Le déficit public devrait atteindre 4% du PIB en 2013, avec un taux de croissance estimé entre 2,3% et 2,6% par la Fed et à 1,9% par le FMI. L'utilisation outrancière de la planche à billets suscite moult critiques. Mais, in fine, l'objectif visé n'est-il pas atteint ? La crise financière de 2008 ? Elle semble bien être derrière les Etats-Unis. Fini les déficits budgétaires records ! Fini la récession ! Les Etats-Unis affichent maintenant un profil économique beaucoup plus reluisant, alors que, de l'autre côté de l'Atlantique, l'Europe contaminée patauge toujours dans les déficits publics sans pour autant réussir à trouver les chemins de la croissance. Peu importe la méthode, d'ailleurs décriée par certains observateurs, les Etats-Unis sont parvenus, en moins de cinq ans, à inverser la tendance. Si, en 2008-2009, le déficit de l'Etat fédéral atteignait environ 10% du PIB américain (niveau jamais atteint depuis 1945), affecté par une baisse de 16,6% des recettes fiscales provoquée par la crise et par une hausse des dépenses de 18,2%, il a été fortement réduit depuis. Après 7% en 2012, il devrait, selon les prévisions du budget du Congrès, s'établir à environ 4% du PIB au terme de l'exercice 2013 (642 milliards), grâce notamment aux recettes attendues en septembre, liées aux impôts sur les sociétés. Moins optimiste, la Maison blanche table, quant à elle, sur un déficit plus important de 973 milliards, soit 6% du PIB. En tout cas, ce sera la première fois en cinq ans que le déficit annuel des finances publiques va passer sous le seuil des 1.000 milliards. Cette diminution «rapide» du déficit ne séduit pas pour autant le Fonds monétaire international. «La réduction du déficit en 2013 a été excessivement rapide et mal conçue», souligne à ce titre le FMI dans sa revue annuelle sur l'état de l'économie américaine. Il faut dire que les Etats-Unis n'y sont pas allés de main morte, au regard notamment des coupes budgétaires décidées en mars pour baisser les dépenses, couplées à la hausse de la fiscalité appliquée en janvier. Ainsi, sur les huit premiers mois de l'exercice budgétaire (entamé le 1er octobre), les dépenses sont quasi stables (+1%) à 2.427 milliards, tandis que les recettes ont progressé de 15 % à 1.801 milliards. Pour le FMI, «ces coupes devraient être remplacées par un mélange (...) d'économies et de nouvelles recettes, qui soit assez proche de la proposition de budget du gouvernement». Pourtant, si S&P a relevé de «négative» à «stable» la perspective attachée à la note AA+ des Etats-Unis, c'est bien à cause du redressement récent des recettes fiscales et des mesures adoptées à Washington pour tenter d'apporter une solution durable au problème du déficit budgétaire. Quid de la croissance ? Ces coupes budgétaires drastiques se font-elles cependant au détriment de la croissance? Oui, selon le FMI qui prévoit une croissance de l'économie américaine de 1,9% en 2013, mais qui estime qu'elle aurait pu se bonifier de 1,75 point supplémentaire si le gouvernement n'était pas si pressé de réduire le déficit budgétaire. Au premier trimestre, la réduction des dépenses fédérales et de celles des Etats et collectivités locales ont, à ce titre, ponctué le PIB de près d'un point de croissance. Mais la Réserve fédérale est loin de la retenue affichée par le FMI. La Fed prévoit, en effet, un taux de croissance entre 2,3% et 2,6% cette année, entre 3,0% et 3,5% l'année prochaine et entre 2,9% et 3,6% en 2015. Pour 2014, le FMI a, quant à lui, revu à la baisse sa prévision de croissance de 3% à 2,7%. Par ailleurs, le FMI recommande surtout à la Réserve fédérale de soutenir la reprise en poursuivant sa politique de rachat massif d'actifs jusqu'à fin 2013, tout en envisageant de la suspendre dans le futur. Sauf que Ben Bernanke, président de la Fed, a laissé entendre un autre son de cloche. «Si les prochaines données macro-économiques continuent de correspondre à nos attentes actuelles pour l'économie, nous continuerons de réduire le rythme de nos rachats (...), avant une fin des rachats vers la mi-2014», a-t-il affirmé. Il faut savoir que pour maintenir les taux d'intérêt proches de zéro et stimuler la croissance, la Fed dépense 85 milliards de dollars par mois en bons du Trésor depuis le début de l'année. Certes, en faisant jouer à fond la planche à billets, avec de surcroît un taux d'inflation maintenu aux alentours de 2% (1,2% prévu en 2013), la Banque centrale américaine essuie des critiques de toutes parts. Mais qu'importe la manière, n'est-elle pas toutefois en train d'atteindre ses objectifs ? La croissance est de retour, l'inflation est contenue, le taux de chômage devrait se situer en moyenne entre 7,2% et 7,3% à la fin de cette année, entre 6,5% et 6,8% au quatrième trimestre 2014 et entre 5,8% et 6,2% fin 2015. Mieux, aujourd'hui, la confiance des consommateurs américains vis-à-vis de l'économie est pratiquement au plus haut, avec un indice qui pointe à 84,1 à fin juin, grâce notamment aux revenus croissants des ménages. Un indice d'autant plus important pour les économistes que les dépenses des consommateurs représentent environ 70% de l'activité économique des Etats-Unis. Alors, que veut le monde ? What else !?, comme dirait George Clooney.