Les Editions Orion viennent de publier, le 15 février 2021, un ouvrage philosophique signé par Abdelhak Najib et Mounir Serhani, qui pose la question de la valeur de l'homme dans un monde en proie au chaos. Un livre sans concession, un ouvrage qui appréhende l'idiotie de la réalité de ce monde finissant. « On ne devrait écrire des livres que pour y dire des choses qu'on n'oserait confier à personne », Cioran, De l'Inconvénient d'être né.
Ce livre, écrit à quatre mains, est indubitablement dangereux. Amoureux de la révolte, il participe de la « philosophie terroriste », de la pensée privée et iconoclaste, écrite à même la sincérité, la spontanéité et l'émotion. C'est un écrit qui déroge à la complaisance, diffère, un peu, le suicide, celui de l'homme sans divertissement, rejette les clichés et les poncifs galvaudés, et prescrit une autre manière de vivre. Ainsi, le philosophe terroriste s'érige en héraut du cri collectif étouffé par les lois de l'ère que nous vivons, que nous subissons, celle de la médiocrité. La philosophie se doit de dissoudre l'ordre apparent et d'affronter le chaos. Réussir à penser le pire, tel est le but commun propre à ces philosophes et l'objet de ce livre est de s'interroger sur la nature de cette nécessité, sur la possibilité d'une philosophie tragique. Un tragique jubilatoire qui appréhende l'idiotie de la réalité. Les deux auteurs sont très clairs et n'y vont pas par quatre chemins : « Si ce livre vous gêne, vous secoue ou vous bouleverse, jetez-le, brûlez-le avec le feu de la nonchalance, mais vous raterez votre rendez-vous avec le verbe maudit, la gifle que vous promet la vie, les limbes qui apaisent, l'autre visage de l'enfer, l'autocritique vraie, digne de ce nom.» La rédemption par la péché, publié par les Editions Orion, est un ouvrage qui prône une vision du monde entretenue par la damnation, le péché et le mal d'être. A qui profite le crime est une question stupide. Aucune théorie du complot n'a droit de cité. On est responsable de tout ce qui se passe et se fait autour de nous. Clouer le moi au pilori pour rompre avec tout esprit pleurnichard exerçant une insupportable autoflagellation. Ce livre est dangereux car il nous alerte, il nous guide vers la terre de l'enfer qui est en nous et que nous tentons d'ignorer. «Ce qu'il faut se dire, c'est que nous préférons tous les enfers nourris de notre tragédie aux paradis artificiels, fruit de l'unique fantasmagorie encore en vigueur, celle de faire miroiter un faux-bonheur, dans un monde finissant. Ce faux-bonheur est une léthargie, une anesthésie générale avec aucune promesse de réveil. Aucun espoir d'éveil.» , soulignent les deux auteurs qui publient prochainement le tome II de cette réflexion philosophique sous le titre très révélateur : «Le danseur des cimes». Ce qu'il faut retenir dans cet essai philosophique, qui puise sa matière dans la déshérence de ce monde ultra-moderne dans lequel nous vivons, c'est que nous avons le droit de perdre, mais pas le droit de nous faire surprendre par l'hostilité d'un monde qui craint la force, qui abhorre la puissance, qui refuse le dépassement. Un monde qui se vautre, qui rampe, qui suinte la crasse de siècles de soumission. Un monde qui court très vite pour rester sur place. Nous sommes des adeptes de la réactance. Nous sommes résilients. Nous nous suffisons à la tragédie de notre existence. Nous chérissons notre vulnérabilité face à l'inéluctable, mais c'est sur elle que nous bâtissons notre résistance à l'homogénéité des êtres. Nous sommes réfractaires à l'ordre établi. Nous sommes les gens du « non». Mais du «oui» à tous les destins. Ceux qui détruisent, ceux qui annihilent, ceux qui préparent le nouveau sur les décombres du vieillot. Nous sommes du lendemain. Nous chantons avec toutes les aurores l'hymne à un Homme du pire, un Homme de l'irréversible, un Homme du désastre.