La croissance économique dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) devrait se contracter légèrement en 2019 à 1,5 % contre 1,6 % en 2018, selon un nouveau rapport de la Banque mondiale, rendu public lundi à Washington. Malgré ce fléchissement, la situation devrait s'améliorer en 2020 et 2021, avec une reprise modeste respectivement de 3,4 et 2,7 %. Le dernier rapport de suivi de la situation économique dans la région MENA, une publication semestrielle de la Banque mondiale, affirme que la croissance attendue est tirée par les pays en développement importateurs de pétrole, comme l'Egypte, laquelle représente environ 8% du PIB de la région et dont la croissance devrait ressortir à 5,5 % en 2019 et se renforcer en 2020-21. Les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) devraient afficher une croissance de 2,1 % en 2019. Cette reprise en Egypte et dans les pays du CCG est à "imputer partiellement et indirectement aux réformes intérieures introduites". Mais le ralentissement attendu sur les principaux marchés d'exportation de la région MENA - l'Union européenne, les Etats-Unis et la Chine - aura des effets négatifs. "Nous invitons les gouvernements de la région MENA à engager des réformes ambitieuses", a déclare Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord, cité dans un communiqué de l'institution. "Les réformes visant à améliorer la productivité et à favoriser l'innovation et la concurrence deviennent urgentes. D'ici 2050, 300 millions de jeunes vont entrer sur le marché du travail dans ces pays. La région ne peut pas réussir sans démanteler les obstacles structurels à la croissance. Les pays qui ont su prendre des mesures difficiles pour réformer leurs politiques sont devenus les moteurs de la croissance économique régionale", a-t-il ajouté.
Exportateurs vs Importateurs de pétrole Selon le rapport, la modeste reprise attendue dans les années à venir ne réglera pas la faiblesse persistante des taux de croissance du PIB par habitant. Elle ne remédiera pas non plus aux déficits durables des comptes courants dans certains pays en développement de la région. Selon la Banque Mondiale, de nombreux pays importateurs de pétrole présentent un déficit commercial et courant importants depuis plus de dix ans. La situation a, en revanche, changé ces derniers temps pour les pays exportateurs, qui avaient longtemps affiché des excédents courants substantiels. La dégradation des soldes extérieurs a réduit la capacité de la région à faire circuler l'épargne depuis les pays exportateurs de pétrole à revenu élevé vers les économies en développement présentant un déficit courant persistant, en particulier depuis la restructuration mondiale du marché du pétrole en 2014. Le nouveau rapport de la Banque mondiale, intitulé: "Réformes et déséquilibres extérieurs : la voie de la productivité du travail au Moyen-Orient et en Afrique du Nord", plaide pour la poursuite urgente des réformes structurelles capables de renforcer la productivité globale du travail afin de stimuler la croissance et, dans le même temps, réduire les déséquilibres extérieurs dans la région. "Les pays MENA devraient a minima doubler leur taux actuel de croissance", souligne Rabah Arezki, économiste en chef de la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et l'Afrique du Nord et auteur principal du rapport, notant que "pour utiliser son potentiel inexploité, la région doit transformer ses économies, accentuer la contestabilité des marchés et avoir une approche visionnaire de l'économie numérique". Les déficits actuels excessifs des comptes courants doivent être résorbés progressivement, explique le rapport, sans attendre que la détérioration des flux de capitaux n'impose des renversements aux économies de la région MENA.