L'urbanisation accélérée a engendré des transformations profondes, accompagnées de plusieurs dysfonctionnements. Pour réussir les plans de réaménagement du territoire, la tutelle veut impliquer tous les acteurs.
Par Charaf Jaidani
Dans certaines régions du globe surtout dans les pays émergents, l'essor démographique, économique et social connaît une évolution effrénée. Cela entraîne une croissance débridée des villes, qui dépasse parfois le rythme d'accompagnement et la supervision des pouvoirs publics. Réussir la transition vers des villes inclusives et durables, tel est le défi qu'essaient de relever les gouvernements et les acteurs locaux. Cependant, les politiques publiques, aussi ambitieuses soient-elles, demeurent fragiles si les populations et les sociétés civiles ne se les approprient pas. «C'est grâce à une planification efficiente, impliquant tous les acteurs concernés, qu'on sera en mesure de mettre en oeuvre des stratégies urbaines maîtrisées s'appuyant sur des objectifs affichés à la fois économiques, sociaux, culturels et environnementaux», indique Nouzha Bouchareb, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Politique de la ville. S'exprimant lors d'une rencontre organisée par la Fédération des Agences urbaines du Maroc, Majal, en collaboration avec ONU-habitat, avec comme objectif principal l'implémentation du nouvel agenda urbain, la nouvelle ministre a rappelé le contexte mondial marqué par une population majoritairement urbaine. «Ce sont avant tout dans les villes - particulièrement en Afrique - que les principaux défis seront à relever, en termes de stratégies urbaines mieux articulées aux politiques publiques nationales et locales, et de réduction de la fracture urbaine», souligne-t-elle. Le Maroc, à l'instar de plusieurs pays du monde, est confronté à une croissance démographique galopante, qui s'est accompagnée d'une urbanisation remarquable. Les villes et les centres urbains constituent aujourd'hui l'espace de vie de 65% des Marocains. Cette urbanisation accélérée a engendré des transformations profondes des territoires, accompagnées de plusieurs dysfonctionnements qui handicapent leur compétitivité. «Face à cet enjeu majeur, notre pays, et conformément aux hautes orientations royales, veille à la mise en oeuvre d'une politique publique volontariste ayant pour objectif majeur de développer des villes inclusives, productives, solidaires et durables. S'inscrivant dans ces orientations, notre ministère adopte une politique urbaine durable et inclusive axée sur le renforcement du développement humain et la cohésion sociale et spatiale», affirme Bouchareb.
Le défi africain Lors de cette rencontre, plusieurs intervenants ont mis l'accent sur la nécessité d'adapter la planification urbaine aux défis de l'urbanisation accélérée. Tous les acteurs concernés sont appelés à faire preuve d'innovation en vue de mettre en place de nouveaux outils à même de répondre aux enjeux complexes des territoires et d'accélérer l'implémentation de l'Agenda urbain conformément aux engagements du gouvernement. L'Afrique est le continent qui s'urbanise le plus rapidement, avec un taux de 7% par an en moyenne dans certains pays, notamment sur la façade atlantique et en Afrique australe. Dans ces régions, les villes vont doubler leur population tous les dix ans. «Nous devrons développer de nouveaux outils plus efficaces, plus innovants afin de mettre en exergue les principes de l'urbanisme durable. Cela consiste en un processus par lequel tous les acteurs collaborent en vue d'intégrer des considérations fonctionnelles, environnementales et qualitatives afin de concevoir et de planifier un environnement assurant à la population des lieux de vie et de travail sûrs, sains et de haute qualité, propres à susciter un fort sentiment d'appartenance, de solidarité, de citoyenneté, d'équité sociale, d'intégration et d'identité», explique Jean-Pierre Elong Mbassi, secrétaire général de Cités et gouvernements locaux unis d'Afrique (CGLU Afrique). Il est utile de rappeler le rôle joué par les agences urbaines en matière de planification territoriale afin de garantir la prise en compte des référentiels techniques développés par le gouvernement dans les différents documents. Ces derniers sont des outils importants pour encadrer et accompagner le développement durable de l'espace. «Le partenariat africain autour de la planification urbaine et territoriale est vivement salué. C'est un engagement collectif pour la mise en oeuvre du nouvel agenda urbain», affirme Amine Idrissi Belkassmi, président de la Fédération des agences urbaines du Maroc (Majal). «La diplomatie des villes est un cadre propice de réflexions et de conception. Le Maroc a toujours mis à la disposition des pays africains son expérience et son savoir-faire pour développer de nouveaux programmes de planification urbaine», ajoute-t-il. L'objectif visé par cette démarche est l'adoption d'instruments de planification urbaine et de cadres réglementaires en vue d'ériger de bonnes pratiques à l'échelle du continent, en s'inscrivant dans le cadre des relations entre Etats et de la coopération sud-sud.