* Sur les 7.052 positions du tarif américain, 6.966 ont été exonérées. * Traitement particulier pour les secteurs sensibles. * L'ALE suscite des espoirs mais aussi des craintes. Le Maroc a conclu un accord de libre-échange avec les Etats-Unis qui est entré en vigueur début 2006. Le Royaume a été le premier pays arabe et africain à avoir ce privilège. Cet ALE permettra aux produits marocains d'accéder à un marché fortement potentiel et de diversifier ainsi les débouchés qui sont pour l'essentiel orientés vers les pays européens. Pour donner un coup de pouce au renforcement de la coopération bilatérale et aller de l'avant, plusieurs rencontres sont organisées entre les deux parties. Outre les rencontres à caractère officiel, d'autres regroupent les opérateurs économiques des deux pays. Dans ce cadre, le cercle d'amitié maroco-américain (MAC) a organisé des conférences-débats les 14 et 15 mars courant au Technopark de Casablanca. L'ALE a posé un cadre juridique pour faciliter les échanges entre hommes d'affaires, investisseurs et entrepreneurs. « C'est un bon accord, mais ce n'est qu'un accord, a indiqué Mouslime Kabbaj, président du CAM. Il a besoin d'initiatives concrètes des principaux concernés, notamment ceux qui voudront prendre le leadership et saisir les opportunités qui vont s'offrir au fur et à mesure de l'implémentation ». En effet, l'ALE permet un accès libre à la quasi-totalité des produits marocains industriels et de pêche. Sur les 7.052 positions du tarif américain, 6.966 ont été exonérées dès l'entrée en vigueur de l'Accord. Le Maroc a obtenu une exonération de 98,78% des positions dans le tarif américain ; ce qui correspond à 99,73% des exportations marocaines. Le reste des produits sera démantelé sur 9 et 10 ans. Les produits marocains concernés sont les chaussures et cuir, les produits de la pêche, les ouvrages en verre et céramique, la bijouterie fantaisie et les produits d'éclairage. Pour rappel, ces produits sont fortement taxés dans le tarif américain, ce qui confère au Maroc un avantage comparatif substantiel par rapport aux pays concurrents. Cet avantage devrait conférer aux produits nationaux plus de compétitivité et permettra de drainer les investisseurs étrangers désirant exporter vers le marché américain. Pour ce qui est de l'accès des produits américains au Maroc, l'ALE prévoit des périodes de 9 ans et 10 ans afin de permettre à l'industrie nationale d'assurer sa mise à niveau et de tirer profit de l'accord. Celui-ci prévoit également un démantèlement à 0% sur une période de 2 ans et 5 ans pour les produits non fabriqués localement et qui représentent 58% des positions du tarif marocain qui sont actuellement à 0% avec l'UE. Ces positions ont trait surtout aux biens d'équipement et les intrants non fabriqués localement qui composent actuellement 93% des exportations américaines vers le Maroc, dispensant ainsi une diversification des sources d'approvisionnement. L'ALE entre les deux pays a suscité des espoirs, mais aussi des craintes. « Au Maroc et aux Etats-Unis, quand nous parlons investissements, il est clair que les échelles ne sont pas les mêmes», a souligné M. Kabbaj, et d'ajouter : «Quand nous nous référons aux consommateurs, il est clair que les fossés sont énormes en termes de nombre et de contraintes de qualité ; il est clair aussi que la relation au temps et le respect des délais n'imposent pas les mêmes exigences ». Le président du CAM a tenu à préciser qu' « il y a du bon et du moins bon du côté de l'océan auquel nous devons faire face avec modestie et dans le respect de chacun, sans arrogance et sans paternalisme». Certains secteurs d'activité, vu leur caractère sensible, ont vu un traitement particulier, comme c'est le cas du textile et de l'agriculture. Ces secteurs ont bénéficié de mesures dérogatoires afin de leur permettre d'assurer à terme leur mise à niveau et leur compétitivité. Mohand Laenser, ministre de l'Agriculture, du développement rural et des pêches maritimes, a affirmé lors de cette rencontre que « le volet agricole de l'ALE est très sensible ; il est question de dissiper les craintes psychologiques ». Il a indiqué que « cet accord ouvrira des perspectives prometteuses et des opportunités qu'il faut exploiter» ; et d'ajouter que « la floriculture marocaine peut accéder à 100% avec droit de douane zéro, les légumes à 84% et les fruits à 86% sans oublier les conserves de poisson et d'olive ». Du côté américain, « il est prévu l'importation de 4.000 tonnes de viandes sur une consommation nationale de 300.000 tonnes ; et ces viandes sont destinées aux grands hôtels et aux restaurants de classe», a expliqué M. Laenser.