◆ Les réserves en eau des barrages ne sont qu'à 41% seulement de leur capacité. ◆ Des exploitants rencontrent des difficultés pour s'approvisionner en eau.
Par C. Jaidani
Le stress hydrique s'accentue au Maroc. Deux années successives de faibles précipitations ont impacté fortement le secteur agricole, et par ricochet le monde rural. Les réserves en eau des barrages sont sous pression. Elles affichent au 24 août un niveau de stockage de 6,39 milliards de m3, soit un taux de remplissage de 41% contre près de 50% au cours de la même période de l'année dernière. Certains barrages dans le sud du pays affichent des niveaux très inquiétants, comme Al Massira (le deuxième du pays en termes de volume) qui présente un volume en eau de 395,6 millions de m3, soit un taux de remplissage de 14,9%, Bin El Ouidane, le troisième du pays, est à 285 millions de m3, soit un taux de 23,4%. D'autres ouvrages sont en voie de tarissement comme Abdelmoumen, avec 3,7% de remplissage, Lalla Takarkoust (7,7%), Youssef Ben Tachfine (12,6%) et Mansour Eddahbi (18%). Les exploitants, que ce soit dans les terres bours ou irriguées, attendent avec impatience l'automne, espérant la clémence du ciel. La période qui les sépare de la saison des pluies sera des plus difficiles. Ils appréhendent une troisième saison de déficit d'eau. «Si la sécheresse perdure, ce sera une catastrophe, un exode rural massif devrait être enregistré. Avec les effets de la covid-19 et les contreperformances de la saison écoulée, plusieurs fellahs ont déjà changé de métier. Ils ont vendu leurs parcelles pour se convertir à d'autres activités», souligne Mohamed Khalili, militant associatif et chercheur en économie rurale. Malgré ces circonstances difficiles, la plupart des fellahs restent attachés à leurs terres, espérant des jours meilleurs. Pour les agriculteurs installés dans les zones bours, l'approvisionnement en eau est devenu un véritable calvaire à cause de la baisse du niveau d'eau de la nappe phréatique. «Outre les besoins domestiques et d'abreuvage, nous devons irriguer les plantations, notamment les cultures maraîchères et fourragères fortement pratiquées en cette période estivale. Le débit actuel des puits étant insuffisant, nous sommes contraints de creuser encore plus profond ou carrément forer un autre puits», témoigne un exploitant de la région de Benslimane. Et comme le malheur des uns fait le bonheur des autres, les sociétés de forage de puits se frottent les mains. Leur activité a nettement augmenté, et sous l'effet de la demande, ils ont revu à la hausse les prix de leurs prestations.