Cela fait une année que les autorités financières crient haut et fort que l'instauration de la vente à découvert est imminente. Selon un calendrier récent, un ensemble de mesures devaient être annoncées en avril dernier aux côtés d'une certaine nouvelle loi bancaire. Résultat des courses : nada ! La vente à découvert est la vente de titres que le vendeur ne possède pas. Plus précisément, elle consiste à vendre des titres qu'on ne possède pas encore, mais qu'on doit se faire livrer, par l'intermédiaire d'un dépositaire ou bien d'une société de Bourse. Au Maroc, le texte de loi autorisant le prêt-emprunt de titres, qui est l'étape première d'une vente à découvert, a été voté mais aucune circulaire n'a été diffusée pour l'instant pour encadrer la pratique. Ainsi, lorsque l'investisseur emprunte des titres moyennant un loyer au prêteur, il les vend sur le marché. Ensuite, il doit racheter la même quantité de titres afin de solder sa position, soit durant une période bien définie (à l'américaine) ou bien à une échéance donnée (à l'européenne). Si le prix baisse, l'investisseur rachète les actions à un meilleur prix et dégage un bénéfice, et par contre, si le prix augmente, les actions sont rachetées à un niveau plus élevé et accusent une perte. Comme vous ne détenez pas les actions, vous devez payer au prêteur les dividendes ou les droits déclarés pendant la durée de l'emprunt (en général, c'est mentionné sur le contrat de prêt-emprunt). Si les actions sont fractionnées pendant que vous êtes à découvert, vous devez remettre au prêteur deux fois plus d'actions à moitié prix. Selon des traders de la place, on peut avoir recours à la vente à découvert pour deux raisons: La spéculation et la couverture. En effet, la raison la plus évidente est de profiter d'un titre ou d'un marché sur-évalué. L'autre raison réside dans la couverture de positions longues par des positions vendeuses, pour les market makers et les salles de marché. Expectative Selon un trader : «Cet outil devrait être lancé sur le marché en période d'euphorie accompagné de volumes importants. C'est la liquidité qui ferait de la vente à découvert un outil indispensable, et non l'inverse». Effectivement, le ratio de liquidité du marché avoisinerait 3%, selon les sociétés de Bourse, ce qui pourrait l'éjecter d'ailleurs de l'indice MSCI Emerging Market (EM), suivi par un grand nombre d'investisseurs étrangers où le Maroc pèse 0,1% d'un actif estimé à 85 Mds de $. La place de Casablanca est ainsi représentée par trois sociétés : l'opérateur télécom (IAM) avec un poids de 0,04%, l'immobilière Addoha et la bancaire Attijariwafa bank avec des poids de 0.03% chacune. Prévue pour le 15 mai, une revue des pondérations des pays et des valeurs sera faite, et une reclassification des pays aura lieu le 11 juin avec un éventuel rebalancement vers le MSCI Frontier Market (FM). Selon un broker de la place, le Maroc devrait s'accaparer un poids compris entre 3 et 5%, d'un actif estimé à 5 Mrd de $. En réalité, toutes ces données et déclarations de professionnels montrent que ce mécanisme attendu par certains et craint par d'autres est loin d'aboutir. En attendant le marché baisse tout seul et les effets d'annonces des autorités ne font qu'effrayer les épargnants piégés par la baisse des cours.