La loi organique des finances va instituer les finances publiques pour les 30 années à venir. Six projets de loi sont en gestation pour la réforme des retraites. La taxation des voitures de luxe a aussi pour objectif de réduire la fuite des devises vers l'étranger. Le point avec Mohamed Boussaid, ministre de l'Economie et des Finances. Finances News Hebdo : Quel serait l'apport de la loi organique des finances sur les prochaines Lois des Finances ? Mohamed Boussaid : La loi organique de la Loi des Finances (LOLF) serait en quelque sorte la constitution des finances publiques qui permettra de régler plusieurs dysfonctionnements, dont la problématique récurrente des crédits de report qui atteignent chaque année 21 Mds de DH. C'est une loi qui va instituer les finances publiques pour les 30 années à venir. Le PLF 2015 sera préparé en mode LOLF, avec un déploiement progressif sur 5 ans. Cette réforme a plusieurs effets favorables sur les finances publiques, notamment au niveau du renforcement de la gestion publique, avec l'introduction de la programmation pluriannuelle. Il est question d'orienter la dépense publique vers la logique de résultats et aussi d'instituer l'évaluation et la reddition des comptes. La LOLF permettra également de renforcer les règles financières et d'approfondir la transparence des finances publiques. Il s'agit de soutenir les principes fondamentaux régissant les finances publiques et d'introduire de nouvelles règles financières afin d'améliorer la lisibilité budgétaire. La réforme veut accroître le rôle du Parlement dans le débat budgétaire et son contrôle sur les finances publiques. A cet égard, il est prévu d'enrichir les informations communiquées au Parlement, de réaménager les calendriers d'examen et de vote de la Loi de Finances, de la Loi de Finances rectificative et de la loi de règlement. F. N. H. : Comment allez-vous opérer la réforme du système de retraite ? M. B. : Toutes les études sont catégoriques : plus on retarde la réforme du système de retraite, plus le coût sera important. La pyramide des âges au Maroc est en perpétuelle évolution et le rapport du nombre de retraités par rapport aux cotisants est en perpétuelle augmentation. L'espérance de vie au Maroc a augmenté et certains pays ont porté l'âge de départ à la retraite à 67 ans. On n'a pas le choix, le système sera modifié à partir de 2015. En 2014, il s'agit d'abord de préparer l'arsenal juridique pour mettre en œuvre la réforme. Pour cela, six projets de loi sont en gestation. Il y a trois paramètres sur lesquels on peut agir : l'âge de la retraite, les cotisations et les prestations. Malgré la pression exercée sur le budget de l'Etat, nous allons entamer cette réforme. 13,5 Mds de DH est la part de l'Etat allouée aux Caisses de retraite en 2014. Une dotation de 2,5 milliards de DH sera débloquée la première année de la réforme, puis 5 milliards de DH l'année suivante. F. N. H. : L'institution de la taxe aérienne et l'imposition des voitures de luxe ne risquent-elles pas d'avoir des effets contre-productifs ? On a remarqué qu'il y a des compagnies low-cost qui menacent de réduire leurs dessertes à destination du Maroc. Pour les voitures de luxe, la profession a noté des annulations de commandes. M. B. : La taxe aérienne existe dans plusieurs pays à vocation touristique comme la France, sans que cela n'impacte l'attrait de ces destinations. Au Maroc, la taxe est limitée à 100 DH pour la classe économique et 400 DH pour la classe affaire. Jusqu'à aujourd'hui, je n'ai pas eu de position officielle des compagnies low-cost, notamment Easy Jet et Rayanair. Ces compagnies sont connues par leur pression et leur lobbies. J'étais ministre du Tourisme et je sais ce que cela veut dire. Dans le cadre d'un partenariat, elles défendent leurs positions et nous sommes en discussion. Le Maroc est en train de soutenir le tourisme à travers des contrats et des partenariats avec ces compagnies pour drainer plus de touristes. Pour l'imposition des voitures de luxe, elle est progressive. Elle commence à partir de 5% pour les véhicules dont le prix varie entre 400.000 DH et 600.000 DH pour passer ensuite à 10, 15% et enfin à 20% pour les voitures dont le prix dépasse 1 million de DH. Cette taxe n'a pas uniquement pour objet de drainer des recettes pour l'Etat, mais également de limiter la fuite de devises vers l'étranger.