La capitale économique, Casablanca, a réuni récemment près de 500 dirigeants (entreprises, banques, investisseurs) dans le cadre du Forum Africa SMB. Cette plateforme a facilité la rencontre entre les PME africaines en quête de financement et les fonds d'investissement internationaux venus de Singapour, de Chine, du Brésil, d'Europe et d'ailleurs. Ces entités affichent une réelle volonté de miser sur les entreprises du continent. Rompre l'accès difficile des PME africaines au financement était le grand challenge fixé par le Forum Africa SMB qui s'est tenu récemment dans la métropole casablancaise pendant trois jours. Outre cet immense défi, d'autant plus que seules 20% des PME du continent ont accès au financement, il était aussi question, à travers cette plateforme, de les interconnecter par le Web et physiquement par le biais des rencontres B to B. D'ores et déjà, cette première édition sonne comme une réussite, eu égard à la participation massive d'organismes de financement et à leur abnégation affichée pour mettre des capitaux au service des PME du continent pour qui, l'accès au financement s'est érigé en gageure. Le point d'orgue de l'allocution de Brahim Benjelloun Touimi, Administrateur Directeur général délégué de BMCE Bank, a été en substance l'assertion suivante : «Nous syndiquerons les compétences du Groupe BMCE Bank au Maroc en Afrique subsaharienne dans les 16 pays d'implantation et ailleurs en faveur de l'entreprise africaine». Ce dessein d'appuyer le financement des PME africaines était perceptible à travers la présence de la Banque publique d'investissement de France (BPI), représentée par son président, Nicolas Dufourcq. «L'ambition de se spécialiser sur l'Afrique est réelle, notre banque créera des fonds de capitaux pour un montant de 200 millions d'Euros destinés aux investissements sur le continent», martèle le patron de la BPI. Cela dit, le Forum Africa SMB se démarquait des rencontres internationales traditionnelles dans lesquelles les discours et les incantations prenaient le pas sur l'essentiel, à savoir comment apporter des solutions concrètes aux PME africaines sous-capitalisées et fragiles financièrement ? La présence massive d'investisseurs (notamment en capital-risque) à la recherche d'entités récipiendaires de leurs capitaux était en soi un élément de réponse à cette problématique. A cela s'ajoutent les opportunités d'affaires consistant à établir des relations client-fournisseur que ce forum offrait pour des entreprises venues d'horizons différents (40 pays). Les autres ateliers de «capacity building» n'étaient pas de moindre importance d'autant plus que certaines PME africaines accusent des carences en matière d'expertise dans les domaines de l'exportation, de la prospection des marchés et de l'accès à la commande publique. Des investisseurs prêts pour l'aventure africaine Outre les dirigeants de grandes institutions financières présents lors de ce forum pour ne citer que BMCE Bank, BPI, le Fonds africain de garantie des PME ou la Banque africaine de l'import-export, ceux des investisseurs en capital-risque étaient aussi de la partie avec leurs collaborateurs chargés de rencontrer les différentes PME en quête de financement. Pour sa part, Jean Severino, gérant du fonds Investisseurs & Partenaires (I&P) a lancé un appel solennel aux PME, les sensibilisant au fait que son établissement leur propose un matelas de financement allant de 50.000 à 1.000.000 d'Euros. Preuve s'il en faut que l'engagement d'I&P est réel pour le continent. Près de 30 millions d'Euros ont été investis rien qu'en Afrique subsaharienne. Outre cet aspect financement qui était au cœur du débat, il était aussi question de voir comment mieux interconnecter les PME du continent dans l'optique de leur trouver des débouchés à l'export et de s'approvisionner de manière optimale. A ce titre, le représentant de Maroc Export, en la personne de Hassan Nasr, a mis en évidence l'approche du partenariat Sud-Sud portée par le Maroc qui, par ailleurs, est en train de négocier des accords préférentiels avec l'Afrique de l'Ouest et de l'Est. Par ailleurs, Brahim Benjelloun Touimi reste persuadé que si l'initiative privée (banques, fonds d'investissement, forums) constitue un puissant levier pour alléger les tensions financières pesant sur les PME, cela ne doit nullement exonérer l'action publique. A ce titre, l'administrateur de la banque bleue prône une intégration régionale pour mutualiser les moyens. Ce qui permet, selon lui, d'avoir une masse critique financièrement importante pour relever les défis de l'entreprise africaine. Au final, le mérite du Forum Africa SMB est de donner l'opportunité à de petites entreprises de plaider leur cause auprès de grands fonds d'investissement qui affichent un grand intérêt pour le continent. Tout l'enjeu est que ce rapprochement débouche concrètement sur des financements.