* Fortes disparités territoriales. * Des indications sur le développement social et humain. Le niveau de pauvreté a baissé au Maroc. Mais une partie de la population reste vulnérable et à la merci de la conjoncture. Ce qui fait qu'elle reste menacée par la pauvreté. D'après le recensement général de la population et de l'habitat effectué en 2004 et dont les résultats ont été publiés dernièrement, le taux de pauvreté est passé de 16,5% en 1994 à 14,2% en 2004. Sur dix ans, ce taux a diminué de 14%. Pour Ahmed Lahlimi, Haut Commissaire au Plan, « ce recul de la pauvreté a été nettement plus visible entre 2001 et 2004 qu'entre 1994 et 2001». «Près de 50% de la baisse enregistrée, a-t-il expliqué, se sont opérés durant les trois dernières années de cette période de dix ans ». Mais le niveau de pauvreté est resté accentué dans le monde rural où il affiche un taux de 22%. Il équivaut à trois fois le taux du milieu urbain qui, lui, se situe à 7,9%. Sur dix ans, la pauvreté a sensiblement baissé en ville avec un recul de 24% alors qu'elle n'a diminué en campagne que de 4%. L'enquête sur la pauvreté a abordé également la question de la vulnérabilité. Ce concept est défini comme étant la fraction de la population qui est au-dessous du seuil de pauvreté relative, mais qui risque de se trouver en deçà de ce seuil si des aléas de différentes sortes affectent sa situation économique et sociale. L'approche de la Banque mondiale définit la vulnérabilité comme « étant tout ménage dont la dépense totale se situe entre le seuil de pauvreté relative et 1,5 fois ce seuil ». C'est ce qui explique que la population en milieu rural est plus exposée à la vulnérabilité étant donné le caractère du secteur agricole fortement dépendant des aléas climatiques. Les périodes de sécheresse accentuent le niveau de pauvreté. Le seuil de pauvreté est situé à moins de 1.687 DH par mois et par ménage en milieu rural et 1.745 DH par mois et par ménage en milieu urbain. Alors que le seuil de vulnérabilité est situé entre 1.687 et 2.531 DH par mois et par ménage rural. « Si en général la pauvreté a baissé avec de fortes disparités territoriales, la vulnérabilité demeure», a indiqué Lahlimi. Les taux diffèrent selon les communes, les provinces ou les régions. En milieu rural, seules 30 communes ont un taux de moins de 30% alors que dans 348 autres communes, le taux dépasse les 30%. Les communes les plus pauvres sont concentrées dans les régions de Marrakech-Tensift-Al Haouz, Souss-Massa-Draâ, Tadla-Azilal, l'Oriental, le Gharb-Chrarda-Beni Hssen, Meknès-Tafilalt et Fès-Boulemane. Même en milieu urbain, il y a de fortes disparités. «C'est surtout dans les bidonvilles et autres habitats sommaires que la pauvreté est plus présente avec un taux de 14,3%», a souligné Lahlimi. En effet, 55 communes et centres urbains ont un taux inférieur à 5%, 229 affichent des taux entre 5 et 15%, alors que 39 communes ont un taux supérieur à 20%. Ces dernières sont pour la plupart concentrées dans la région de l'Oriental, de Meknès Tafilalt, de Marrakech-Al-Haouz, du Gharb et de Doukkala Abda. Par région, les disparités sont claires. Dans le Grand Casablanca, on trouve le taux minimum avec 3,5%. Alors que le taux maximum existe dans la région du Gharb avec 20,5%. Il est à signaler que six régions affichent des taux de pauvreté inférieurs à la moyenne nationale alors que 9 régions ont un taux supérieur à cette moyenne. Par province, le taux passe de 2,4% dans la préfecture de Rabat à 33,6% dans la province de Zagora. On notera néanmoins que 31 provinces affichent des taux supérieurs à la moyenne nationale parmi lesquelles Errachidia (29,5%), Ouarzazate (22,8%), Kénitra (19,9%), Nador (17,3%) et El Jadida (15,2%) et 30 provinces, des taux inférieurs à la moyenne nationale dont notamment Casablanca, Rabat, Salé, Agadir, Tanger-Assilah, Fès et Meknès. Au niveau communal, 354 communes (348 rurales et 6 urbaines) enregistrent, en 2004, un taux de pauvreté supérieur à 30%. Celui-ci se situe entre 20 et 30% dans 418 communes et centres urbains dont 385 sont des communes rurales et entre 10% et 20% dans 516 communes dont 413 rurales.