L'objectif du Royaume est de dédier à l'horizon 2020 de 2% du PIB à la recherche et le développement (R&D). Le nombre de brevets déposés par les résidents marocains entre 2000 et 2010 est inférieur à cent. En Turquie, ce chiffre est supérieur à mille. Ce qui conforte est que la marge de progression reste relativement importante pour le pays. La connaissance a toujours été le corollaire du développement. Les effets combinés de la mondialisation et du progrès technologique, ces dernières années, ont donné au Maroc moult fenêtres d'opportunités pour tirer la croissance vers le haut. Grâce aux nouvelles technologies, la généralisation et l'accessibilité à la connaissance deviennent plus simples (démocratisation cognitive). Pour convertir ces opportunités à son avantage, le Maroc doit s'inscrire dans une dynamique prospective, ce qui suppose une recherche permanente d'idées nouvelles. Certains pays comme Singapour ont pu tirer profit de la puissance du changement technologique en amplifiant leur avantage comparatif technologique. Le défi actuel du Royaume est de trouver le filon lui permettant d'intégrer le peloton des leaders des pays émergents. La diversification de l'économie nationale est aussi un challenge, si l'on sait que seuls quelques secteurs tirent la croissance nationale. D'où l'importance de développer les ressources cognitives. Croissance basée sur la connaissance et l'innovation Une croissance fondée sur l'innovation et la connaissance est plus que justifiée au Maroc qui devra faire face à de multiples défis. Le taux de chômage des jeunes diplômés se situe autour de 17%. Le déficit d'emplois semble être la conséquence de l'inefficacité du système économique (faiblesse du secteur privé, système éducatif peu adapté). A cela, s'ajoute le défi du changement climatique qui induira des problématiques liées à l'augmentation des denrées alimentaires et une forte pression sur les espaces urbains. D'après les dernières études de la Banque mondiale, les plus démunis consacreront entre 35 et 65% de leurs revenus à l'alimentation. D'où la pertinence de transformer l'économie nationale par le biais de la connaissance, ce qui développera une résilience face à ces défis. Cette stratégie de développement cognitif repose sur quatre piliers. Il s'agit de l'éducation (fondement de l'économie de la connaissance), de l'innovation (source de renouvellement des économies), des nouvelles technologies (smartphones, tablettes, etc.) et enfin du cadre économique et institutionnel (condition de l'efficacité globale). Le nouveau rapport de la Banque mondiale argue que le monde arabe a sous-investi dans l'économie de la connaissance et de l'innovation. Toutefois, l'institution financière estime que le Maroc est un pionnier en matière de réformes réglementaires dans le secteur de la téléphonie mobile. Cela a considérablement intensifié la télédensité nationale. Par ailleurs, le Royaume a mis en branle les fondations d'une économie basée sur l'innovation. La construction de parcs technologiques (Casa nearshore, par exemple) et de fabrications de pointe (aéronautique, électronique) en témoignent clairement. En dépit de ces efforts susmentionnés, l'indice de l'économie de la connaissance (KEI) du pays reste timoré en comparaison à des pays au développement similaire. Cet indice est de 4,2 en Egypte, de 5,6 en Jordanie et de 3,7 au Maroc. Dans un contexte marqué par une offre exportable en perte de vitesse, certains estiment qu'il est temps de promouvoir une compétitivité basée sur la connaissance, plutôt que sur des facteurs de production traditionnels. Pour ce faire, l'économie doit être orientée vers des secteurs de production compétitifs basés surtout sur des emplois qualifiés. D'après, la Banque mondiale, un effort, aussi minime soit-il, déployé dans l'économie de la connaissance, permettrait de créer, à moyen terme, plus de 300.000 emplois en Tunisie, les mêmes proportions au Maroc et plus de 700.000 emplois en Arabie Saoudite. Bâtir une économie fondée sur l'innovation permet de déboucher sur une croissance économique durable, et donc plus pérenne. Implications d'une économie de l'innovation L'investissement dans l'éducation doit être quantitativement important. Mais le plus important est son aspect qualitatif. Car certains sceptiques estiment que les efforts déployés par le pays dans le domaine de l'éducation n'ont pas donné les résultats escomptés (entreprises en quête d'une bonne RH, inadéquation entre formations et emplois). D'où la nécessité de développer une approche basée sur les compétences au service de l'emploi et de la productivité. A ce titre, la promotion de la science et de la technologie dans l'enseignement supérieur est une condition sine qua none. Cette voie est empruntée par les pays d'Asie et, plus exactement, par la Chine où plus de 2/5 des étudiants sont spécialisés dans les domaines de la science et de la technologie. En 2006, le Maroc a dépensé 0,6% du PIB en recherche et développement. Tandis que la Tunisie y a consacré plus de 1% de son PIB en 2009. La plus grande partie de ces dépenses en R&D est financée par l'Etat. Or, ce sont les entreprises marocaines qui ont plus besoin de matière grise. L'objectif du Royaume est d'atteindre à l'horizon 2020 un niveau de dépense de 2% du PIB dans la R&D et que le secteur privé en assure 25% du financement. Le nombre de brevets déposés par les résidents marocains entre 2000 et 2010 est inférieur à cent. En Turquie, ce chiffe est supérieur à mille. Promouvoir l'innovation nécessite aussi des moyens financiers. D'où la nécessité de créer des institutions fournissant du capital risque aux entreprises innovantes. La diversification sectorielle, voire spatiale, est un prérequis nodal pour transformer l'économie sur la base de l'innovation. Cela permet de cibler les secteurs à fort potentiel. Dans ce cadre, le Maroc a fait de grands pas, comme en témoignent les différents plans mis en œuvre (Emergence, Plan Maroc Vert, Halieutis, Plan Azur, Maroc innovation, etc.). Au final, les économies modernes se développent autour de sites où la masse critique de personnes talentueuses, de scientifiques et de financiers se côtoient. Cela doit pousser les entités publiques et privées à multiplier les parcs scientifiques et technologiques qui ont l'envergure de Technopolis (Salé) et Technopark (200 entreprises à Casablanca) où celui de Renault-Nissan (Tanger). L'avantage de ces parcs est qu'ils favorisent le transfert de technologie et assurent une logistique de qualité pour les PME marocaines.