Plus une économie est bien gouvernée, plus le taux de la prime de risque à payer est moindre. Au Maroc, les investisseurs seront appelés à payer un taux de 41%. Au regard de ce taux élevé, le Royaume a un grand avantage à tirer de l'adoption des principes de bonne gouvernance. La bonne gouvernance reste toujours un sujet dactualité. Et pour cause: les résultats de l'étude sur la gouvernance d'entreprise au Maroc, initiée par la Fondation CGEM (Confédération générale des entreprises marocaines), avec le soutien du CIPE ( Center for international private entreprise), ne sont guère réjouissants. Et comme un malheur ne vient jamais seul, les différents rapports publiés récemment sur le Maroc (Mckinsey, Banque mondiale...) indiquent que le Maroc est à la traîne sur plusieurs niveaux. Bien que cette étude soit essentiellement focalisée sur les décideurs, il n'en demeure pas moins qu'elle est assez révélatrice. L'objet de l'étude s'inscrit d'ores et déjà dans l'évaluation du contexte juridique et institutionnel ainsi que la pratique de la gouvernance dans les entreprises par rapport aux textes en vigueur et aux normes et codes internationaux. Comme l'a expliqué dans cette étude Mustapha El Baz, responsable du Cabinet FOCS, le concept de gouvernance se réfère aux relations entre la direction d'une entreprise, son conseil d'administration, ses actionnaires et ses parties prenantes. Elle détermine, par ailleurs, la structure qui définit les objectifs d'une entreprise, ainsi que les moyens mis en uvre pour les atteindre et assurer une surveillance des résultats obtenus. Un taux bien élevé Conformément aux règles de bonne gouvernance, un gouvernement d'entreprise de bonne qualité est celui qui incite le conseil d'administration à poursuivre des objectifs conformes aux intérêts de la société et de ses actionnaires et faciliter ainsi une surveillance effective des résultats obtenus. La mauvaise gouvernance a un surcoût pour les entreprises et la collectivité. Une telle affirmation ne date pas d'aujourd'hui. Elle a été confirmée en 2002 par le cabinet Mckinsey. La bonne gouvernance conditionne directement le climat d'investissement d'un pays déterminé. De fait, pour une économie bien gouvernée, les investisseurs sont prêts à payer une prime de risque, variable selon les pays. Cette prime est de 12 à 15% pour l'Amérique du Nord, 10 à 25% pour l'Amérique Latine et plus de 30% pour l'Europe de l'Est et l'Afrique. Pour le Maroc, elle est particulièrement élevée, soit 41%. Ce taux met en exergue les difficultés qu'éprouve le Royaume à faire drainer le maximum d'investissements. Notre pays a donc un grand avantage à tirer de l'adoption des principes de bonne gouvernance. Les insuffisances révélées par l'étude peuvent être résumées selon trois axes essentiels. Dabord, celles concernant les inadéquations relatives à l'environnement juridique et institutionnel. Que faire ? Viennent ensuite les carences au niveau des opérateurs institutionnels impliqués dans la gouvernance en raison, semble-t-il, de l'insuffisance de leur latitude et leurs pouvoirs. Et enfin, les décalages entre les textes et la pratique de gouvernance, en raison de l'insuffisance de culture en matière de gouvernance dans le monde des affaires ainsi que des traditions dans la pratique de direction, de gestion et de contrôle. A la lumière des constats de l'étude, les recommandations peuvent être regroupées selon deux niveaux. En premier lieu, celles spécifiques au cadre législatif et institutionnel sur la base des principes de l'OCDE en matière de gouvernance d'entreprise, tels que révisés en 2004 (droits des actionnaires, traitement équitable des actionnaires, transparence et diffusion de l'information...). Les autres recommandations sont liées à la promotion d'une culture de bonne gouvernance spécifique au Maroc. Il s'agit, à cet égard, de mettre sur pied un code national de bonnes pratiques en matière de gouvernance d'entreprise, inspiré des principes de l'OCDE. La vulgarisation des textes en relation avec la bonne gouvernance ainsi que l'élaboration d'une charte de l'administrateur sont aussi à ne pas négliger. A la lumière d'une libéralisation sans cesse accrue, il va de soi que le Maroc est appelé à prendre en compte ces recommandations. L'Administration demeure pointée du doigt à cause de son déphasage avec les impératifs de la compétitivité.