* Prévisions 2018 et 2019 revues en baisse de 0,2 point * La croissance du commerce mondial continuerait de ralentir * La guerre commerciale coûtera jusqu'à 0,4 point de croissance PARIS, 9 octobre (Reuters) - Le Fonds monétaire international a revu, à son tour, en baisse ses prévisions de croissance pour l'économie mondiale sur fond de montée des incertitudes liées aux tensions commerciales et à la situation de certains pays émergents. Si la croissance régulière amorcée mi-2016 se poursuit, elle est "devenue moins équilibrée et pourrait avoir atteint son pic dans certaines grandes économies", avertissent ses économistes dans leurs perspectives économiques d'automne publiées mardi. Ils soulignent que certains des grands risques identifiés en début d'année, au premier rang desquels "la hausse des barrières douanières et l'inversion des flux de capitaux des pays émergents dont les fondamentaux économiques s'affaiblissent et où le risque politique monte, sont devenus plus prononcés ou se sont matérialisés en partie". Pour ces raisons, le FMI table sur une croissance globale stabilisée à 3,7% en 2018 comme en 2019, soit le même rythme qu'en 2017 et 0,2 point de moins qu'il ne l'escomptait encore mi-juillet. Il rejoint ainsi les dernières prévisions mondiales de l'OCDE, ramenées elles aussi à 3,7% pour cette année et la prochaine. Parallèlement, le Fonds abaisse une nouvelle fois ses prévisions de croissance du commerce mondial en volume, à 4,2% cette année puis 4,0% en 2019, soit respectivement 0,6 et 0,5 point de moins par rapport à ses attentes de juillet, elles-mêmes déjà sensiblement plus faibles qu'en début d'année. Il estimait cet été que le PIB mondial pourrait être amputé de l'ordre de 0,5 point à l'horizon 2020 si les menaces de hausses de droit de douanes de l'administration Trump et de représailles des pays visés étaient suivies d'action.
LE PROTECTIONNISME COÛTERA 1 POINT AU PIB US Le FMI évoque cette fois un impact négatif à long terme de l'ordre de 0,4 point sur le niveau du PIB. Les Etats-Unis, avec un point de moins, seraient les plus touchés avec leurs partenaires de l'Alena (Canada et Mexique), dont la richesse nationale perdrait 1,5 point. Le manque à gagner pour la Chine serait de 0,5 point, le Japon (-0,2 point) et la zone euro (-0,1 point) limitant les dégâts. En attendant, par rapport à cet été, la révision en baisse des perspectives de croissance est limitée pour les pays développés - inchangée à 2,4% pour 2018 et en baisse de 0,1 point à 2,1% pour 2019. Le FMI table toujours sur un PIB américain en hausse de 2,9% cette année, grâce au soutien de la politique budgétaire de l'administration. Mais il voit sa progression ralentir à 2,5%, contre 2,7% prévu jusqu'ici, l'an prochain sous l'impact de la guerre commerciale initiée par la Maison blanche. Elle tomberait à 1,8% en 2020, avec l'atténuation de l'effet des baisses d'impôt. Pour la zone euro, le Fonds n'anticipe plus que 2,0% de croissance cette année, 0,2 point de moins que précédemment, mais escompte toujours 1,9% en 2019. Les plus fortes révisions concernent l'Allemagne (1,9% en 2018 comme en 2019, soit -0,3 et -0,2 point) et la France (1,6% les deux années, soit -0,2 et -0,1 point). Les prévisions pour le Royaume Uni sont confirmées (1,4% en 2018 puis 1,5% en 2019) et celles pour le Japon modifiées à la marge (1,1% puis 0,9%).
REVISION PLUS MARQUEE POUR LES EMERGENTS S'agissant des pays émergents, le FMI révise ses perspectives à la baisse de 0,2 point cette année et 0,4 l'an prochain pour une croissance annuelle qui se stabiliserait à 4,7%. Il voit notamment la croissance chinoise ralentir à 6,2% (-0,2 point) en 2019 après 6,6% (inchangé) en 2018 sous l'effet des tensions commerciales. Dans le même temps, l'économie argentine, que le Fonds voyait croître de 2,0% cette année dans ses prévisions de printemps, connaîtrait une récession marquée (-2,6%) qui se poursuivrait en 2019 (-1,8%) en raison de la crise qui a conduit le pays à faire appel à nouveau à l'aide du FMI. Autre pays en pleine tourmente financière, la Turquie verrait sa croissance divisée par deux cette année, à 3,5%, puis plonger à 0,4% l'an prochain avec une inflation à 15% et plus. Au-delà de ces prévisions de court terme, le FMI juge que, avec la fermeture des écarts de production et la normalisation des politiques monétaires, l'activité dans les économies avancées devrait retrouver son rythme de croissance potentielle. Or celle-ci se situe bien en dessous des niveaux d'avant crise, d'où l'urgente nécessité de mettre en oeuvre des réformes structurelles qui permettent de la renforcer, et ce de manière inclusive et coopérative, le FMI liant la montée du protectionnisme au partage inéquitable des fruits de la croissance. "Sans politiques plus inclusives, le multilatéralisme ne peut survivre. Et sans multilatéralisme, le monde sera plus pauvre et plus dangereux", écrit Maurice Obstfeld, chef économiste sortant du FMI, en conclusion de son introduction à ces perspectives trimestrielles. (Yann Le Guernigou, édité par Marc Joanny) Reuters