1. La vision «Métaverse» de Mark Zuckerberg est-elle réalisable au Maroc ? La vision de Mark Zuckerberg est réalisable tout court. Au pays de la disruption technologique, de la recherche & développement, mais surtout de l'Innovation, tout est possible. Nous assistons à l'émergence d'un progrès technique qui va encore apporter plus de solutions et d'opportunités, mais va aussi réinventer les relations sur la toile. Est-ce réalisable au Maroc ? Notre pays est ouvert sur le monde, l'internaute est libre, nous consommons le digital sans censure, ni prohibition, et cela démontre encore une fois le niveau de démocratie dont jouit le Marocain. Par contre, la question à poser est comment être un acteur dans ce grand changement qui, sûrement, va bouleverser la donne et redistribuer les cartes du développement. A mon avis, il est temps de prendre le TGV de la 5G, car l'infrastructure télécoms et haut débit est le nerf de la guerre, et Zuckerberg en parle comme d'un prérequis incontournable de sa vision futuriste de ce nouveau net. Il faudra ensuite développer les métiers du futur et inciter le tissu économique à tirer le meilleur profit de ce monde qui se profile… dans un avenir très proche. Encourager la création de contenu virtuel et augmenté est un challenge à inculquer à nos start-up et autres champions du digital.
2. Les Marocains pourront-ils profiter des nouvelles fonctionnalités de Meta ? C'est ce que je disais plus haut. Nous sommes une nation qui va vers la découverte sans contraintes ni tabous. Le «Leap Frog» que nous avons observé dans le secteur des télécoms sur les vingt dernières années, le taux de pénétration du mobile et l'adoption des réseaux sociaux comme vecteurs de communication, d'interaction mais aussi de développement (market places), démontrent que l'adoption de ce genre de révolution se fera d'une manière naturelle. Ce nouveau virage marquera le début de quelque chose, qui se dessine aujourd'hui, mais qui aura un impact très profond. Nous sommes passés du texte à l'image, puis à la vidéo. Aujourd'hui, nous créons un autre monde encore plus disruptif que le sont les réseaux sociaux, mais surtout que l'est Internet.
3. Facebook demeure le réseau social le plus utilisé par les Marocains. A votre avis, ces changements vont-ils impacter cette relation ? Facebook et son fondateur ont été obligés de rattraper le temps perdu, ou alors de confirmer leur première place de réseau social le plus fréquenté au monde. La montée en puissance d'autres RS plus prisés par les «Millenials» constitue une vraie menace pour le leader. Instagram (appartenant à Facebook), Tik Tok, YouTube, WeChat… gagnent du terrain et bousculent le roi des RS, installé sur son trône depuis presque deux décennies. Rappelons que Facebook, qui s'inscrit dans l'innovation continue, a acquis, en l'espace de seize ans, 44 entreprises. La réinvention de Facebook est un virage tout à fait normal, et les innovations déclarées seront sûrement observées à la loupe par les concurrents. Les internautes marocains ne diffèrent en rien de ceux des autres pays, l'intérêt pour tel ou tel autre RS viendra de l'utilisation des services offerts, de la richesse de la plateforme, mais surtout de l'utilisation massive de la communauté… C'est un effet moutonnier, mais aussi d'usage et de comportement, qui fera que nous allons tous adopter et accepter les innovations qui seront offertes par la plateforme. Zuckerberg table sur l'utilisation accrue de la réalité virtuelle et augmentée, et cela constitue aujourd'hui un axe d'innovation au sein de la Silicon Valley. Netflix, le géant du streaming, qui a profité de la phase Covid-19 pour passer de 369 milliards de dollars US (mars 2020) à 645 milliards de dollars US (au 5 novembre 2021) en termes de capitalisation boursière, prévoit déjà de faire bénéficier ses abonnés du «Movie playing», c'est-à-dire que, dans l'avenir, on sera capable de se voir jouer dans un film ! Oui, chacun de nous choisira de se mettre dans la peau d'Indiana Jones ou de Angelina Jolie et de savourer le plaisir de l'aventure !
4. Ce rapport étroit qu'ont les Marocains avec cette plateforme pourra-t-il contribuer à la digitalisation des entreprises au Maroc ? Notamment avec la nouvelle fonctionnalité Workplace de Meta. L'ingéniosité et l'innovation de la génération Y, mais également des autres générations, voire aussi de certaines entreprises, arrivent à créer de la valeur sur les market places déjà offertes sur le net, et spécialement sur Facebook. Je suis sûr que dans l'avenir, les Workplace Rooms, une fonctionnalité qui permet de passer des appels vidéo allant jusqu'à 50 participants, seront fortement adoptés par les internautes. Il s'agit de la même technologie que celle derrière Messenger Rooms, annoncé le mois dernier. Il n'est pas nécessaire d'avoir l'application Workplace installée pour participer, ni même d'avoir de compte. Autre nouveauté : la possibilité d'avoir un sous-titrage automatique en anglais, français, allemand, italien, portugais et espagnol. Workplace peut également automatiquement traduire l'une de ces langues vers les autres. L'offre Oculus for Business, qui s'appuie sur Workspace et utilise des casques VR autonomes Oculus Quest, est désormais sortie de sa version bêta, et est globalement disponible. Facebook la destine pour l'instant principalement aux grandes entreprises.
5. Comment peut-on saisir cette opportunité pour contribuer à l'accélération de la digitalisation des entreprises au Maroc ? Des plateformes de sensibilisation pour la PME permettront de tirer le meilleur profit de ce genre de RS, mais aussi la création de contenu et l'encouragement de la communauté start-up à innover afin d'offrir des produits et services qui cadrent avec nos secteurs économiques majeurs, à savoir l'éducation, le tourisme, la santé… tels que cela a été rappelé par Mark Zuckerberg lors de sa séance d'information au sujet de Metaverse. Le chantier de la digitalisation des entreprises marocaines est un objectif porté par le plus haut sommet de l'Etat. Pour la première fois, nous observons un gouvernement confier cette responsabilité à un portefeuille ministériel, avec une feuille de route : d'abord l'accélération de la transition numérique et de la réforme administrative, ensuite la digitalisation de l'ensemble du tissu économique. Les autres secteurs doivent suivre, et je fais référence notamment à l'éducation, la recherche, la santé, l'infrastructure… Le digital, et la Covid-19 nous l'a démontré, est un vecteur de développement et de croissance des nations.