se fie notamment aux performances réalisées au titre de l'exercice 2013 (clos le 31 octobre) et présentées lundi dernier par le management de la compagnie aérienne nationale. En effet, la RAM a dégagé un résultat d'exploitation de 789 MDH, en hausse de 10% par rapport à 2012, tandis que le résultat courant s'apprécie de 4,8% à 627 MDH. Le résultat déficitaire de 2012, inhérent à d'importants montants provisionnés pour la dépréciation de plusieurs avions, n'est plus qu'un mauvais souvenir, d'autant que la compagnie a réalisé un bénéfice net de 168 MDH. Pour autant, le chiffre d'affaires s'est légèrement déprécié de 3% à 13,4 Mds de DH, dont 12,4 milliards pour l'activité transport. «Le chiffre d'affaires lié aux activités hors transport s'élève, quant à lui, à un peu plus de 954 millions de dirhams», précise le management. Il faut dire que la compagnie nationale a évolué, en 2013, dans un contexte particulièrement difficile, marqué surtout par une concurrence exacerbée tant sur le marché intérieur qu'à l'international. «L'exercice 2013 a connu le plus fort niveau de concurrence de l'histoire du transport aérien au Maroc», souligne le management qui précise que l'offre de la concurrence a atteint un pic historique à plus de 11 millions de sièges, soit une hausse de 22 % par rapport à 2012. Dans ce contexte, la RAM a transporté près de 6 millions de passagers, soit une baisse de 3% par rapport à 2012 qui s'explique essentiellement par «une diminution de 13 % du trafic point à point, la compagnie ayant opéré un retrait de ce marché conformément au contrat-programme». Et sur certains marchés comme Europe-Casablanca et Europe-Afrique, Royal Air Maroc a su bien se positionner. Ainsi, malgré l'agressivité des compagnies Low cost au cours de l'été 2013, elle a pu s'accaparer 53% de parts de marché sur l'axe Europe-Casablanca. Cette performance a été soutenue par une réduction de 2% de l'offre de sièges, couplée à une augmentation du nombre d'heures de vol réalisées par les avions de la RAM. Dynamique commerciale maintenue Les premiers mois de l'exercice 2013/2014 s'annoncent sous de bons auspices, avec un trafic qui progresse de 6% à fin mai 2014, un chiffre d'affaires en hausse et des recettes passagers qui augmentent de 1%. Pour sa part, le coefficient de remplissage s'améliore de 4 points supplémentaires en mai et de 7 points durant la première semaine de juin. Par ailleurs, note le management, «le trafic international de la RAM sur le Maroc a enregistré des variations progressives par rapport à 2013, dépassant ainsi pour la première fois, en avril 2014, l'évolution du trafic international de la concurrence (+10% pour RAM vs + 6% pour la concurrence)». Et, sur le point à point, avril est le premier mois de l'année où la RAM enregistre une évolution positive, alors que la croissance du trafic de la concurrence est marquée par une forte décélération. Il faut noter, par ailleurs, que la compagnie nationale a fait de l'usage des nouvelles technologies un outil privilégié pour doper ses ventes. Aujourd'hui, en effet, le chiffre d'affaires généré par le biais d'Internet représente 25% du chiffre d'affaires global, dont 13% réalisés via le site www.royalairmaroc.com et le reste à travers l'agence en ligne. Parallèlement, la RAM a initié une stratégie commerciale agressive, autant sur le marché intérieur qu'à l'international. Sur le marché intérieur, où la promotion de ces lignes bute sur le coût très élevé des vols par rapport au pouvoir d'achat des citoyens, la politique poursuivie par la RAM s'inscrit dans le cadre du contrat-programme signé avec l'Etat, lequel «a recommandé à la compagnie nationale de supprimer toutes les lignes déficitaires». Le contrat-programme stipule cependant que «le maintien de la promotion des vols intérieurs est conditionné par l'octroi de subventions par les régions concernées, uniquement pour supporter le déficit de ces lignes». Dès lors, sous l'égide du ministère de l'Equipement, du Transport et de la Logistique, plusieurs conventions ont été signées, avec comme sous-jacent un prix préférentiel et fixe. Ces initiatives, essentielles pour asseoir la régionalisation avancée, ont permis de booster véritablement les vols intérieurs. Ainsi, sur les sept premiers mois de l'exercice en cours (de novembre 2013 à fin mai 2014), 447.375 passagers ont été transportés par Royal Air Maroc, en hausse de 25% par rapport à la même période de l'exercice dernier. «L'objectif est d'atteindre un million de passagers sur les vols intérieurs à la fin de l'année», souligne le management. A l'international, Royal Air Maroc dessert désormais 84 destinations et reste particulièrement active sur l'Afrique. Sur ce continent, la compagnie nationale est très agressive, avec une stratégie circonscrite, entre autres, autour de l'augmentation de l'offre, l'amélioration de la structure du réseau sur les destinations africaines les plus importantes, le réaménagement du programme des vols et un personnel de bord multiculturel (la RAM emploie aujourd'hui plus de 20 nationalités à travers l'ensemble de son réseau). Ainsi, Royal Air Maroc dessert actuellement 32 destinations dans 26 pays, ce qui fait de l'Afrique le second marché de la compagnie, avec une contribution à hauteur de 23% au chiffre d'affaires de l'activité passage. A l'évidence, cette dynamique enclenchée par Royal Air Maroc devrait se poursuivre, d'autant que la compagnie a prévu un plan d'investissement ambitieux, visant notamment le renforcement et le rajeunissement de la flotte et l'amélioration de la qualité des services. Dans les neuf mois à venir, elle réceptionnera ainsi neuf avions. La RAM affrétera aussi 11 appareils supplémentaires de type gros et moyens porteurs pour renforcer sa flotte durant la période de pointe d'août prochain. Les objectifs du contrat-programme dépassés Selon le management, «Royal Air Maroc a accompli avec succès son plan de restructuration en dépassant les objectifs fixés par le contrat-programme signé avec l'Etat en septembre 2011». Ainsi, les opérations de départ initiées dans le cadre de ce plan ont abouti à une réduction drastique des effectifs qui sont passés de 5.352 en 2010 à 2.737 à fin avril 2014. Parallèlement, les ratios de productivité ont été largement améliorés : la compagnie est passée d'un ratio de 100 employés par avion en 2011 à un ratio de 58 en 2014. Le ratio «nombre de passagers par employé» s'est aussi amélioré, passant de 1.246 passagers par employé en 2011 à 2.148 en 2013 et il est prévu d'atteindre 2.329 en 2014.