La circulaire de l'AMMC sur l'information pousse les émetteurs à publier un rapport ESG. Par A. Hlimi
Communiquer plus et mieux : le double objectif de la dernière circulaire de l'AMMC, introduite en 2019, a fait trembler les émetteurs qui se sont très vite plaints d'une inflation informationnelle qui risquait d'être coûteuse et chronophage. Le régulateur a introduit plusieurs nouveautés pour rehausser la qualité de l'information fournie. Le rapport ESG est l'une des principales nouveautés. Il vient consolider une information extra-financière qui n'était pas vraiment normée, si ce n'est quelques recommandations de l'AMMC que les émetteurs pouvaient ignorer. Un premier exercice prometteur Les entreprises qui font appel public à l'épargne ont publié en 2020 et pour la première fois, leurs rapports ESG. L'Institut marocain des administrateurs (IMA) en a profité pour publier, en partenariat avec Utopies, la première édition du baromètre des rapports ESG. Contrairement aux enquêtes précédentes, celle-ci repose exclusivement sur l'information publique disponible dans les rapports financiers publiés à la date du 30 juin 2020, portant sur l'exercice 2019. L'objectif de ce baromètre n'est pas d'être prescriptif ni de prendre position sur des «bonnes pratiques», mais de dresser un état des lieux des pratiques de diffusion de l'information extra financière (y compris celle qui n'est pas exigée par le régulateur) et d'appréhender leur degré d'appropriation par les entreprises. Les éditeurs de ce rapport constatent qu'en 2018, en amont de l'obligation légale imposée par la nouvelle circulaire AMMC, 60% de sociétés cotées avaient publié un rapport financier annuel, contre 44% en 2015. Ces chiffres indiquent surtout l'ampleur des exigences de reporting par rapport à un état initial où la communication était volontaire, mais toutefois encouragée par le régulateur, et la vitesse à laquelle les sociétés cotées ont dû s'adapter et répondre aux exigences d'information des parties prenantes. Un panel de 78 émetteurs Le baromètre a porté sur un panel de 78 émetteurs faisant appel public à l'épargne. Parmi les principaux résultats : • 88% des sociétés du panel ont décrit leur stratégie en matière de RSE, mais seul un tiers a publié une matrice de matérialité. • Les deux tiers des entreprises ont une direction RSE dédiée ou un comité exécutif transversal en charge des questions RSE. • 4 sociétés sur 78 ont mis en place un comité RSE émanant du Conseil d'administration. • Huit sociétés du panel sur 78 ont communiqué sur des critères environnementaux ou sociaux «indigènes» qui leur sont propres. • 49% des sociétés ont au moins un administrateur indépendant et près des deux tiers ont au moins une femme administrateur au sein de leur Conseil. Cela dit, l'IMA et Utopies font remarquer que les informations les moins disponibles en termes de politique de gestion des ressources humaines sont celles relatives à la diversité, en particulier le handicap, avec seulement un tiers des entreprises décrivant leur politique en la matière.