Quelles seraient les conditions pour un éventuel renouvellement des accords de pêche entre le Maroc et l'Union européenne ? Les exigences du Maroc demeurent liées à «la préservation de ses ressources halieutiques», tandis que les responsables communautaires attendent toujours une décision politique «de faveur» leur octroyant la possibilité d'exploiter toutes les pêcheries marocaines sans exception ou spécification pour un type particulier. Après les vux exprimés par l'UE, via sa Commission, d'aboutir à un renouvellement des accords de pêche avec le Maroc début 2006, les conditions marocaines pour un éventuel retour des chalutiers européens ne se sont pas fait attendre. Devant les députés marocains, Mohamed Mohattane, secrétaire d'Etat chargé du Développement rural, a insisté sur les conditions élémentaires déjà exprimées et maintes fois réitérées et qui ne peuvent être mises à l'écart. Elles concernent la protection des ressources halieutiques marocaines. «Le Maroc pose comme condition que l'accord avec l'UE concerne les pêcheries les moins exploitées par la flotte marocaine et des zones spécifiques». Ce qui est important à relever, c'est que l'UE a réussi à convaincre le Maroc de revenir à la table des négociations. Il y a presque 6 ans que les débats sur le renouvellement des accords de pêche n'ont pas autant avancé. Est-ce que cela veut pour autant dire que toutes les demandes marocaines ont été satisfaites ? Il faut avouer que le secteur de la pêche, le plus mal organisé de toutes les branches d'activité, est une importante ressource de devises. Il est clair que notre pays ne pourra jamais être en position de force dans les négociations, les eaux marocaines étant devenues moins poissonneuses après l'exploitation intensive de notre zone de pêche. Accords fatals C'est dire que l'état du stock actuel affectera certainement les prochaines négociations qui visent avant tout à éviter les abus, mais aussi à prendre en compte les intérêts des pêcheurs marocains. Il faut remarquer que l'historique des relations entre le Maroc et l'UE démontre que le prétexte de l'exploitation des ressources halieutiques a servi notre pays pour tempérer les effets de l'inégalité flagrante des moyens dont dispose l'UE. En effet, l'Espagne et le Portugal concentrent 500 bateaux dans la zone économique exclusive marocaine, soit près de 95% de la flotte européenne opérant dans la région. Les trois accords qui ont été signés jusqu'à maintenant, d'une durée de 4 ans chacun, ont été «fatals» pour le Maroc non seulement pour son équilibre écologique et ses ressources naturelles, mais aussi en terme de profit. Des experts ont pu évaluer qu'au moment du gel des négociations sur les accords de pêche, le Maroc ne disposait que de 27% de ses ressources comparativement à la fin des années 80 quand l'exploitation européenne avait commencé. Il faut relever que malgré les divergences d'intérêt apparentes, le renouvellement des accords de pêche serait profitable aux deux parties. Le secteur de la pêche, qui emploie plus de 150.000 personnes et dont la majeure partie est vouée à l'exploitation, se caractérise par une forte empreinte sociale qui est aussi pesante sur l'autre rive de la Méditerranée. Les pêcheurs espagnols et portugais, avec la pression exercée par leurs syndicats, n'ont pas trouvé d'alternative sérieuse durant le gel des accords de pêche. Un autre point important intéressant de cet éventuel retour aux négociations entre le Maroc et l'UE : «le programme de modernisation du secteur» contenu dans le contrat-programme réclamé depuis 4 ans par les professionnels du secteur. Ces derniers gardent encore à l'esprit la leçon du dernier accord de pêche qui a concerné la période 1995/1999. La compensation financière, dont le montant était de l'ordre de 415 milliards de DH, n'a pas été estimée suffisante pour couvrir la valeur des prises effectuées, encore moins les intérêts des pêcheurs marocains qui ont été lésés durant cette période. Actuellement, les responsables européens semblent être convaincus que les intérêts des pêcheurs marocains comptent énormément dans la possibilité de renouvellement des accords de pêche.