Eclairage de Rostan Schwab, responsable de l'activité de conseil en PPP pour le Maghreb de la Société financière internationale (IFC, Groupe Banque Mondiale), sur le nouveau projet de loi sur le PPP au Maroc. Finances News Hebdo : Quel regard portez-vous sur le nouveau projet de loi sur le PPP au Maroc ? Rostan Schwab : Ce projet de loi est bienvenu. Il y a un contexte général qui fait que, contrairement à d'autres pays, notamment en Europe ou en Amérique Latine, le Maroc a relativement peu utilisé jusqu'au aujourd'hui la formule des partenariats public-privé (PPP) pour des raisons historiques, notamment les habitudes de réalisation en régie ou de commandes publiques des travaux d'infrastructure. Ce n'est pas un problème en soi, mais cela crée une opportunité à saisir pour le présent gouvernement, celle de mettre à profit un outil, les contrats de PPP, dont l'expérience internationale a démontré qu'ils sont un moyen efficace pour réaliser des projets d'infrastructure. Depuis plus de deux ans, la DEPP (ministère des Finances) et des ministères sectoriels ont décidé d'aller de l'avant sur ce type de projet. Deux choses ont été engagées. D'une part, des initiatives pilotes ont été prises par certains ministères comme le ministère de l'Agriculture ou le ministère de l'Energie qui ont développé de nouveaux projets dans le cadre de PPP, notamment les projets du plan solaire et les projets d'irrigation. D'autre part, il y a eu une réflexion plus large menée par le ministère des Finances pour aller au-delà de ces expériences pilotes. Pour cela, le ministère a collaboré notamment avec IFC (International Finance Corporation ou Société financière internationale) dans le cadre de l'établissement d'une cellule PPP au sein de la DEPP. Ce travail s'est poursuivi par l'identification des secteurs qui pouvaient porter ces nouveaux projets. Deux secteurs ont été identifiés : la santé et l'éducation. Par l'adoption prochaine du projet de loi sur les PPP, le gouvernement cherche essentiellement à améliorer la réalisation et la gestion par l'Etat des infrastructures non-marchandes comme les écoles, les universités ou les hôpitaux. D'autre part, en confiant à un consortium privé la conception, le financement, la construction, et l'exploitation/maintenance des bâtiments, des synergies sont engrangées qui permettent à la fois une réalisation des chantiers plus rapide et une dépense de l'Etat plus efficiente. En résumé, l'objectif des PPP est donc de faire plus et mieux en moins de temps. F. N. H. : Mis à part l'aspect financier, quelle sera la plus-value de ce projet de loi sur le PPP pour le secteur privé ? R. S. : L'adoption de cette loi permettra au secteur privé marocain d'accéder à un nouveau marché, d'acquérir un savoir-faire nouveau, et de décrocher des projets qui s'inscrivent sur le long terme. F. N. H. : Pouvez-vous revenir sur la collaboration de l'International Finance Corporation pour la réalisation de ce projet ? R. S. : L'IFC a parié, il y a deux ans, que le gouvernement marocain allait chercher à développer ce type d'outil. Pour cela, nous avons créé une équipe, ici au Maroc, spécialisée dans les PPP et signé un accord d'assistance technique avec la DEPP afin de développer un état des lieux et d'émettre des recommandations visant à renforcer l'expertise de l'Etat marocain sur ce sujet. Cela à conduit à la création d'une cellule PPP au sein de la DEPP. Nous avons par la suite poursuivi notre collaboration en identifiant des projets pilotes avec les ministères en charge des infrastructures publiques, notamment ceux de la santé et de l'éducation. Propos recueillis par Lamiae Boumahrou