Londres, 13 novembre (Reuters) - Les voitures électriques et le développement de carburants plus propres réduiront la demande de pétrole plus fortement que prévu d'ici 2040, mais le monde court toujours le risque d'une pénurie si les investissements dans la production sont insuffisants, a déclaré mardi l'Agence internationale de l'Energie (AIE). La demande mondiale de pétrole ne devrait pas atteindre son pic avant 2040, indique l'organisation basée à Paris dans son rapport annuel sur les perspectives du marché.
Selon le scénario central de l'AIE, la demande devrait augmenter d'environ un million de barils par jour (bpj) en moyenne chaque année jusqu'en 2025 puis ce rythme de hausse se stabilisera à 250.000 bpj jusqu'en 2040, année qui verra la demande culminer à 106,3 millions de bpj.
"Dans ce scénario, la demande en 2040 a été révisée à la hausse de plus d'un million de barils par jour par rapport aux perspectives de l'an dernier, en raison notamment de la croissance plus rapide à court terme et des changements apportés aux politiques américaines en matière d'efficacité énergétique", explique l'agence dans son 2018 World Energy Outlook.
L'agence estime qu'il y aura environ 300 millions de véhicules électriques sur les routes d'ici 2040, une prévision inchangée par rapport à l'an dernier. Mais elle s'attend maintenant à ce que ces véhicules réduisent la demande mondiale de 3,3 millions de bpj, au lieu d'un impact estimé à 2,5 millions de bpj dans le rapport de 2017.
"(...) Les mesures d'efficacité (énergétique) auront un impact encore plus important : l'amélioration de l'efficacité du parc de voitures non électriques permettra d'éviter plus de neuf millions de bpj de demande de pétrole en 2040", écrit l'AIE.
La demande de pétrole pour le transport routier devrait atteindre 44,9 millions de bpj d'ici 2040, contre 41,2 millions de bpj en 2017, tandis que la demande industrielle et pétrochimique totaliserait 23,3 millions de bpj à cet horizon, contre 17,8 millions de bpj en 2017.
La croissance de la demande mondiale de pétrole proviendra en totalité des économies en développement, Chine et Inde en tête, alors que la demande dans les économies avancées devrait se contracter de plus de 400.000 bpj en moyenne chaque année jusqu'en 2040, selon l'AIE.
L'AIE, qui conseille les gouvernements occidentaux en matière de politique énergétique, a maintenu ses prévisions concernant l'évolution du parc automobile mondial d'ici 2040, à savoir une hausse de 80% par rapport à aujourd'hui, à deux milliards de véhicules.
S'agissant de l'offre, les Etats-Unis, qui sont déjà le premier producteur mondial, devraient réaliser l'essentiel de la croissance de la production d'ici 2025 avec une hausse de 5,2 millions de bpj attendue par rapport au niveau actuel d'environ 11,6 millions de bpj.
L'AIE anticipe ensuite un déclin de la production américaine à partir de 2015, ce qui se traduira par une hausse de la part de marché de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à 45% d'ici 2040 contre environ 30% actuellement.
Que la demande atteigne ou non un pic, de nouvelles sources d'approvisionnement seront nécessaires, souligne le rapport.
"L'analyse montre que la consommation de pétrole va augmenter dans les prochaines décennies, en raison de la hausse de la demande de l'industrie pétrochimique, du transport routier de marchandises et de l'aviation. Mais pour répondre à cette croissance à court terme il faudra doubler le nombre d'approbations de projets pétroliers conventionnels par rapport à leurs faibles niveaux actuels", a déclaré le directeur exécutif de l'AIE, Fatih Birol.
"Sans une telle reprise de l'investissement, la production américaine de schiste, qui a déjà augmenté à un rythme record, devrait ajouter plus de 10 millions de bpj d'ici 2025, soit l'équivalent de l'ajout d'une autre Russie à l'offre mondiale de brut en l'espace de sept ans - ce qui serait un exploit sans précédent dans l'histoire."