La légalisation du cannabis est un sujet qui revient en force ces derniers temps au Maroc. Cette fois, c'est la classe politique, par la voie de l'emblématique Parti de l'authenticité et de la modernité (PAM), qui soulève la polémique. La formation du tracteur a organisé une journée d'étude sur la culture du kif en invitant des experts, des penseurs, des sociologues, des hommes politiques et aussi des responsables de la société civile. L'idée est d'enrichir le débat le plus largement possible et tâter le pouls du microsome intellectuel marocain sur le sujet. Malgré les efforts alloués pour lutter contre cette culture, le Maroc est toujours considéré comme le premier producteur et le premier exportateur mondial de cannabis. Il faut rappeler que le cannabis fait partie des séquelles de la période coloniale. Il a été importé par les Anglais au cours du 18ème siècle. A l'origine, le pavot est une plante essentiellement cultivée dans l'Asie mineure et le Moyen-Orient, notamment dans des pays comme l'Afghanistan ou le Liban. Proximité oblige avec l'Europe, l'activité au Maroc a connu une forte expansion, surtout que le pays a connu des périodes d'instabilité à la fin du 19ème et début du 20ème siècle. La culture du kif était une activité légale et sa consommation aussi, et cela jusqu'à la fin des années 30. Une bonne partie des fumeurs marocains à l'époque utilisaient leur «sebsi» au vu et au su de tout le monde. C'était aussi une façon de résister pour boycotter les cigarettes fabriquées par la Régie des tabacs, considérée comme un produit qui fait l'éloge du colonisateur. C'est l'administration française qui a décidé de l'interdire sous prétexte que c'est une drogue et, depuis cette date, le cannabis est devenu un produit prohibé. La légalisation du cannabis ne doit pas se limiter à être un sujet en vogue discuté dans les salons et débattu dans les médias, mais il faut pousser le bouchon plus loin. Il faut lancer des études pour avoir des données fiables notamment sur le nombre des consommateurs, des exploitants et aussi des dealers. Même si elle est souterraine, c'est une activité économique qui crée de l'emploi, de la valeur ajoutée et génère des devises. Il y a donc du potentiel, mais il faut l'utiliser intelligemment et l'orienter vers des utilisations légales comme l'industrie pharmaceutique ou cosmétique par exemple. Par ailleurs, le Maroc doit s'inspirer des expériences étrangères de certains pays qui ont légalisé le cannabis dans un but thérapeutique. Par Charaf Jaidani Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.