Les transferts des MRE évoluent de manière soutenue depuis plusieurs années. Quelques pistes sont indiquées pour mieux orienter les flux.
65 milliards de dirhams : c'est en moyenne le montant qu'envoie annuellement la diaspora marocaine vers le Maroc. Ces transferts des Marocains résidant à l'étranger représentent l'une des sources de devises les plus importantes du pays, alors que les recettes touristiques sont en chute libre depuis le déclenchement de la crise sanitaire. En effet, les transferts ont progressé de 5% en 2020, année de crise, pour s'établir à 68 milliards de DH. Selon l'Office des changes, les transferts de fonds effectués par les MRE se sont élevés à plus de 36,34 milliards de DH au titre des cinq premiers mois de 2021, contre 24,19 milliards de DH sur la même période un an auparavant. Une progression fulgurante de plus de 50%. Plusieurs raisons expliquent la bonne tenue des transferts MRE malgré le contexte de crise sanitaire. D'une part, il y a le sentiment de solidarité de la diaspora marocaine envers leurs familles au Maroc, surtout dans la période difficile de la pandémie. De l'autre, les restrictions des déplacements entre pays ont également contribué à la hausse des transferts d'argent. «Globalement, ce que nous observons depuis plusieurs décennies, c'est que ces transferts évoluent d'une manière régulière et continue indépendamment des crises et des événements qui pourraient avoir lieu», avait indiqué Mohamed Benchaaboun, ministre de l'Economie, des Finances et de la Réforme de l'Administration. Ceci étant, les investissements des MRE au Maroc sont très faibles et représentent seulement 10% des transferts, tandis que 20% sont placés dans des dépôts bancaires, le reste (70%) va à la consommation. Parmi les 10% investis, 70% vont vers l'immobilier et 20% vers l'investissement dans les services et l'industrie. A cet égard, Benchaaboun avait souligné «l'importance de tirer profit du savoir-faire des Marocains du monde, une communauté qui a développé un réseau relationnel, commercial et technologique, sur lequel le Maroc peut capitaliser pour résoudre la problématique de la relance». Des mécanismes pour inciter les MRE à investir au Maroc Plusieurs mesures-phares ont été prises par le ministère délégué chargé des Marocains résidant à l'étranger et des Affaires de la migration pour permettre aux MRE d'investir dans le pays ou de s'y installer et monter leur structure. On cite la mise en place d'une cellule dédiée à l'accompagnement des investisseurs MRE, ayant pour mission d'informer et d'orienter les investisseurs potentiels sur les différents secteurs de l'économie, d'assister les porteurs de projets durant toutes les étapes de réalisation de leurs projets. La création d'une plateforme digitale www.marocainsdumonde.gov.ma comportant une rubrique entièrement dédiée aux investisseurs intitulée «investissement», qui rassemble les informations relatives à l'acte d'investissement (guide à la création de l'entreprise, climat d'affaires, grands chantiers économiques…). Pour inciter les MRE à investir au Maroc, renforcer et pérenniser leur lien économique avec leur pays, un dispositif d'appui financier «MDM Invest» a été reconduit. Ce fonds est géré par la CCG. Les secteurs d'activités éligibles à ce mécanisme sont l'industrie et les services liés à l'industrie, l'éducation, l'hôtellerie et la santé. Egalement pour des start-up et porteurs de projets innovants, il existe le «Fonds Innov Invest» destiné au financement de l'innovation. Le ministère a développé également des partenariats stratégiques dans le cadre de la coopération bilatérale avec la France, pour la mise en place du projet «Maghrib entrepreneurs» avec l'Agence française de développement (AFD) afin d'appuyer la création d'entreprise par les MRE. Le Royaume a également mis en place une stratégie de communication interactive avec les MDM, à travers des échanges directs et les réseaux sociaux. En définitive, notons que Bank Al-Maghrib s'attend à ce que les transferts d'argent des MRE restent soutenus, avec un taux de 7,6% à 73,3 milliards en 2021 et de 2,8% à 75,4 milliards en 2022.