En 2017, le Maroc a dépassé pour la première fois la barre des 11 millions de touristes. Pourtant, c'est loin d'être un exploit à la lumière des objectifs fixés dans la Vision 2020.
Hériter du département du tourisme à trois pavés de l'échéance 2020, voilà un cadeau bien empoisonné. Et ce d'autant plus difficile quand on prend le relais d'un ministre ayant figuré sur la liste noire du Roi. Et pour cause, le secteur, qui était jusqu'à une date récente le fleuron de notre économie sous l'impulsion de la Vision 2010 qui a mobilisé opérateurs publics et privés, a perdu de sa superbe enregistrant des résultats bien timides. Pourtant, ce secteur dispose d'un programme sectoriel, la Vision 2020, présentée devant le Roi le 30 novembre 2010 à Marrakech et visant à hisser le Maroc parmi les destinations touristiques mondiales les plus prisées. En objectifs chiffrés, cette Vision devait en principe permettre de doubler la taille du secteur, en arrivées, en capacités d'hébergement, en création d'emplois, accroître les recettes touristiques à 140 milliards de DH en 2020 et, surtout, augmenter de deux points la part du PIB touristique dans le PIB national pour atteindre près de 150 milliards de DH. Selon le compte satellite du tourisme de 2016 du HCP, le PIB du tourisme ne dépasse pas les 67 milliards de DH ! Il est également réducteur de restreindre le secteur aux arrivées. En effet, le tourisme occupe une place importante en tant que source génératrice de devises du Royaume à côté des transferts des Marocains résidents à l'étranger. Aussi, les recettes générées par les non-résidents ayant séjourné au Maroc se sont situées en 2016 (hors transport international) à près de 63,2 milliards de dirhams. Ces recettes en devises représentent près de 19% des exportations des biens et services et le solde de la balance des voyages a couvert 27% du déficit de la balance commerciale en 2016. C'est dire qu'il s'agit d'un secteur vital qui était presque à la dérive !
Oubliez la Vision 2020
Maintenant que le compte à rebours a commencé, faut-il espérer rattraper un tant soit peu le retard cumulé durant toutes ces années. Pas si sûr! En effet, contacté par nos soins, Mohamed Sajid explique d'emblée que la Vision instituée est ambitieuse ! «Aujourd'hui, nous sommes loin des chiffres qui étaient annoncés il y a quelques années. Je pense qu'il faut être pragmatique et réaliste. Il y a une nette amélioration du secteur et vous le voyez à travers les grands paramètres qui sont là, aussi bien en termes de nombre d'arrivées que du nombre de nuitées, mais également en termes de participation sur les devises rapatriées», explique le ministre. A rappeler que le nombre des arrivées de touristes aux postes frontières pendant le mois de novembre 2017 a progressé de 16,3% par rapport à novembre 2016, les nuitées de 12% et les recettes de 24%, atteignant 5,3 milliards de DH. Sur les 11 mois de 2017, les arrivées ont évolué de 10%, les nuitées de 15% et les recettes de 6,6% (64,4 milliards de DH contre 60,4 milliards de DH pour la même période de 2016).
L'aérien, piste de secours
Face à l'état actuel des choses, le département essaye de sauver ce qui peut l'être. D'ailleurs, le ministre appelle au pragmatisme et tente de relever des défis liés au secteur, notamment l'amélioration du taux de remplissage des capacités litières dont dispose le Maroc. «Nous travaillons grâce au levier que constitue aujourd'hui le transport aérien», précise le ministre. M. Sajid tente d'attirer un maximum de transporteurs étrangers pour desservir les grandes destinations touristiques du Royaume. ■