Tout le monde célèbre, chaque 1er janvier de l'année, le nouvel an. C'est le calendrier grégorien. Les fellahs ont leur propre calendrier qui est julien, dit aussi agricole, et qui coïncide avec l'année amazigh. Il commence le 14 janvier de chaque année. L'année se répartit en manâzil qui est le pluriel de manzla - période d'une douzaine de jours - toutes portant un nom pittoresque, et dont la succession commande, encore de nos jours, l'agriculture traditionnelle. Chaque manzla se caractérise par des particularités météorologiques qui ont un impact direct sur la faune, la flore et les activités agricoles. Le fellah dispose d'un répertoire de dictons pour fixer les manâzil. Ce calendrier existe partout dans la région méditerranéenne marquée par l'existence des quatre saisons. Certains historiens pensent qu'il a été inventé par les Babyloniens qui ont développé, à l'époque de l'antiquité, l'agriculture dans la région du Croissant fertile. Il n'y a pas d'heure, de minute ou de seconde en agriculture ancienne. Le temps est fonction des saisons. Les fellahs travaillent plus en été qu'en hiver car le jour est plus long. En tout cas, malgré la mécanisation du secteur faisant appel aux dernières innovations technologiques, les périodes agraires continuent de nos jours d'orienter les fellahs quant à la saison de l'emblavement des terres, des labeurs, du semis ou des récoltes. L'année est divisée selon des périodes qui coïncident avec les travaux agricoles à accomplir à des moments précis. Le calendrier agraire n'est pas uniquement lié aux travaux du sol, mais également à celui de l'élevage. Il donne une idée sur le cycle d'exploitation de certains ruminants domestiques, notamment les bovins et les ovins. Dans les régions montagneuses ou les coins reculés de la campagne, ce système existe toujours et il est appris par cœur, même par les gens analphabètes. A l'instar de Yennayer, célébré par les Amazighs pour fêter le nouvel an berbère, les fellahs donnent une grande importance à ce jour à travers des mets traditionnels et des repas copieux. Tous les convives doivent sortir de table rassasiés afin que l'année soit prospère. Malgré le fait que l'exode rural ait réduit sensiblement la population de la campagne et aussi limité les rites et les coutumes dans ces contrées, il y a de nos jours un fort intérêt pour préserver ces traditions et le mode de vie des ancêtres. Certaines associations de la société civile militent pour conserver ce patrimoine et même de l'enseigner dans les programmes scolaires. Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.