S'il y a une réforme qui est très urgente, c'est évidemment celle de la Caisse de compensation. Tous les politiques et observateurs semblent d'accord sur la nécessité d'initier un système plus équitable et plus ciblé. Car le système actuel a montré ses limites. Et les chiffres militent, à ce titre, pour la mise en place d'une réforme profonde et urgente. En effet, la charge de compensation s'alourdit d'année en année, passant de près 4 milliards de DH en 2002 à environ 49 milliards en 2011, soit respectivement 0,9% et 6,1% du PIB. Avec des hydrocarbures qui restent le poste le plus budgétivore, engloutissant 84% du montant total des subventions. Ce trend haussier s'est poursuivi cette année, d'autant que, selon les prévisions du ministère de l'Economie et des Finances (MEF), la charge globale de compensation au titre de l'année 2012 pourrait atteindre 53 milliards de DH. Mais, visiblement, le gouvernement a décidé de tirer le frein à main, manifestant l'ambition de maintenir la charge de compensation autour de 45,9 – 49,3 Mds de DH, en fonction d'un cours du pétrole brut de 105-110 dollars le baril. Jouable ? Pas évident. Surtout dans un contexte économique international marqué, globalement, par la flambée des cours des matières premières en raison de tensions géopolitiques qui minent certaines régions. Mais, à n'en pas douter, le défi majeur du gouvernement Benkirane sera de ne pas faire de la réforme de la Caisse de compensation qu'une simple clause de style. Autrement dit, passer à l'acte maintenant qu'un consensus s'est dégagé sur la nécessité d'un soutien ciblé au profit des couches pauvres et vulnérables. Pour cela, il faudra véritablement avoir un certain courage politique et, surtout, avoir la carapace dure pour affronter les lobbies soucieux de bénéficier indûment du système actuel. Il faudra donc être autrement plus téméraire que les précédents gouvernement qui se sont essayé à cette réforme. Autant dire que cette tâche est loin d'être une sinécure. Néanmoins, quitte à être impopulaire, il faudra s'y atteler. Faute de quoi, le déficit budgétaire ira en s'aggravant. Et, comme le dit le MEF, «les dépenses de la compensation continueront de peser lourdement sur le budget de l'Etat, pour la période 2013-2016, et si aucune mesure n'est prise, la charge prévisionnelle de compensation pourrait atteindre plus de 200 milliards de DH contre près de 123 milliards au titre de la période 2009/2011».