◆ 67% des recrutements ont été suspendus ou reportés contre 17% et 16% respectivement pour les recrutements maintenus et partiellement maintenus, selon une étude. ◆ Les TPE plus confiantes sur le recrutement que les grandes entreprises et les PME.
Par B. Chaou
La pandémie de la Covid19 s'est très vite répandue à travers le monde, impactant les équilibres économiques et sociaux des pays. Au Maroc, les mesures préventives et sanitaires prises en vue d'endiguer le virus n'ont pas manqué d'avoir le même impact sur l'environnement socioéconomique et, par ricochet, sur le marché de l'emploi des jeunes. Pour mesurer l'impact de cette situation, le spécialiste en emploi, Stagiaires.ma, a dévoilé les résultats d'une étude intitulée : «l'impact de la Covid-19 sur l'employabilité des jeunes au Maroc». Une étude visant à mesurer l'impact de la crise sanitaire sur les stages et l'insertion professionnelle des jeunes, et qui a été réalisée du 2 au 30 mai 2020 auprès d'un échantillon représentatif de 13.005 étudiants, 1.279 lauréats et 812 entreprises. Elle offre, d'une part, une cartographie des difficultés auxquelles font face les entreprises, les étudiants et les jeunes lauréats et, d'autre part, une projection sur les perspectives post-crise en termes de recrutement et d'emploi des jeunes.
Reports et annulations Il ressort de ladite étude aussi bien en termes de recrutements que d'offres de stage, que la pandémie de la Covid-19 a impacté considérablement l'employabilité des jeunes. En effet, 67% des recrutements ont été suspendus ou reportés contre respectivement 17% et 16% pour les recrutements maintenus et partiellement maintenus, ont indiqué les entreprises interrogées. Il faut tout de même souligner une disparité selon les différentes catégories d'entreprises : avec 61% de recrutements maintenus ou partiellement maintenus, les TPE ont moins fait appel à la suspension ou le report comme solution structurelle face à la crise. Elles sont suivies de loin par les PME (15%) et les grandes entreprises (13%). Même dynamique en termes de stage. Seuls 19% des stages ont été maintenus, tandis que 64% ont été suspendus ou reportés. Là aussi, les TPE caracolent en tête des entreprises qui ont le plus sauvegardé leurs offres de stage, avec 37% de stages maintenus et 28% de stages partiellement maintenus. Au moment où seuls 9% et 11% de stages ont été maintenus respectivement au niveau des PME et des grandes entreprises. Pour les jeunes lauréats fraîchement en poste ou en instance de recrutement, la situation n'a pas été favorable. Ils sont 86% de jeunes lauréats à voir leur recrutement suspendu ou reporté en raison de la pandémie du coronavirus. Ceux en poste depuis moins de 6 moins ont été les plus impactés (37%). Il est à noter dans ce contexte que les jeunes lauréats des établissements publics sont plus touchés que ceux du privé (61% de recrutements suspendus pour le public contre 37% pour les écoles privées). Un écart qui s'observe également au niveau des stages. Si 62% des stages d'étudiants du public ont été suspendus, seulement 26% l'ont été pour ceux du privé. Cela est sûrement dû au manque d'accompagnement des étudiants issus du public.
Les TPE plus optimistes Malgré l'incertitude liée à la crise sanitaire de la Covid-19, la confiance est toujours de mise auprès des populations de l'étude, même si elle est plus prononcée chez les entreprises que chez les jeunes lauréats et les étudiants. 86% des entreprises confirment être confiantes par rapport à l'évolution de la situation (13% sont très confiantes, 17% confiantes et 56% moyennement confiantes). Cependant, la visibilité en termes de recrutement n'est pas au beau fixe, car seules 31% des entreprises disent avoir de la visibilité sur leurs plans de recrutement de jeunes lauréats. 40% des entreprises entendent augmenter le nombre de recrutements comparativement à l'année 2019, au moment où 22% d'entre elles comptent maintenir le même nombre que l'exercice précédent. Seules 2% des entreprises prévoient de suspendre leur recrutement pour 2020. Sur ce registre, les TPE, en dépit des horizons incertains causés par la crise, sont les plus disposées à augmenter le nombre de recrutements en comparaison avec 2019 (71%), tandis que ce chiffre n'est que de 24% et 26% respectivement pour les PME et les grandes entreprises.