* 70 propositions ont été élaborées par la Fédération des technologies de l'information, des télécommunications et de l'offshoring afin d'accélérer le développement numérique du pays. * La Fédération a également identifié six grands chantiers prioritaires afin de permettre au Maroc de rattraper son retard.
Par M.D Depuis l'arrivée du gouvernement de l'alternance en 1998, le pays s'est doté de près de 16 stratégies dans le domaine du digital. Plusieurs données factuelles prouvent que les résultats ne sont pas encore à la hauteur des enjeux numériques du moment. Quelques données pour s'en convaincre : seules 30% des PME marocaines possèdent un site Internet. Le dernier classement de l'ONU en matière d'e-gov situe le Royaume loin derrière à la 110ème place. Le pays ne forme que 8.000 ingénieurs chaque année, sachant que 600 ingénieurs marocains font le choix de partir à l'étranger pour exercer leur métier dans des conditions davantage propices à leur épanouissement professionnel voire personnel. Face à cette situation qui commande la mise en place de solutions efficaces, la Fédération des technologies de l'information, des télécommunications et de l'offshoring (Apebi), challengée par le ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Economie verte et numérique, Moulay Hafid Elalamy (MHE), s'est attelée à être à l'élaboration d'une série de recommandations dans le cadre d'un Livre blanc. L'objectif étant de permettre au numérique de jouer le rôle qui lui revient dans le développement du pays en quête d'un nouveau modèle de transformation. «Une nouvelle stratégie est nécessaire à la veille de l'échéance du Plan Maroc digital 2020», constate Saloua Karkri-Belkeziz, présidente de l'Apebi, lors de la cérémonie de présentation des recommandations, rehaussée par la présence de MHE.
Satisfecit de la tutelle «Je suis agréablement surpris des recommandations de l'Apebi, l'élaboration d'un Livre blanc de ce genre est une première pour le secteur», se réjouit MHE qui a rappelé la nécessité de garder à l'esprit que le digital est au service et non au cœur du développement. Tenant le langage de vérité qui lui est connu, le ministre a concédé que le Maroc est en retard dans le domaine du digital mais, qu'il est possible de rattraper le gap en mettant en place des stratégies intelligentes, avec plus d'audace des entreprises technologiques. «N'attendez pas les appels d'offres publics pour proposer vos solutions. Faites la démarche inverse en suggérant au public des projets innovants. Ce qui peut faire gagner au pays des années d'avance dans le domaine de la transformation numérique», recommande le ministre, informaticien de formation. MHE a une parfaite connaissance du secteur pénalisé par la fuite des cerveaux. «Nous devons rendre notre pays davantage attractif et proposer aux jeunes informaticiens des conditions qui peuvent les retenir au Maroc après la fin de leurs études», propose-t-il.
12 recommandations prioritaires Au terme d'une enquête sur le terrain auprès de responsables issus du public et du privé, ce qui représente près de 40 heures d'entretien, l'Apebi a identifié six grands chantiers prioritaires. Il s'agit de positionner le secteur comme priorité dans les politiques publiques et la vision gouvernementale, d'accélérer la transformation digitale des institutions publiques, des entreprises et de la société civile et d'encourager l'innovation et la R&D. A cela s'ajoutent le renforcement du capital humain, la mise à niveau des infrastructures et la création d'un cadre de gouvernance efficient piloté par l'Agence de développement du digital (ADD), appelée à jouer un rôle plus important en fédérant tous les acteurs. Parmi les douze principales recommandations de la fédération, il y a lieu de citer l'accélération des efforts de digitalisation des services publics pour garantir la réussite du projet e-Gov, l'accompagnement du développement économique du secteur à travers une réforme innovante de la commande publique et le renforcement de l'offre de formation et positionner les technologies du digital comme une connaissance fondamentale dans le cursus scolaire et universitaire quelle que soit la filière. A noter également le soutien de l'alphabétisation digitale, la création des mécanismes de financement innovants pour le soutien des entreprises innovantes ainsi que l'élaboration d'un cadre réglementaire et fiscal favorable au développement du digital. A ce titre, l'un des grands enjeux est de contribuer à la démocratisation du digital dans la gestion quotidienne des TPE qui représentent l'essentiel du tissu économique.
Encadré : Smart Africa, le point d'orgue L'un des temps forts de la cérémonie a été l'adhésion du Maroc à Smart Africa. Cette alliance promeut les partenariats, l'esprit d'entreprise, la création d'emplois et le partage de connaissance. L'ambition étant d'accélérer l'évolution économique des technologies de l'information et de communication en Afrique. L'initiative africaine qui fédère désormais 30 pays membres représentés, se fixe comme objectif de hausser la compétitivité de l'Afrique à travers les nouvelles technologies de l'information dans l'économie du savoir et l'économie mondiale. Une ambition partagée avec l'Apebi qui représente le Royaume au sein de l'alliance africaine. A travers cette initiative, la Fédération projette d'accroître son implication et d'accélérer sa participation au développement socioéconomique africain.