Fini les discours complexes, les slogans qui sonnaient parfois creux et les arguments intangibles. La nouvelle approche pour attirer les PME vers le marché boursier se veut plus pragmatique et concrète, basée sur des faits réels et des arguments qui parlent aux chefs d'entreprises en s'inspirant exclusivement de leurs défis quotidiens. Cette nouvelle approche que la Bourse de Casablanca compte bien décliner avec ses partenaires sur le terrain, a connu un premier test grandeur nature à Tanger où, devant les membres de la CGEM région Nord, Tariq Senhaji, Directeur général de la Bourse de Casablanca, Nafeh Agourram, président du Conseil régional de l'Ordre des experts-comptables, et Omar Amine, associé fondateur du cabinet O Finance, ont tour à tour exposé les avantages du marché pour les PME, le rôle de l'expert-comptable dans cette démarche et les facteurs clés de succès pour réussir une opération. Tarik Senhaji s'est voulu pragmatique dans ses interventions : «Avec la Bourse, vous vous financez en gardant votre pouvoir de dirigeant», «si vous êtes bon, aucun autre financeur ne valorise autant votre travail que la Bourse»... Des messages adressés aux chefs d'entreprise, tout en insistant sur le coût moindre d'un listing en Bourse par rapport au financement bancaire, plus accessible certes, mais plus contraignant, alors que, dans cette seule région, l'ensemble des crédits Relance octroyés aux entreprises atteignent 8 Mds de dirhams. Autant de fonds qu'il faudra amortir et payer pour ces entreprises. «Il faut que nous occupions le terrain au maximum pour répondre aux questions et aux problématiques des entreprises. Nous n'avons rien à vendre. Nous sommes là pour répondre aux questions du quotidien des PME», précise Senhaji. Le rôle de l'expert-comptable L'expert-comptable d'une PME est un réel prescripteur. Il peut encourager l'entreprise à aller sur le marché, comme il peut l'en dissuader. C'est pour cette raison qu'il (l'expert-comptable) est désormais associé à cette nouvelle stratégie de conquête. Comme l'explique Nafeh Agourram, ces professionnels interviennent avant, pendant et après l'IPO. Leur rôle commence par l'assainissement des comptes des entreprises, l'aide à l'identification des axes stratégiques et passe par l'accompagnement des choix des méthodes de valorisation jusqu'à la certification des comptes et la communication financière post-opération. Les facteurs clés de succès «L'introduction en Bourse ne doit se faire ni en fin de cycle de développement ni au démarrage», résume Omar Amine du cabinet O Finance. «Le plan de développement doit être crédible et clair et les investisseurs doivent être capables de se projeter rapidement dans l'Equity Story de l'entreprise», ajoute-t-il. «La préparation de l'opération est également primordiale. Les aspects juridiques, de gouvernance et fiscaux doivent être réglés en amont. Sur l'aspect gouvernance, les PME doivent faire également le ménage dans l'actionnariat et se doter d'une équipe dirigeante. Après l'introduction en Bourse, la PME doit se préparer à la vie avec les investisseurs et les analystes financiers. Le reporting financier et extra-financier doit également être maîtrisé. Tous ces éléments permettent de bâtir une Equity Story et aux investisseurs de la comprendre et y adhérer rapidement», conclut l'expert.
Profiter du timing de marché Le succès retentissant de l'IPO TGCC, bien que ce ne soit pas une PME, s'explique en partie par l'appétit actuel des investisseurs pour du papier frais. De plus, les valorisations sont élevées et, comme le dit Tarik Senhaji, «les dirigeants des entreprises doivent en profiter maintenant pour bénéficier des valorisations offertes». Même son de cloche chez Omar Amine, pour qui les entreprises doivent se préparer à l'avance et être prêtes pour n'attendre qu'un timing parfait, comme le moment actuel, pour réaliser l'opération.