Le Fonds monétaire international (FMI) a revu lundi une nouvelle fois en baisse ses prévisions de croissance pour l'économie mondiale en raison d'un moindre dynamisme de l'activité au deuxième semestre 2018, de la dégradation du sentiment sur les marchés financiers mais aussi de l'attente d'une contraction plus forte que prévu de l'économie turque. Ces prévisions ont été dévoilées au forum économique mondial (WEF) qui s'ouvrira officiellement mardi à Davos en Suisse. Les économistes du FMI anticipent désormais une croissance mondiale de 3,5% cette année et de 3,6% en 2020 soit respectivement 0,2 point et 0,1 point de moins que dans leurs perspectives économiques d'automne, publiées en octobre. Ils préviennent que les biais baissiers entourant ces prévisions prédominent, du fait notamment des risques associés aux tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, de ceux concernant les modalités de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (Brexit) et de l'éventualité d'un ralentissement plus marqué qu'attendu de l'économie chinoise. «La première priorité que les pays devraient partager est de résoudre de manière coopérative et rapide leurs désaccords commerciaux et l'incertitude qui en résulte plutôt que d'augmenter encore des barrières néfastes et de déstabiliser une économie mondiale déjà en ralentissement», plaide le FMI. Il confirme sa prévision d'une croissance en volume du commerce mondial de 4% cette année comme en 2018 et table sur la même progression en 2020 (-0,1 point par rapport aux prévisions d'octobre).
Zone euro, USA et émergents L'abaissement de la prévision de la croissance mondiale pour cette année résulte en grande partie de celle de la zone euro qui enregistrerait une croissance de 1,6% l'année prochaine. La révision est de 0,3 point à 1,6%, sous l'effet d'un recul de 0,6 point pour l'Allemagne à 1,3% et de 0,4 point pour l'Italie à 0,6%. L'économie allemande a été pénalisée par un affaiblissement de la demande privée et par l'impact sur la production industrielle des nouvelles normes de certification dans l'industrie automobile, explique le FMI. Concernant l'Italie, l'organisation internationale pointe la faiblesse de la demande intérieure et la hausse des coûts de financement liée à celle des taux souverains. La prévision de croissance pour la France n'est en revanche révisée en baisse que de 0,1 point, à 1,5%, en dépit du mouvement des «Gilets jaunes» et d'autres mouvements sociaux. Le FMI maintient toutefois ses prévisions de croissance 2020 pour les trois principales économies de la zone euro comme pour le bloc dans son ensemble et table sur une expansion du produit intérieur brut de 1,6% en Allemagne comme en France et de 0,9% en Italie. Les prévisions de croissance pour les Etats-Unis sont inchangées par rapport au mois d'octobre, à 2,5% pour cette année et 1,8% pour l'année prochaine. Le ralentissement qu'elles impliquent reste motivé par l'atténuation de l'effet des baisses d'impôt et la perspective d'un objectif des fonds fédéraux qui dépasserait temporairement le taux neutre, soit le taux directeur qui ne freine ni ne stimule l'activité, en dépit du ralentissement attendu du resserrement monétaire par la Réserve fédérale. S'agissant des pays émergents, le FMI révise sa prévision de croissance à la baisse de 0,2 point pour cette année à 4,5% et la confirme à 4,9% pour l'année prochaine. Il maintient sa prévision d'une croissance de l'économie chinoise à 6,2% en 2019 comme en 2020, après 6,6% en 2018.