Managem et sa filiale SMI viennent de publier leurs résultats au titre du premier semestre. Les deux minières ont affiché des bénéfices en baisses respectives de 19% et 7%. Elles ont limité la casse malgré le décrochage des cours internationaux (les cours de cobalt et d'argent ont baissé de 14%, l'or de 8%, le cuivre de 7% et la fluorine de 17%). Mais le plus dur reste à faire, car les matières premières sont plus que jamais dans une zone de turbulence. Décryptage. SMI, la filiale du groupe Managem, a dégagé un chiffre d'affaires de 570 MDH au titre du premier semestre, en baisse de 5% par rapport à la même période en 2012. Le management a toutefois attribué cette baisse à un effet volume (-3%), sans doute parce que les prix de vente sont encore fixes, à cause des couvertures historiques établies par la société. Le résultat d'exploitation ressort à 242,7 MDH, en baisse de 22% par rapport à fin juin 2012, «conséquence de la baisse des volumes vendus et de la hausse du cash-cost due à la baisse de la teneur du minerai», explique le management. Au final, le résultat net affiche une baisse de 7% à 229 MDH à fin juin 2013, sous l'effet de celle du résultat d'exploitation, atténuée par la hausse du résultat financier et du résultat non courant. L'enjeu du deuxième semestre consisterait alors à améliorer la situation à travers une meilleure maîtrise des charges d'exploitation tout en maintenant des investissements pour accroître la capacité de production. Tout aussi engagée dans des investissements d'ampleur, la maison-mère n'a pas fait mieux que son poulain, en atteste la baisse du résultat d'exploitation de 11%, malgré le maintien des ventes et de l'excédent brut d'exploitation à des niveaux stables. Pour Managem, ce sont les amortissements comptables des derniers investissements effectués (démarrage de la production du cuivre de Jbel Laasel et hausse de production aurifère au Gabon), qui ont laminé l'effort de vente. Il est en effet important de signaler que Managem a réussi à vendre plus d'or et de cuivre, ce qui a permis de compenser la baisse des cours. Au final, la détérioration du résultat d'exploitation a entraîné une baisse du RNPG de 19% à 213 MDH. Le management reviendra-t-il sur ses pas ? Alors que les couvertures de Managem sur l'or arrivaient en grande partie à maturité l'an dernier, son président, Abdellaziz Abarro, avait expliqué que le groupe ne souhaitait pas nécessairement renouveler ses couvertures en anticipant une hausse des cours dans les années à venir. C'était en mars dernier. Depuis, les matières premières ont vécu l'un des trimestres les plus difficiles de la décennie. Prises de bénéfices des banques centrales, intérêt accru porté sur les marchés actions et signaux de relance aux Etats-Unis n'ont pas favorisé les matières premières, surtout celles dites refuges comme l'or et l'argent. Depuis, les cours se sont stabilisés sur leurs derniers plus bas jusqu'à ce que la Syrie les propulse à nouveau, mais pour une courte durée. L'arrêt progressif mais surtout incertain de la politique accommodante américaine serait de nature déflationniste et ne favoriserait pas la progression des cours. D'ailleurs, depuis une semaine, l'ensemble des marchés fait du surplace en attendant la décision de la Réserve Fédérale américaine (Banque centrale) ou ne serait-ce qu'un brin d'indice de sa part sur l'issue de sa politique monétaire. En face, les risques géopolitiques n'ont jamais été aussi persistants, et leur survenance devrait remettre en selle les métaux précieux. C'est la dualité entre ces deux scenarios qui fait que les cours sont actuellement dans l'expectative. Les contrats futurs sur l'or évoluent à -21% de leur valeur au 31 décembre 2012 et l'argent est à -27%. L'avenir nous dira donc si le management du groupe changera de fusil d'épaule. Mais en attendant, le groupe affiche sa volonté d'améliorer la structure des coûts, seul élément réellement maîtrisable dans l'équation.