La contribution du secteur de la pêche dans la FBCF est de lordre de 2,5%. En vue daméliorer cette participation, les pouvoirs publics prévoient des mesures importantes, mais qui demeurent contrastées. Riche en ressources halieutiques, le Maroc occupe la position de premier producteur de poissons en Afrique et la 25ème à léchelle planétaire. La pêche constitue désormais un des secteurs les plus névralgiques pour le développement économique et social du pays. Elle emploie directement et indirectement près de 400.000 personnes et représente environ 16% des exportations globales et 55 % de celles des produits alimentaires. Sa contribution à la formation brute du capital fixe est de lordre de 2,5%. Dans une étude publiée par BMCE Capital, les analystes ont rappelé que depuis les années 1970, le secteur a certes bénéficié dune attention particulière, mais il nen demeure pas moins que la législation actuelle semble atteindre ses limites dans le contexte actuel de surexploitation des ressources marocaines et son corollaire la menace de disparition de certaines espèces. En guise de rappel, en vue davoir accès aux ressources halieutiques à lintérieur de lespace maritime sous souveraineté ou juridiction marocaine, il est indispensable dobtenir une licence de pêche, dune durée annuelle. «A ce titre, la loi marocaine a abandonné lapproche par espèces au profit dune approche globale applicable à lensemble des espèces sédentaires, afin den réglementer laccès». Aussi, il est à rappeler que jusquen 1999, le Maroc et lUnion européenne étaient liés par trois accords successifs donnant le droit de pêche dans les eaux territoriales marocaines, aux navires européens, moyennant le paiement dune redevance annuelle. Au fil des ans et parallèlement aux changements intervenus au niveau de la réglementation mondiale en matière de normes phytosanitaires, les professionnels ont été ainsi astreints de moderniser lappareil productif. Parmi les mesures entreprises par la profession, figurent la normalisation des procédés de fabrication, la mise en place de systèmes de contrôle ainsi que le développement de certification qualité. Parmi les mesures directes figurent la mise en place de quotas de pêche ou captures totales autorisées précisément dans le cas des espèces menacées et la définition des périodes de repos biologique. En outre, lit-on dans létude, le Maroc a mis en place sur le plan patronal des organes consultatifs en matière de pêche au niveau régional et local. Sur le plan organisationnel, lONP est érigé par les autorités de tutelle en une sorte de régulateur de la pêche côtière et artisanale. Enfin, en vue de collecter un ensemble de données scientifiques fiables nécessaires à la prise de décisions et à lélaboration de politiques et de mesures visant laménagement des ressources halieutiques, le Maroc sest doté de lInstitut national de recherche halieutique. Une mise à niveau du secteur simpose A lexception dun nombre limité de ports, les infrastructures portuaires sont aujourdhui jugées vétustes pour leur grande majorité, non seulement en termes déquipement et de gestion, mais également en ce qui concerne laménagement des points de vente et de halles répondant aux normes internationales. À présent, seules dix halles sont certifiées ISO : il sagit de celles des ports de Tanger, Mehdia, Laâyoune, Nador, Al Hoceima, Mdiq, Larache, El Jadida, Jorf Lasfar et Essaouira. En ce qui concerne la flotte, fer de lance du secteur de la pêche, il faut reconnaître que celle hauturière est moderne. En 2003, la flotte a été constituée majoritairement de 355 céphalopodiers. Par contre, les chalutiers pélagiques ne dépassent pas 10 unités en raison de la valorisation insuffisante dont souffrent les poissons de cette espèce. Pour sa part, la flotte côtière sest renforcée au cours de ces dernières années, comptant en 2003 un nombre important de palangriers, lesquels constituent avec 878 unités, plus dun tiers de la flotte côtière. Mais cela nempêche quen dépit du nombre important dunités constituant la flotte, celle-ci souffre de plusieurs problèmes parmi lesquels on peut citer une forte désorganisation issue de loctroi massif de licences aux armateurs, une vétusté alarmante des navires dont la moyenne dâge dépasse 25 ans, une faible puissance motrice et une insuffisance marquée des systèmes de conservation à bord. Allongement de la période de repos biologique Force est de constater quentre 1993 et 2004 les tonnages débarqués dans les ports marocains se sont appréciés en croissance annuelle moyenne de 3,2 % pour une valeur en quasi-stagnation de -0,3 %. Les efforts entrepris par les pouvoirs publics de concert avec les professionnels pour moderniser le secteur ont permis de renforcer ses capacités et daugmenter quantitativement les prises dès 2000, profitant de la non-reconduction de laccord de pêche avec lUE. Selon les analystes de BMCE Capital, cette rupture de contrat, non discutable à lépoque du point de vue des responsables marocains, semble avoir été à lavantage du Maroc malgré la perte de 1,5 Md de DH au titre des compensations financières. En 2004, les prises de pêche hauturière ont été les plus affectées, enregistrant une baisse de 20,6 %. En raison de limportance de sa flotte, la pêche côtière et artisanale offre toujours la plus grande part des approvisionnements du Maroc avec près de 97 % du tonnage en 2004 contre 94,7 % en 2003. La proportion de la pêche hauturière représente quant à elle plus de 30 % de la production totale en 2004. Lautre caractéristique marquant le secteur de la pêche est la faiblesse de la demande qui prend progressivement de lampleur. Bien que riche en disponibilités de poissons, le Maroc connaît lun des niveaux de consommation les plus faibles au monde, ne dépassant guère 9,5 kg per capita et par an contre une moyenne de 16 kg. La faiblesse du marché domestique sexplique aussi par la concurrence exercée par la demande étrangère pour les poissons blancs, ainsi que par le pouvoir dachat limité du consommateur local. Sur les douze dernières années, la demande intérieure a enregistré un taux daccroissement de 5,5 %. Son accélération sest prononcée à partir de 2000, période qui a succédé la fin des accords de pêche avec lUE et qui a connu une baisse des prix sur le marché local. Les ventes à létranger se sont inscrites sur un trend haussier, affichant un taux daccroissement annuel moyen de 2,6 %. Par zone dexportation et du fait de la non-reconduction de laccord de pêche, lUE constitue le principal client du Maroc. Perspectives contrastées Pour les prochaines années, la rationalisation de la gestion du secteur continuera doccuper le devant de la scène aussi bien pour les responsables que pour les opérateurs. Hormis linstauration des périodes darrêt biologique, un code de la pêche, qui définit le cadre légal en matière daménagement pour chaque pêcherie, a déjà vu le jour mais tarde encore à entrer en application. Parmi les préoccupations, léradication de linformel, dont le poids dans la pêche côtière et artisanale est estimé à 70 %, doit être érigée en tant que priorité car sa prolifération constitue une menace sérieuse pour la pérennité de la profession et la sauvegarde des emplois déclarés. En matière de financement, un fonds de garantie doté de 200 MDH a été mis en place à linitiative conjointe de lONP et de certaines banques de la place. Par ailleurs, et dans le cadre de la modernisation du secteur de la pêche, les autorités de tutelle projettent la construction dun chantier naval, afin de réduire la dépendance du Maroc vis-à-vis de lUE. Un nouvel accord signé fin juillet 2005 donnerait accès aux eaux atlantiques marocaines pour une durée de quatre ans à 120 bateaux européens à partir du 1er mars 2006 en contrepartie dune redevance annuelle de 36 millions deuros.