Taha Jaidi, directeur de la stratégie chez Attijari Global Research, vient de se fendre d'une note de Recherche à ses clients, au titre pour le moins engagé : Pourquoi le marché actions est-il condamné à la hausse ? L'expert constate d'abord que "depuis le début de l'année 2019, les anticipations des investisseurs envers le marché boursier sont loin de faire l'unanimité". La communauté financière semble en effet partagée entre deux visions : D'une part, une reprise haussière mais sans conviction du marché Actions, justifiée par un environnement durable de taux bas. D'autre part, une évolution moins favorable de la Bourse en raison d'un contexte économique et sectoriel mitigé». Pour Jaidi, les indices de perception qualitatifs revêtent une importance stratégique dans ces conditions. "Ces derniers sont en mesure d'apporter des éléments de réponses additionnels nous permettant de mieux appréhender la réalité du marché marocain", explique-t-il.
4 raisons d'y croire Pour le stratégiste, force est de constater que la soutenabilité du contexte de taux bas au Maroc commence à modifier la perception du risque des investisseurs locaux. "L'émergence de plusieurs signaux en 2019 atteste clairement du renforcement de l'appétit pour le risque au sein du marché", souligne-il dans la note en évoquant quatre principaux signaux. Il y a tout d'abord l'AGR Indice de Confiance des Investisseurs en Bourse qui dispose d'un track-record avéré et qui affiche au T4-19 un plus haut de deux ans à 51,9 pts. Historiquement, le franchissement de la barre des 50 pts est un signe avant-coureur de la reprise du marché Actions. Deuxièmement, le critère de « rendement » semble prendre le dessus sur celui de la « cherté » des titres. "Dans ce sens, les réalisations semestrielles 2019 des grandes capitalisations rassurent quant à leur capacité de soutenir une tendance haussière du dividende et par conséquent, assurer un spread de rendement intéressant par rapport au marché obligataire", assure-t-il. Troisièmement, la prime de risque Actions prise en compte dans les modèles de valorisation, d'AGR en l'occurrence, est passée en décembre 2019 à un plus bas historique de 11 ans, soit à 5,8%. "Cette révision à la baisse des exigences de rentabilité des investisseurs devrait se traduire par une hausse technique des cours objectifs des titres d'environ 7,0%". Parallèlement, le taux de sursouscription des OPV en Bourse affiche une forte progression passant de 3,4x durant les périodes de forte aversion au risque à plus de 15,0x en 2019. Enfin, l'analyste s'intéresse en détail dans sa note au consensus des investisseurs sondés au T4-19 et qui plaide pour une stabilité du taux directeur de Bank Al-Maghrib d'ici la fin d'année, soit 63% de l'échantillon d'AGR. Il est à noter tout de même que 29% des investisseurs sondés anticipent une baisse du taux directeur en décembre 2019 dans le sondage AGR pour son dernier indice de confiance. À l'opposé, aucun investisseur ne prévoit une hausse de ce taux. "Ces résultats attestent selon nous, d'une conviction de plus en plus forte au sein de la communauté financière quant à la soutenabilité d'un environnement de taux bas au Maroc", conclut l'analyste qui maintient inchangé son objectif à 12.300 points pour le Masi, équivalent à un potentiel de hausse d'environ 5% au cours des prochains mois. Cet objectif avait été avancé une première fois en juillet 2019.